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Quatre malades de longue durée sur cinq ont donc perdu leur emploi l'an dernier. Ils étaient pourtant censés un jour reprendre le travail, mais leur employeur en a décidé autrement. Motif du licenciement, la dépression ou encore le burn-out ne les rendaient plus aptes à exercer le métier.
Lucienne est en arrêt maladie depuis six ans. Elle travaillait dans le secteur hospitalier, jusqu'en 2018, quand son diagnostic tombe. Elle est atteinte d'une maladie auto-immune, qui la rend incapable de continuer à travailler avant de terminer son traitement.
"J'ai pensé que j'allais être arrêtée une semaine, que j'avais juste besoin de me reposer et que j'allais reprendre très rapidement mon travail", témoigne-t-elle. "On vous presse comme un citron pendant des années et le jour où vous n'êtes plus là, vous n'avez plus de nouvelles de personne."
Et si la priorité reste de guérir, Lucienne doit également penser en parallèle à son travail, un retour incertain, synonyme d'angoisse. "Au plus de temps, on reste en invalidité, au plus, ça va être difficile de réintégrer la société", poursuit-elle. "Tous les employeurs ne vont pas pouvoir non plus tout changer dans l'entreprise parce que c'est moi qui reviens après autant d'années et me retrouver un poste qui va être fait à la carte."
500 000 arrêts longue maladie
Le cas de Lucienne n'est pas isolé. La Belgique compte plus de 500 000 malades de longue durée. En 2035, ils seront 800 000. Depuis 2023, les employeurs ont deux options: soit proposer un processus de réintégration, soit le licenciement immédiat pour force majeure médicale. Le travailleur repart alors sans indemnité.
Pour la société Mensura, spécialisée dans le bien-être au travail, les solutions doivent être élargies. "On peut avoir par exemple quelqu'un qui a un problème de dos et pour qui on trouve un travail plutôt administratif pendant un certain temps", souligne Gretel Schirivers, CEO." Il y a des possibilités de limitation du temps de travail aussi. Quelqu'un peut reprendre par exemple à mi-temps et à mi-temps, il reste sur la mutuelle."
Les projets de réintégration restent cependant très rares. Dans 4 cas sur 5, les employeurs choisissent le licenciement faute d'avoir pu trouver un travail adapté.
Pour Lucienne, les entreprises ne font pas assez d'efforts pour favoriser le retour au travail. "S'il y a possibilité que je réintègre ma société, est-ce que le chef sur place, l'entreprise, va pouvoir aménager une fonction qui correspond à mon état de santé?", se demande-t-elle. "Et je me dis que si ce n'est pas possible, on va me virer comme une malpropre pour inaptitude médicale après autant d'années."
Un combat pour retrouver sa santé, mais aussi réintégrer la société qui reste difficile. En 3 mois, les chances de revenir au travail tombent déjà à 50 %.