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Transition énergétique : vers la fin des bâtiments communaux "passoires énergétiques"?

Toute cette semaine, RTL info revient sur les problématiques majeures dans les communes wallonnes et bruxelloises. Nous avons analysé les propos tenus par vos bourgmestres durant les "48h des bourgmestres." Les infrastructures, l'une des cinq thématiques principales, mettent en évidence la gestion des bâtiments communaux, particulièrement énergivores, ainsi que l'urgence de leur rénovation énergétique.

En Wallonie comme à Bruxelles, les bâtiments communaux sont pour la plupart mal isolés et utilisent des systèmes de chauffage vieillissants, ce qui entraîne des coûts d’énergie élevés pour les communes. Ces bâtiments anciens, souvent mal adaptés aux exigences énergétiques actuelles, obligent désormais les communes à moderniser leurs infrastructures pour atteindre les objectifs de réduction de consommation énergétique. Avec comme conséquence de lourds investissements, tels que l’isolation des bâtiments, le remplacement des systèmes de chauffage ou encore l’installation de panneaux photovoltaïques.

"L'Union européenne a demandé de mettre en place une stratégie de rénovation énergétique à long terme des bâtiments. Et la Région wallonne travaille sur cette stratégie depuis 2016", explique Marianne Duquesne, conseillère experte en énergie au sein de l’Union des Villes et Communes de Wallonie. "La nouvelle directive européenne sur la performance énergétique des bâtiments fixe des échéances pour l'atteinte de labels énergétiques spécifiques. Le label correspond à une classe énergétique, similaire à ce que nous connaissons pour les électroménagers, mais appliqué aux bâtiments", précise-t-elle. Cette stratégie s'inscrit dans l'objectif de rendre l'Europe neutre en carbone d'ici 2050.

La Convention des Maires

Indépendamment des obligations européennes à venir, une initiative lancée en 2008 par la Commission européenne, appelée "la Convention des Maires", incite les communes à travers l’Europe à s'engager volontairement à aller au-delà des exigences européennes en matière de transition énergétique. "Les communes engagées dans cette initiative devaient, au départ, dépasser les objectifs du 3 x 20 d’ici 2020 : soit réduire de 20 % leur consommation d’énergie, de 20 % leurs émissions de gaz à effet de serre, et atteindre 20 % d’énergie renouvelable."

À l'approche de 2020, ces exigences ont été revues à la hausse, avec un objectif de réduction de 40 % des émissions d'ici 2030, et plus récemment, avec la crise énergétique des dernières années, cet objectif est passé à 55 % de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour 2030. "Les communes qui s'engagent doivent non seulement agir sur leur propre parc de bâtiments, mais également inciter les autres acteurs du territoire à réduire leur consommation d’énergie", souligne Marianne Duquesne. En Wallonie, plus de 200 communes participent activement à cette initiative.

En parallèle, la Région wallonne développe progressivement une stratégie immobilière globale pour tous les gestionnaires de parcs de bâtiments, et donc, les communes. Cette initiative vise à optimiser la gestion des infrastructures publiques en évaluant leur performance énergétique, leur conformité à diverses normes (comme celles liées à la sécurité incendie et à la salubrité), ainsi que leur utilisation.

"Les gestionnaires de bâtiments devront analyser leur parc non seulement sur la performance énergétique, mais aussi sur l'occupation et la conformité aux autres normes, » ajoute l'experte en énergie. Cette analyse permettra d’identifier les bâtiments prioritaires pour la rénovation. "On va aussi se demander si ces bâtiments sont bien situés par rapport à leur fonction, ou s’ils pourraient changer d’affectation." De plus, les subsides UREBA exigent désormais que les communes aient mis en place cette stratégie avant de pouvoir en bénéficier. "Avec cet outil, chaque commune sera obligée d'analyser son parc de bâtiments, ce qui permettra un meilleur pilotage des rénovations."

Comment financer ces rénovations ?

Pour financer les rénovations des bâtiments publics, plusieurs initiatives ont été mises en place dans le cadre du Plan de relance de la Région wallonne. "Des budgets ont été affectés, à la fois pour les entreprises et pour l'amélioration des bâtiments publics. Durant la législature précédente, plusieurs appels à projets ont été lancés pour la rénovation de bâtiments publics, en ciblant parfois plus spécifiquement les écoles, les infrastructures sportives ou encore les crèches. Les communes intéressées ont dû soumettre des candidatures, comprenant une étude du bâtiment et des travaux proposés pour répondre aux exigences des appels à projets. Une série de bâtiments ont ainsi pu être rénovés grâce à ces appels à projets," poursuit-elle.

En parallèle, des programmes de financement continus ou ponctuels existent, tels qu'Infrasports, destiné aux infrastructures sportives, ou encore le programme UREBA exceptionnel, dédié à l’utilisation de l’énergie dans les bâtiments publics. "En fonction des disponibilités budgétaires de la Région wallonne, les communes peuvent demander des subsides quand des travaux se présentent," ajoute-t-elle. Ces programmes peuvent parfois être spécifiques à certains types de bâtiments, comme des écoles, ou ne concerner que certaines parties.

En Wallonie, le programme Renowatt aide les communes à rénover énergétiquement leurs bâtiments publics. Ce programme inclut des audits énergétiques, des études techniques et le financement de travaux de rénovation. Les villes de Liège, Seraing ou encore Verviers ont déjà bénéficié de ce programme pour moderniser des bâtiments tels que des écoles, des centres administratifs et des infrastructures sportives.

Toutefois, ces programmes de financement dépendent largement des budgets alloués par la Région wallonne, et pour certains travaux, certaines communes doivent parfois recourir à des investissements sur fonds propres ou faire appel à des partenaires privés pour compléter leur financement.

Les étapes d'une rénovation énergétique

Pour être efficace dans la rénovation énergétique des bâtiments publics, plusieurs étapes clés doivent être respectées. "Il faut d'abord rénover l'enveloppe du bâtiment en l'isolant pour réduire les déperditions d'énergie et faire en sorte qu'il consomme le moins possible." Par la suite, l’accent est mis sur l’amélioration des systèmes énergétiques. "On va essayer de rendre les installations plus performantes, notamment en optant pour des systèmes de chauffage efficaces et en utilisant des énergies renouvelables pour alimenter le bâtiment avec une énergie la plus locale et la moins carbonée possible," détaille-t-elle. "Il faut aussi expliquer aux occupants comment utiliser le bâtiment et adopter les bons gestes pour économiser de l’énergie."

Enfin, pour les bâtiments classés au patrimoine, des discussions doivent être menées avec l’Institut du Patrimoine afin de s'assurer que les rénovations ne dénaturent pas l'édifice. "Une étude doit être réalisée, on ne fait pas ce qu'on veut avec les bâtiments classés, et même les directives européennes prévoient des tolérances spécifiques pour ce type de bâtiments," conclut la conseillère experte en énergie au sein de l’Union des Villes et Communes de Wallonie.

Retrouvez l'intervention de votre bourgmestre en intégralité sur cette page dédiée aux "48h des bourgmestres."

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