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La silphie perfoliée, une plante de grande taille aux inflorescences jaunes, s'invite dans certains champs wallons. Si elle reste confidentielle chez nous, elle présente diverses qualités qui la rendent digne d'intérêt, singulièrement pour la biométhanisation, juge-t-on à l'ASBL Valbiom, présente à la Foire agricole de Libramont.
La silphie n'est pas une plante indigène de nos contrées mais elle ne semble pas présenter de caractère invasif. Surtout, les preuves scientifiques montrent qu'elle "offre beaucoup d'externalités environnementales positives", explique Thibaut De Clerck, chargé de projet chez Valbiom, ASBL qui stimule et facilite la concrétisation d'initiatives durables intégrant la production de biomasse et sa transformation en énergies ou matériaux.
La silphie est une plante mellifère, elle permet une bonne structuration du sol, elle a une meilleure résistance à la sécheresse en raison de racines, qui vont jusqu'à 2,5 mètres de profondeur et permettent de limiter les risques de lessivage des nitrates. Enfin, elle est peu exigeante au niveau des sols, réclamant seulement un substrat profond et non acide.
Mais l'un de ces principaux atouts, c'est sa taille et sa valorisation possible pour la biométhanisation, voire comme fourrage (alimentation animale) de complément. "Bien implantée, elle peut produire 40 à 50 tonnes de matières fraîches à l'hectare, ce qui est comparable au maïs", poursuit Thibaut De Clerck. Mais contrairement au maïs qui doit être resemé chaque année, la silphie est une culture pérenne qui peut rester en place jusqu'à 20 ans.
Venue d'outre Atlantique
La plante originaire d'Amérique du Nord n'a toutefois pas que des avantages: son semis est délicat. Il est assez onéreux aussi (environ 2.000 euros l'hectare). Et comme on l'a dit, elle n'est pas indigène en Europe.
Actuellement, on estime qu'entre 100 et 200 hectares ont été semés en Wallonie, par quelques dizaines de cultivateurs. "Mais en Allemagne, ce sont quelque 10.000 hectares qui ont été semés, près de 8.000 hectares en France... On la cultive aussi en Italie, en Suisse et bien sûr au Canada", souligne-t-on chez Valbiom.
Les quelques précurseurs en Wallonie pourraient donc faire des émules. "Nous constatons pas mal d'intérêt d'agriculteurs ici à Libramont", confirme Thibaut De Clerck. Mais l'avenir de la silphie chez nous se décidera sur le terrain, dans les champs, et de l'éventuel bouche à oreille entre agriculteurs en cas de succès.