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Mais pourquoi diable la calvitie a-t-elle cette forme si particulière? (et peut-on s'en prémunir?)

Grand sujet de discussion, parfois source de mal-être, la calvitie fait beaucoup parler d'elle en société. Pourquoi certaines personnes la développent très tôt alors que d'autres ne voient jamais leur masse de cheveux baisser malgré un âge parfois avancé ? Focus sur cette caractéristique bien particulière. 

Qu’il peut être difficile de perdre ses cheveux. Crainte d’une perte de virilité pour les uns, soucis esthétiques pour d’autres. Rares sont ceux qui parviennent à en être indifférents. 

Il convient tout d’abord de rappeler que l’alopécie (la perte de poils et cheveux) touche autant les hommes que les femmes.  "Globalement, on en parle beaucoup plus chez les hommes, mais les femmes, on en voit de plus en plus" qui viennent en consultation, rapporte le dermatologue Benjamin Schnebert, qui officie au CHU Saint-Pierre à Bruxelles. 

Mais si les deux genres sont concernés, des différences physiques sont observables.

Chez les hommes, la perte de cheveux commence généralement au niveau des tempes ou sur le sommet du crâne, vers l’arrière de la tête. Certains ne perdent qu'une petite quantité de cheveux, se contentant d'un léger dégarnissement des tempes ou d'une tonsure à l'arrière du crâne. D’autres, en particulier ceux dont la calvitie débute tôt, deviennent complètement chauves sur le sommet, tout en conservant leurs cheveux sur les côtés et à l’arrière de la tête. Ce modèle est connu sous le nom d'"alopécie androgénétique masculine".

Chez les femmes, l’alopécie concerne le sommet du crâne et se manifeste habituellement par une raréfaction plutôt que par une disparition complète des cheveux. Par ailleurs, la lisière des cheveux reste habituellement intacte. Ce schéma est appelé "alopécie androgénétique féminine".

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© msdmanuals.com

Lorsqu’ils se portent bien, les poils de notre corps connaissent trois cycles dans leur "vie". 
•    Une phase de croissance (phase anagène) de 2 à 6-8 ans
•    Une très courte phase de transition (phase catagène) de 3 semaines où le cheveu va s'arrêter de grandir et puis il va commencer à mourir
•    Une phase de mort (phase télogène) qui peut prendre jusqu’à 6 mois

En moyenne, 20 % des cheveux sont dans la troisième phase tandis que les 80 % restants sont en train de grandir.

"Globalement, les gens qui ont une calvitie, ils ont une phase de croissance qui va être moins grande. Donc, au lieu de durer deux à huit ans, elle va durer un an, deux ans. Et donc, ils auront un cheveu qui va quand même être noir (ou de la couleur de cheveu naturelle, ndlr), mais qui ne va plus être très long. Et qu'est-ce qui va régler le cycle de croissance du cheveu ? En fait, ce sont les androgènes qui font des hormones masculines. Et globalement, les cheveux qu'on a au-dessus de la tête vont être un peu plus sensibles aux androgènes. C'est-à-dire que quand on aura une sensibilité accentuée à ces hormones masculines, on aura un cheveu dans la phase de croissance qui va être accéléré, et globalement, le cheveu de huit ans, il va plutôt durer six mois ou un an. On a donc un cheveu qui va être beaucoup moins épais et qui va être de plus en plus fin", précise Benjamin Schnebert.

Pourquoi cette forme ?

Mais alors pourquoi diable les cheveux ne tombent-ils pas tous ? Pourquoi cette sorte de couronne reste-t-elle sur nos têtes alors que les cheveux du dessus du crâne s’en vont ? 
La réponse peut paraître étonnante, mais pourtant nos cheveux n’ont pas tous la même 'base'. "Ils n'ont pas la même origine embryologique", développe le dermatologue Benjamin Schnebert. Concrètement, "l'arrière des cheveux va venir d'un tissu, alors que le centre du cuir chevelu, où on va perdre nos cheveux, vient d'une autre origine embryologique."

