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La Wallonie débordée par des primes habitations très complexes: Yvan n'a encore rien reçu et a dû... mettre ses travaux en pause

Comptez un délai 6 à 9 mois pour le traitement d’une demande de prime d’habitation. La faute aux nouvelles procédures en vigueur depuis le 1er juin 2019. Résultats: les sommes tardent à être versées, et en plus il faut attendre le dossier pour continuer les travaux. Un Wallon témoigne.

Yvan, 55 ans, entreprend des travaux d’isolation et d’économie d’énergie au cours de l’année 2021. Il investit dans une pompe à chaleur, de nouveaux vitrages, de nouveaux châssis… le tout pour 40.000 euros. Grâce aux primes versées par la région, il espère pouvoir réinvestir la somme obtenue pour refaire sa toiture.

Comme le prévoit la procédure, et avant de démarrer tout type de chantiers, Yvan fait venir un auditeur agréé à son domicile. Son rôle est notamment de déterminer dans quel ordre seront effectués les travaux. Une opération qui vaut à Yvan de débourser 1000 euros de plus. Une facture "obligatoire", mais qui ne sera pas prise en charge. "Ce n’est pas rien, juste pour un rapport", commente-t-il amèrement.

À la suite de ça, son dossier, donc sa demande de primes, est déposé en octobre dernier. Depuis lors, plus rien. Il tente alors de joindre la région, "et là, c’est la douche froide. On me répond qu’il y aurait 1 an de retard dans les délais de remboursement", raconte l’ancien chef d’entreprise, qui nous a contactés via le bouton orange "Alertez-nous".

Conséquence: Yvan se retrouve dans une situation difficile. "Est-ce que je dois faire un crédit, car mes dossiers sont en retard ?", se demande le quinquagénaire qui a entretemps perdu son emploi.

Des nouvelles procédures qui complexifient le traitement des dossiers

La Région wallonne prend en charge jusque 70% du prix des travaux. Depuis 2019, le montant du remboursement dépend de trois conditions principales:

  • Les revenus du demandeur
  • Le montant de la facture
  • Les performances énergétiques de l’habitation une fois les travaux effectués

Selon Nicolas Yernaux, porte-parole du Service public de Wallonie (SPW), c’est ce dernier point qui vient compliquer le traitement des demandes: "L’ancien régime de primes calculait le remboursement en fonction du nombre de mètres carrés. Aujourd’hui, le calcul est réalisé sur base des kilowattheures économisés dans le cadre de ces travaux", explique-t-il. Un montant plus difficile à mesurer en raison de la diversité des matériaux utilisés, ajoute le porte-parole: "Entre une laine de roche d’une certaine marque et une autre d’une marque concurrente, on va parfois avoir une économie d’énergie qui est différente. En termes de calcul, c’est beaucoup plus complexe".

Et en plus, il faut attendre !

Ce nouveau régime de primes en vigueur comprend une difficulté supplémentaire: les dossiers sont aujourd’hui gérés par "bouquets de travaux" comme l’explique le SPW sur son site internet: "Pour bénéficier des primes, les travaux doivent être réalisés en suivant l’ordre des bouquets de travaux prévus dans le rapport d’audit établi", peut-on lire ici

Autrefois, un dossier était introduit pour un certain type de travaux. Aujourd’hui, la majorité d’entre eux sont réunis en un seul dossier, et doivent donc être effectués en même temps.

Pour cette raison, Yvan ne peut pas poursuivre la réalisation de ses travaux, dont le bouquet a été au préalable déterminé par l’auditeur. "C’est tout de même embêtant, il y a des échafaudages qui traînent à droite à gauche. On aimerait bien être tranquille…", souffle-t-il, las de cette situation.

Une procédure qui prend 2 fois plus de temps

Ces changements induisent une charge de travail conséquente pour l’administration qui s'occupe de traiter ces demandes. "Un dossier actuel prend deux fois plus de temps au minium que les dossiers d’autrefois", explique Nicolas Yernaux. Aussi, pour les primes d’habitation, comptez un délai de 6 à 9 mois. Depuis juin 2019, 5.000 dossiers ont été introduits. À l’heure actuelle, seulement 55% de ces demandes ont été traitées.

"On demande à l’usager un peu de patience, mais les perspectives sont positives quant à la gestion des dossiers", tente néanmoins de rassurer le porte-parole.

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