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"Je m'étais toujours dit qu'il faudrait inventer un truc pour ne plus avoir à toucher les poignées de porte. La semaine qui a précédé l'annonce du 1er confinement, j'étais aux sports d'hiver et aux toilettes du restaurant ils avaient mis un seau pour maintenir la porte entrebâillée pour qu'on puisse l'ouvrir avec le pied. Et c'est là que j'ai eu l'idée de la forme de la poignée à coude", nous raconte Fabrice, 54 ans, inventeur de la coudée de porte en vente depuis deux semaines et dont on peut en voir l'utilité dans la vidéo ci-dessous.
L'idée a pris plus d'un an pour se concrétiser et aujourd'hui, cet habitant de Rixensart dans le Brabant wallon se dit "frétillant" et "content" d'avoir, avec l'aide de son ami Thierry, mené le projet jusqu'à son terme. "J'ai été porté par l'idée. C'est le côté romantique qui m'a porté. Bien sûr, si ça marche, c'est génial. Mais d'abord, je voulais aller au bout du projet. C'est comme en musique. Des idées et des projets, il y en a beaucoup mais ceux qui se concrétisent, il y en a beaucoup moins", dit Fabrice. La comparaison avec la musique n'est pas un hasard. Fabrice est un "vieil auteur-compositeur-interprète" qui a sorti un album en 2001. C'est à cette époque qu'il a fait la connaissance de Thierry, alors son producteur. La vie a continué et l'artiste est devenu éducateur dans une école d'Uccle en région bruxelloise. C'est en parallèle à son métier que Fabrice a concrétisé sa coudée de porte au cours de la dernière année écoulée. "Je n'ai pas beaucoup dormi", admet-il en riant.
Trouver une entreprise de moulage de plastique
Lui et Thierry, son ancien producteur devenu ami, ont commencé par contacter des fabricants de poignées de porte. "Il s'est avéré que la courbure de la coudée de porte était trop importante pour la faire en tube métallique", détaille l'inventeur qui s'est donc tourné vers des usines de plasturgie (Plasturgie: un ensemble de techniques qui contribue à substituer une matière plastique à d'autres matières) avec deux impératifs: produire sa coudée de façon locale pour éviter un impact carbone trop important et ensuite proposer le produit à un prix démocratique. Les deux associés ont finalement trouvé une usine de moulage de plastique dans le nord de la France. Des études techniques ont dès lors pu démarrer pour fabriquer cette coudée et faire en sorte qu'elle s'adapte parfaitement aux systèmes de fixation standards des poignées de porte.
Public-cible: restaurants, hôpitaux, maisons de repos
La phase d'étude puis d'élaboration aura finalement duré plus d'un an. "Les impératifs techniques ont demandé plus de temps que ce que j'aurais voulu", confie Fabrice qui a profité de ce délai pour mener également une petite étude de marché. "Je suis allé voir une trentaines de personnes assez représentatives de notre public-cible dans les hôpitaux, les maisons de repos, les restaurants. Ils m'ont tous confirmé un intérêt à l'existence de cette coudée. Maintenant qu'elle est commercialisée depuis environ deux semaines, je commence à les recontacter. La plupart sont réceptifs", expose le Brabançon qui évoque notamment les protocoles sanitaires dans les maisons de repos qui obligent le personnel soignant à toujours ouvrir et fermer les portes, souvent les bras chargés, là où auparavant il pouvait laisser les portes ouvertes. "J'ai eu aussi eu un contact avec un responsable sécurité et hygiène d'un grand hôpital qui m'a fait prendre conscience de l'intérêt de ce type de poignée pour les hôpitaux", ajoute l'éducateur.
Deux premiers acheteurs dans la région
Brevetée et désormais en vente, notamment sur Amazon, l'invention de Fabrice a déjà trouvé quelques acquéreurs parmi lesquels Sébastien pour son restaurant El Cuchillo à Genval dans le Brabant wallon. "J’en ai commandé deux pour les toilettes de mon restaurant, confie le restaurateur. Quand Fabrice m’a présenté son concept, je trouvais ça génial. Même en dehors du Covid, c’est une excellente idée." Pour lui, l’hygiène passe avant tout le reste. C’est d’ailleurs pour ses clients que Sébastien a décidé de faire l’acquisition de deux "coudées". Elles seront installées ce jeudi. "J’ai hâte d’avoir les retours de mes clients car c’est avant tout pour leur offrir plus d’hygiène." Il s’agit d’une phase test pour le gérant d’El Cuchillo. Si celle-ci s’avère concluante, il envisagera également d’en installer dans son établissement situé à Lasne.
Toujours dans la région de Genval, Etienne, à la tête du studio cinématographique Dame Blanche, a également décidé de se doter de trois poignées originales, notamment dans les toilettes. "Je trouve que Fabrice a beaucoup de mérite d’avoir été jusqu’au bout. J’ai essayé les poignées et ça fonctionne, je pense que ça a l’air solide. En plus, c’est esthétique et ça a un côté ludique", dit-il.