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Les différents syndicats européens représentant le personnel de cabine de Ryanair ont confirmé ce jeudi la date du 28 septembre pour ce qu'ils qualifient de "plus grande grève de l'histoire" de la compagnie aérienne à bas coûts irlandaise à l'issue de leur réunion à Bruxelles. Cette date était évoquée depuis plusieurs jours déjà mais devait encore être officialisée. Les organisations menacent également d'organiser un arrêt de travail chaque mois tant qu'elles ne sont pas entendues.
Quelles conséquences prévues en Belgique ?
Le mouvement du 28 septembre devrait toucher la Belgique, les Pays-Bas, l'Espagne, le Portugal et l'Italie et pourrait encore être rejoint par d'autres pays, comme l'Allemagne, ainsi que par des organisations de pilotes. La CNE, qui appelle les pilotes belges à la rejoindre, estime que 80% des vols à Charleroi devraient être touchés ce jour-là et presque la totalité de ceux à Zaventem. Cela représente au total 150 vols environ.
Les raisons de cette grève
Les syndicats européens sont d'avis que rien n'a changé au sein de la compagnie ces derniers mois, malgré les grèves de cet été, et que les conditions de travail dénoncées sont restées les mêmes. Ils souhaitent pourtant l'application des différentes législations nationales sur le travail et non plus la seule irlandaise.
Si elles ne sont pas entendues par Ryanair, ces organisations menacent d'organiser une grève par mois. Didier Lebbe, secrétaire permanent du syndicat chrétien belge, prévient que des actions sporadiques, pays par pays, pourraient également être organisées dans les semaines à venir. Que ce soit de la part des syndicats réunis à Bruxelles, d'autres de leurs homologues ou encore d'associations de pilotes, à l'image de ce qui s'est passé mercredi en Allemagne.
"Nous ne voulons pas la faillite mais bien une modification dans le style de management"
Les représentants des salariés de Ryanair appellent dès lors les actionnaires de la compagnie, qui doivent se réunir le 20 septembre en assemblée générale, "à prendre leurs responsabilités" et à apporter du changement, entre autres dans les mentalités, dans la manière de gérer l'entreprise. "Nous ne voulons pas la faillite mais bien une modification dans le style de management", expliquent-ils, ne voulant toutefois pas attaquer une personnalité comme le CEO Michael O'Leary en particulier.
Les syndicats demandent également aux autorités locales et européennes d'agir "urgemment" contre "la seule multinationale en Europe à qui on ne fait pas respecter les lois". "Leur immobilisme ahurissant sert les intérêts de Ryanair, qui empoche des dividendes sur le dos des travailleurs, des passagers et des Etats où ils disposent d'une base", dénonce ainsi Didier Lebbe."Il en va de l'intérêt de tous les travailleurs de la compagnie et du secteur aéronautique, dont les entreprises ne vont pas tarder à imiter Ryanair", prévient le représentant de la CNE.
Des compagnies low-cost comme easyJet respectent les législations nationales et par corollaire les travailleurs et parviennent tout de même à engranger des profits, illustrent les syndicats, affirmant que de nombreux salariés du secteur les soutiennent dans leur combat.
Rencontre avec la Commission européenne
Les organisations des cinq pays ont rencontré la Commission européenne à 15h00 pour lui faire part de leurs griefs. Elles s'étaient déjà adressées à elle durant l'été et s'étaient entendu dire que Ryanair ne respectait effectivement pas les lois mais qu'il fallait négocier avec la compagnie. Les syndicats réitéreront leurs demandes d'actions de la part de l'exécutif européen et lui demanderont l'intervention d'un conciliateur européen indépendant afin de négocier tous ensemble avec la compagnie et non plus pays par pays.
Accord en vue pour le personnel navigant italien
En fin de journée, on a également appris que les syndicats italiens majoritaires au sein des personnels navigants de la compagnie aérienne ont signé ce jeudi un accord préalable à une convention collective prévoyant des contrats de travail de droit italien. Cette convention collective d'une durée de trois ans "sera un contrat de travail collectif de droit italien placé sous la tutelle des tribunaux du travail italien", précisent les syndicats Fit Cisl, Anpac et Anpav dans un communiqué. La compagnie irlandaise à bas coûts avait déjà conclu un accord fin août avec ses pilotes italiens.
Le nouvel accord prévoit pour la totalité des personnels navigants de la compagnie "le passage des actuels contrats d'embauche irlandais à des contrats pleinement italiens", précise le communiqué. Sont aussi prévues "des augmentations de salaires significatives" ainsi que la possibilité pour le salarié "de voir son salaire versé sur un compte courant italien, ce qui n'est pas prévu à l'heure actuelle".