Accueil Actu

En Estonie, la France assure la police du ciel otanien

"On est en temps de paix, l'intégrité de l'OTAN n'a pas encore été menacée". En Estonie, la France a pris le relais de la Belgique sur les missions de police du ciel. A quelques centaines de kilomètres au sud, la guerre fait rage en Ukraine.

Le commandant Hubert, chef du détachement aérien français auprès de l'OTAN pour les quatre mois à venir, pèse ses mots comme les pilotes mesurent leurs gestes, avec précaution. Outre les tâches habituelles de police du ciel, assumées habituellement, "de temps en temps on est envoyé sur de la surveillance des frontières dans les pays baltes et en Pologne", explique-t-il.

"On vérifie qu'aucun avion ne traverse les frontières sans qu'il soit détecté par les radars au sol".

La mission symbolise parfaitement la politique de l'OTAN depuis le début de l'invasion russe en Ukraine: arrêter la guerre mais sans la faire, aider l'Ukraine mais sans devenir belligérant. Et protéger le flanc Est de l'OTAN.

La France a envoyé quatre Mirage 2000-5 qui tourneront dans une zone à la fois calme et surexposée. "Evidemment on fait attention à ce qu'on fait", admet l'officier français. "Ca reste professionnel car des deux côtés, les gens veulent éviter à tout prix une escalade".

Si un avion n'a pas pris contact avec les autorités de contrôle estoniennes, n'a pas donné de plan de vol ou n'a pas activé son transpondeur (IFF), il devient suspect. Deux pilotes sont en alerte en permanence et n'ont que quelques minutes pour s'équiper et décoller lorsque l'alerte retentit.

Les appareils emportent notamment sous leurs ailes des missiles air-air MICA.

L'aviateur doit alors entrer en contact visuel puis radio avec l'aéronef, informer ses supérieurs de la situation et attendre les ordres. "C'est une mission +temps de paix+. On est conscient du contexte, pour ne pas faire faire une manœuvre qui contribuerait à une escalade", explique le lieutenant Robinson, pilote de Mirage.

- Augmentation du trafic -

Mais l'Europe n'est plus en paix depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, et plusieurs pays de l'OTAN sont désormais mitoyens d'un théâtre de guerre majeur.

"Cette mission permet à la France de confirmer son statut d'allié crédible de l'OTAN, sa posture défensive, dissuasive, qui ne se veut pas provocatrice", explique le général Louis Pena, représentant du chef d'état-major de l'armée de l'air et de l'espace pour cette passation entre Belges et Français à Amari, une base aérienne au sud de Tallinn.

"On est là pour protéger la frontière Est de l'OTAN (...) dans un environnement un peu particulier", ajoute-t-il, insistant sur le "côté non-escalatoire" de la mission.

Depuis l'entrée de l'Estonie dans l'OTAN en 2004, "les missions qu'on effectuait ici dans les pays baltes avaient quand même un adversaire potentiel qui était proche", ajoute le haut gradé.

Aujourd'hui, la menace est bien réelle. Et en vol, ce qu'il faut éviter à tout prix dans le jargon militaire, c'est le "petit coup de doigt intempestif" (le tir qui n'était pas prévu, ndlr).

Au moment de prendre le relais du ciel estonien, la France recueille les informations fournies par ses alliés belges.

Pendant ses quatre mois d'opérations, la Belgique a vu le nombre de ses interventions multiplié par trois par rapport à une période normale.

"Dans le cockpit, il n'y a pas de différence pour les pilotes, au niveau des procédures. C'est juste au niveau des volumes", assure le major Pierre-Yves Libert, commandant du détachement belge.

"Il y a eu une augmentation du trafic militaire russe dont nous avons dû nous occuper. Evidemment en lien avec l'actualité".

À lire aussi

Sélectionné pour vous