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Laurette Onkelinx: "Nous espérons pouvoir faire un gouvernement sans la N-VA"

Laurette Onkelinx, présidente du PS bruxellois, a répondu aux questions de Fabrice Grosfilley ce lundi matin dans la matinale Bel RTL.

Laurette Onkelinx, ce matin, c'est la gueule de bois d'avoir été sanctionné par l'électeur, ou c'est le soulagement pour le PS de rester premier parti à Bruxelles et en Wallonie ?

"C'est d'abord une infinie tristesse de voir la société belge à ce point divisée, peut-être comme elle ne l'a jamais été, entre francophones et néerlandophones, mais aussi au sein des néerlandophones, des Flamands, on sent presque deux blocs, à égalité entre ceux qui d'une part veulent l'éclatement du pays et les autres".

Vous visez le Vlaams Belang et la N-VA ?

"Ils veulent l'éclatement du pays, tous les deux, dans leur programme".

Vous l'aviez vue venir cette percée du Vlaams Belang, ou c'est une surprise ?

"A ce point, c'est une surprise. Après coup, tout le monde dit, on s'en doutait, non, on se doutait qu'ils allaient continuer à progresser, puisque la N-VA, pendant toute la législature, a légitimé le discours du Vlaams Belang, mais à ce point-là, c'est une gifle démocrate".

Il y a eu une double exclusive prononcée du PS contre la N-VA, disant, 'nous n'irons pas dans un gouvernement avec eux', et inversement, de la N-VA contre les écologistes et les socialistes, disant 'nous n'irons pas dans un gouvernement avec eux'. Est-ce que cette double exclusive, quand on voit le score du Vlaams Belang, elle tient toujours ce matin ?

"Je veux être très claire : on tient le même discours après les élections qu'avant, notamment sur la N-VA. Encore faut-il qu'elles soient contournables, sinon, il n'y a plus de pays".

Ça veut dire que vous pouvez mettre de l'eau dans votre discours ?

"Non, ce n'est pas ça que je dis, je dis que nous restons sur notre discours, très clair. D'abord, nous voulons des coalitions au niveau régional les plus progressistes possibles, et au fédéral aussi. Mais nous espérons véritablement que l'on pourra faire un gouvernement sans la N-VA, c'est-à-dire qu'au niveau des chiffres, de la mathématique, que la N-VA soit contournable".

Les chiffres, ils vous démentent ce matin, il n'y a pas beaucoup de solutions possibles pour contourner la N-VA, si ce n'est d'imaginer que quatre familles politiques aillent contourner, ensemble, la N-VA, c'est quand même difficile à mettre en place…

"Je ne partage pas votre conviction. Vous évoquez une situation où il y a une majorité dans le groupe flamand à la Chambre. Vous le savez, cela n'est pas imposé. Par exemple, dans ce gouvernement MR-N-VA qui vient véritablement d'être giflé par les élections, le groupe francophone était minoritaire".

Vous allez convaincre des partis flamands de monter dans un gouvernement sans la N-VA où les Flamands seraient minoritaires, alors que le CD&V et l'Open VLD viennent d'être sanctionnés par l'électeur ?

"Je dis tout simplement que c'est possible, encore faut-il qu'il y ait une possibilité de contourner la N-VA".

L'intérêt pour les francophones, c'est d'aller vite et d'avoir des gouvernements régionaux qui fonctionnent, puisqu'on risque de s'enfoncer dans la crise au niveau fédéral, ou c'est de prendre son temps et d'essayer d'avoir une solution globale qui inclut le fédéral ?

"Je dirais, d'une manière prudente, que c'est un petit peu entre les deux. Je crois qu'on va commencer dès cette semaine les consultations. Le PS, qui est la première famille politique du pays, mais qui est première aussi à la région wallonne et en région bruxelloise, va prendre l'initiative. Elio Di Rupo va le faire, il l'a dit, pour la Wallonie et la Fédération Wallonie-Bruxelles, et je vais le faire pour ce qui concerne Bruxelles, dès cette semaine. A partir de mercredi, on entame les consultations".

"D'un autre côté, devant une situation qui est quand même extrêmement compliquée, il est normal que nous puissions regarder ce qui se passe au niveau fédéral, pour empêcher de nouveau, l'éclatement du pays".

C’est-à-dire qu'on ne se précipite pas pour faire des majorités régionales ?

"On ne se précipite pas, mais d'autre part, on ne va pas non plus empêcher ces régions d'avoir un gouvernement assez rapidement".

Il y a déjà eu des contacts, entre présidents de partis, cette nuit ?

"Non, pas encore, en plus, au niveau du PS, nous attendons évidemment le bureau qui aura lieu à 15 heures aujourd'hui".

Le PS est premier parti, il a donc la main. Celui qui progresse, c'est évidemment Ecolo, le PTB progresse également. Vous avez le choix entre le cœur et la raison. Le cœur, c'est de se dire, Ecolo a progressé, c'est un vainqueur, et c'est celui avec qui on a le plus de proximité avec le programme, et le choix de la raison, c'est le MR, qui est quand même devant Ecolo en Wallonie, et à la Chambre, il représente un plus gros contingent. Vous choisissez le cœur ou la raison? Ou vous vous dites, on peut prendre le cœur et la raison, Ecolo et le MR ?

"C'est comique, mon premier slogan de campagne quand j'ai commencé en politique, c'était, "le cœur et la raison". Oui, moi je l'ai dit, que je voulais le gouvernement le plus progressiste possible, je reste sur cette position. Et il est clair que je commencerai les consultations avec Ecolo".

Donc Ecolo à Bruxelles… Ce sera la même chose en Wallonie ?

"Je dis que je commence les consultations avec Ecolo, ce qui est tout à fait normal, puisque de toute façon, à Bruxelles, après le PS, la première famille politique à avoir gagné, c'est Ecolo".

Est-ce qu'Elio Di Rupo suivra le même chemin en Wallonie ?

"Je dis, un, il y a une gifle pour le gouvernement MR-N-VA au fédéral. Au niveau régional, il y a une possibilité de faire des gouvernements progressistes, c'est mon choix. Mais il faut d'abord faire des consultations, et c'est en fonction de ces consultations, des possibilités de programme, que l'on verra ce qui est possible ou ce qui ne l'est pas".

Vous allez consulter le PTB ou c'est juste pour la forme ?

"On va consulter, comme je l'ai fait en 2014".

Ils pourraient monter dans un gouvernement régional ?

"Ma conviction, c'est qu'ils ne le feront pas, mais nous consulterons comme je l'ai fait en 2014".

Les socialistes PS et s.pa sont la première famille politique à la Chambre, ça veut dire que vous pourriez revendiquer le poste de premier politique, s'il y avait demain un gouvernement, et si la famille socialiste en faisait partie ?

"Ça ne se passe pas comme ça. Comme vous le savez, c'est le roi qui a l'initiative, il y a un formateur qui voit ce qui est possible, et ce qui ne l'est pas".

Ce sera le tour d'Elio Di Rupo, de Paul Magnette, ou le tour d'un néerlandophone ?

"Je pense que le président du parti a confirmé aujourd'hui sa très grande popularité, il a aussi confirmé que le travail qu'il a réalisé pour que la famille politique socialiste soit la première en Belgique, a connu un succès, et Paul Magnette, vous avez vu son résultat qui est totalement extraordinaire, et tant mieux. Ils sont ensemble, côte à côte".

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