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La prison de Guantanamo restera ouverte encore 25 ans au moins

La prison de Guantanamo, qui abrite notamment des détenus accusés d'avoir participé aux attentats du 11-Septembre, se prépare à rester ouverte pendant encore au moins 25 ans.

Nous devons "nous assurer que nos installations peuvent durer 25 ans", a déclaré à quelques journalistes l'amiral John Ring, commandant de la force opérationnelle interarmées qui gère le centre de détention controversé.

A la suite du décret du président Donald Trump sur le maintien en fonctions de la prison, "on nous a dit que nous serions là pendant 25 ans ou plus", a-t-il ajouté au cours d'une des visites de presse régulièrement organisées par l'armée américaine dans cette enclave américaine à la pointe sud-est de l'île de Cuba, pour montrer qu'elle traite humainement ses prisonniers.

M. Trump a décidé fin janvier de garder Guantanamo ouvert, rompant totalement avec les tentatives répétées et finalement vaines de son prédécesseur Barack Obama de fermer cette prison décriée par les défenseurs des droits de l'homme, ses détenus n'étant pas jugés par des tribunaux civils mais par des commissions militaires. Leurs cas ont soulevé des contestations judiciaires et des délais interminables.

Mais le président américain a signé un décret ordonnant au Pentagone de "maintenir ouvertes les installations carcérales de Guantanamo Bay".

Peu après, "le Pentagone nous a envoyé un mémo nous disant: soyez prêts à rester ouverts pendant 25 ans ou plus", a précisé l'amiral Ring à l'AFP.

Ouvert en 2002 peu après l'arrestation des premiers jihadistes dans le cadre de l'intervention américaine en Afghanistan après les attentats du 11-Septembre, le centre de détention a abrité jusqu'à 780 prisonniers.

- Encore 40 détenus -

Il n'en reste plus que 40, âgés de 37 à 71 ans. Le Yéménite Ali Hamza Ahmad al-Bahlul, un lieutenant d'Oussama ben Laden, a été condamné à perpétuité. Un autre attend sa sentence, qui doit être prononcée à l'été 2019, et 26 autres sont considérés comme trop dangereux pour être libérés.

Sur les douze restants, cinq ont été jugés transférables dans un pays tiers par les commissions militaires, les procès des sept autres sont encore en cours.

Pour s'occuper de cette population carcérale vieillissante, le centre de détention a dû s'adapter et moderniser notamment ses installations médicales.

Mais les 1.800 militaires qui assurent le fonctionnement de la prison, des gardiens aux cuisines en passant par les patrouilles de surveillance maritime, sont encore nombreux à être logés dans des baraquements vieillissants, certains carrément délabrés.

Le budget annuel est de 78 millions de dollars et l'amiral Ring a indiqué s'être assuré les services d'une société d'urbanisme pour tenter de faciliter la vie des militaires qui servent à Guantanamo pour une durée moyenne de neuf mois seulement, sans leur famille qui ne peut être hébergée sur place.

Guantanamo n'a reçu aucun nouveau prisonnier depuis 2008 mais depuis sa campagne électorale de 2016, M. Trump ne cache pas son intention d'y envoyer davantage de "méchants" capturés en Syrie ou en Irak et son décret prévoyait l'envoi de nouveaux détenus.

L'amiral Ring a indiqué n'avoir reçu jusqu'ici aucune instruction en ce sens: "Nous n'en avons pas reçu l'ordre", a-t-il déclaré. "Nous n'avons aucune indication" permettant de penser que de nouveaux jihadistes puissent être transférés prochainement à Guantanamo.

La chaîne NBC avait rapporté fin août que l'administration Trump envisageait d'envoyer des membres du groupe Etat islamique, y compris deux jihadistes britanniques de la cellule dite des "Beatles", à Guantanamo.

Si nécessaire, le centre pourrait accueillir 40 détenus supplémentaires avec les mêmes infrastructures et le même personnel, a indiqué l'amiral Ring. La prison pourrait même accueillir jusqu'à 200 détenus sans avoir besoin d'être agrandie, mais elle aurait besoin de personnel supplémentaire.

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