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L’hypnose, une médecine alternative dont on entend de plus en plus parler. Pour en parler, le docteur Eric Mairlot, médecin neuropsychiatre, était l’invité du RTL Bienvenue. Il dirige un centre de thérapie et forme des professionnels de la santé à l’hypnose thérapeutique. Certains pensent que cette pratique relève du surnaturel mais la médecine a prouvé que cela marche réellement ?
Oui, ça n'a rien de surnaturel. C’est notre pouvoir à nous de modifier notre état de conscience. On le fait depuis qu'on est bébé. On est capable de rentrer dans un état de conscience, on est très concentré sur quelque chose pour vivre pleinement quelque chose. Cette espèce de pensée très concentrée va donner des changements, que ce soit dans nos comportements ou dans notre gestion des émotions. Par exemple pour gérer le stress, pour gérer les troubles du comportement alimentaire, les excès, etc. Pour le moment, on travaille aussi beaucoup sur la prévention du burn out, de l'épuisement à cause du stress ambiant, à cause du stress du télétravail, etc. L'idée, c'est justement de retrouver un meilleur contrôle de ses émotions, de ses comportements et de ses pensées.
Cette idée magique et surnaturelle de l'hypnose, c'est parce qu'on confond Messmer avec ce que vous faites en tant que professionnel ?
En fait, Messmer utilise surtout la manipulation et l’autorité. C'est en dominant les gens qu'il obtient des résultats très rapides. Nous, on ne cherche pas à dominer les gens, c’est l'inverse. On essaie de rendre à la personne la capacité de se contrôler mais de manière intuitive et spontanée, et non plus par la pensée et par la réflexion.
Très concrètement, que peut-on soigner par l’hypnose ?
Les dépendances comme le tabac mais aussi toutes les pertes de contrôle, par exemple émotionnel, tous les troubles anxieux, les problèmes dépressifs, les problèmes de colère, des problèmes d’échappement du comportement... Il y a un certain comportement qui pose problème parce qu'on perd le contrôle. En fait, on pourrait résumer ça en disant : on peut traiter toutes les formes de perte de contrôle, que ce soit de la pensée, des émotions et du comportement.
Des problèmes d’endormissement aussi ?
Oui. En fait, ces pertes de contrôle sont des mécanismes auto-hypnotiques négatifs.
Que veut dire "auto-hypnotique négatif" ?
Par exemple, vous commencez à grignoter et vous n'arrivez pas arrêter parce que, quelque part, vous êtes en partie ailleurs. Vous êtes en réalité dans un comportement automatique de nature hypnotique légère mais négatif puisque les conséquences vont être négatives. L'autohypnose, même négative, a une fonction. Donc, elle est utile puisque ça permet à la personne de se sécuriser. Dans cette période de Covid, on a besoin de sécurité. Une des premières manières qu'on apprend quand on est bébé pour se sécuriser, c'est de manger, de téter sa maman, de téter le biberon. Et ça, c’est déjà un état modifié de conscience. Quand un bébé tète sa maman, il est dans un état auto-hypnotique profond. On recherche ça toute sa vie, on sait que ça marche. Pour les personnes qui sont boulimiques et qui font des grosses crises jusqu'à vider un frigo, elles sont alors dans des autohypnoses très profondes négatives. Négatives parce que la conséquence est négative mais c’est utile puisque ça calme l’émotion. Nous, on va apprendre l’autohypnose positive pour calmer ses émotions, pour se sécuriser autrement que par la nourriture.
Vous dites "autohypnose", cela veut dire que l'idée est de pouvoir nous-mêmes nous hypnotiser ou on a besoin d’un thérapeute ?
On a besoin d’un guide effectivement. Il y a des gens très doués qui y arrivent tout seuls. Mais nous, on donne des ateliers d’autohypnose pour différents types de problèmes, que ce soit pour des problèmes de poids, de boulimie, pour les enfants aussi et les adolescents, pour les problèmes de stress, de pré-burn out, etc.
Quelles sont les techniques ?
On apprend tout d’abord à prendre son temps pour focaliser son attention. L'idée, ça va être de rentrer dans un monde plutôt d'images, de perception et d'émotions plutôt que dans un monde de pensées parce que c'est très souvent nos pensées du cerveau gauche qui nous critiquent, qui nous jugent, qui nous stressent… C’est notre perception du monde où on crée tout le temps des pensées négatives qui forment une espèce d'autohypnose négative. Nous, on va apprendre aux personnes à utiliser leur don pour l'autohypnose négative mais de manière positive, c'est-à-dire en se concentrant, par exemple, sur la technique la plus connue : on croise les mains, on colle les paumes des mains et on écarte les deux doigts. On imagine une ligne entre l’extrémité des deux doigts et on fixe le centre de cette ligne. Vous observez que, petit à petit, effectivement les deux se rapprochent irrésistiblement et progressivement jusqu'à finir par se rencontrer. Là, on est déjà dans un processus qui est hors cerveau gauche. On est dans un processus de perception, de sensation et les suggestions qu'on va faire après, c’est par exemple : "Souvenez-vous du souvenir le plus sécurisant de votre adolescence, de votre enfance ou peut-être un souvenir de vacances". Et on va évoquer les images, c'est-à-dire ce que la personne voit dans ce souvenir, ce qu’elle entend… Et tout d’un coup, on entre dans le monde des images, qui est aussi le monde des rêves.
Cela n’a rien à voir avec de la méditation ? C’est une autre forme de thérapie ?
Il y a des ressemblances mais la méditation n'est pas une psychothérapie alors que l'hypnose est une psychothérapie.