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Sur l'estrade montée à Bruxelles ce samedi, Simon et ses amis sont émus. Certains ont même hésité à venir, car le souvenir de l'arrestation est trop douloureux. "Notre histoire est une goutte dans l'océan des bavures policières qui se produisent trop régulièrement et qui restent impunies", déclare-t-il devant la foule.
245 personnes arrêtées dont 91 mineurs
Le 24 janvier 2021, une centaine de personnes participent à une manifestation contre la justice de classe.
Le rassemblement est autorisé pendant 45 minutes, avant que les forces de l’ordre ne procèdent aux interpellations. Les policiers arrêtent alors 245 personnes dont 91 mineurs. Ils ont été emmenés dans des casernes de la police d’Etterbeek.
Les jours suivants, plusieurs jeunes dénoncent du racisme et de la violence de la part de certains policiers. "Des policiers ont frappé pas mal de gens, dont moi. Après je suis sorti de là en pleurant, il y avait des gens qui saignaient", confie aujourd'hui Pirly. "J'étais devenu, d'après les dires de la police, une sale pute, une salope, quelqu'un qui n'a rien à dire et pas de droit", dénonce Alexandre.
Ce genre d’insultes sexistes est aussi rapporté par des femmes détenues dans une autre partie du bâtiment. "On puait parce qu'on était des femmes. Ça puait la femme", décrit Emilie.
Les policiers violents ont été identifiés… mais l'affaire traîne
Une vingtaine de plaintes ont été déposées auprès du parquet et du comité P. "Les jeunes ont été entendus par la police. Les policiers violents ont été identifiés, et des policiers non violents ont dénoncé leurs collègues. Donc on a tout, mais pourtant l'affaire traîne, on ne comprend pas pourquoi", explique Selma Benkhelifa, avocate de plusieurs plaignants.
Les victimes et leurs parents ont un sentiment d’impunité envers ces policiers. "On a le sentiment d'un enlisement. On a l'impression que la hiérarchie de la police a peur d'affronter les policiers violents. Ce qu'on a comme conviction, c'est que nous les citoyens, nous devons mettre l'éclairage sur une situation aussi grave et essayer de faire bouger les lignes", indique Alexandre Pycke, père d’une victime de violences policières.
En 2020, le Comité P a reçu 3112 plaintes. Dans 70% des cas , l’organe de contrôle de la police estime qu'il n’y a pas eu de dysfonctionnement de la part des forces de l’ordre.