"Notre peau va se développer avec un matériel génétique différent en fonction de nos couches de peau. Par exemple, sur la main et au niveau du cuir chevelu, on aura une peau qui va être différente avec un bagage génétique différent parce que ça vient d'un tissu différent. C'est ce qui se passe au niveau du cuir chevelu ou au niveau de l'arrière du cheveu." Sur l’arrière du crâne, et là où la calvitie est moins marquée, "on a des poils qui ne sont pas sensibles aux androgènes, donc aux hormones masculines qui auront tendance à donner la calvitie parce qu'ils ont un bagage génétique différent, c'est comme des cousins de ceux qui vont être au niveau du dessus de la tête", ajoute l’expert qui reconnait que "oui, c'est bizarre".

Si vous n’avez toujours pas compris, retenez que "sur le haut de la tête, on perd nos cheveux parce qu'ils ont une sensibilité accentuée aux androgènes (hormones mâles), ce qu'on n'a pas à l'arrière de la tête, globalement."

Néanmoins, l'argument "j'ai une calvitie parce que je suis très viril" ne tient que moyennement la route. Certes un excès d'hormones mâles peut conduire à une calvitie, mais cela dépend surtout de la sensibilité de chacun. Dès lors, on peut développer une calvitie même sans avoir spécialement beaucoup d'androgènes, mais simplement car on y est très sensible. 

Pas tous logés à la même enseigne

Pourquoi certaines personnes n’ont plus de cheveux avant 30 ans alors que des personnes âgées ont toujours une belle tignasse passé 80 balais ? Le facteur très majoritairement principal, c’est la génétique. 

Lorsque la calvitie est héréditaire, on parle d’alopécie androgénétique. Fut un temps où on pensait que l’alopécie nous venait de notre grand-père maternel. Il est établi maintenant que c’est bien plus complexe que ça. 

"Il y a 21 gènes qui vont jouer sur cette sensibilité aux hormones masculine", explique encore Benjamin Schnebert. "Ça va être beaucoup plus complexe. On a des gens qui vont commencer à être les premiers à perdre leurs cheveux dans leur famille, parce qu'on peut avoir des mutations."

"Il y a aussi ce qu'on appelle l'effluvium télogène. Quand il y a des personnes qui ont des périodes de stress, c'est possible que ça agisse sur la phase de croissance du cheveu. C'est-à-dire que le cheveu va s'arrêter de grandir. Et au lieu d'avoir 20 % de cheveux qui sont en train de mourir, on en aura 50 %", poursuit-il.

Bon à savoir : si être en bonne santé ne vous immunise pas contre l’alopécie, être en mauvaise santé peut favoriser son développement. "On sait très bien qu'être en surpoids peut aussi accentuer ça. La calvitie peut être associée à des facteurs de risque cardiovasculaire. Donc, on voit que c’est associé aussi à de l'hypertension, à du diabète, à une obésité."

Avec le vieillissement, également, la croissance des cheveux ralentit naturellement.

Peut-on "guérir" la calvitie ? 

Si, comme on vient de le voir, il n’existe aucun autre moyen que le facteur de la génétique d’échapper à la calvitie, s’assurer de rester en bonne santé peut, à minima, ne pas accélérer le processus (en plus de faire du bien à votre corps).

Si le terme "guérir" a été choisi dans ce sous-titre, alors qu’il ne s’agit évidemment pas d’une maladie, c’est bien pour cet aspect de honte dont souffrent de nombreuses personnes.

Ces quelques chiffres peuvent apporter un peu de nuance (et peut-être du réconfort) auprès des personnes qui se sentent mal de la perte de leurs cheveux. 

  • Certains hommes commencent à perdre leurs cheveux dès leur vingtaine, et environ 25 % des hommes voient les premiers signes d’alopécie avant l’âge de 21 ans.
  • Alopécie androgénétique : Cette forme de calvitie, qui est génétique, touche environ 50 % des hommes à l’âge de 50 ans.
  • À 70 ans, environ 80 % des hommes ont une certaine forme de calvitie.
  • Environ 40 % des femmes présentent une forme d'amincissement des cheveux au cours de leur vie.
  • On estime que près de 50 % de la population mondiale est concernée à des degrés divers par une perte de cheveux à un moment donné de leur vie, que ce soit en raison de l’alopécie androgénétique, de facteurs hormonaux, médicaux, ou liés au stress.

Et si vous en avez marre des blagues lourdes et/ou des remarques à répétition, sachez que traiter un homme de "chauve" est considéré comme du harcèlement sexuel, selon un tribunal britannique.

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