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Noirs et jaunes, de tailles et de formes différentes, les abeilles, bourdons et autres guêpes sont parfois difficiles à différencier les uns des autres. Ces petits insectes se retrouvent en nombre dans nos régions dès l'entame du printemps, voici quelques clés pour les différencier et pour gérer au mieux la cohabitation.
Le printemps et l’éveil de la nature lancent aussi la saison du butinement. Dès le retour des beaux jours et de l'éclosion des premières fleurs, abeilles, bourdons et compagnie reviennent en nombre dans nos jardins, dans les parcs et partout où ils pourront trouver de quoi se nourrir.
Si tous ces insectes ont un rôle essentiel dans la pollinisation, leur comportement varie d’une espèce à l’autre. Lesquels sont inoffensifs ou agressifs ? Lesquels faut-il signaler aux autorités ? Lesquels faut-il protéger ? Voici tout ce qu’il faut savoir pour accueillir au mieux ces voisins indispensables, mais parfois dérangeants.
Abeilles, guêpes, bourdons… Comment les distinguer ?
La manière la plus efficace de scinder ces insectes est la suivante : les abeilles avec les bourdons d’un côté et les guêpes avec les frelons de l’autre.
Professeur d’entomologie à Gembloux Agro-Bio tech, une branche de l’ULiège, Frédéric Francis apporte un éclairage précis sur le sujet.
"Les bourdons et les abeilles domestiques sont des espèces dites sociables, c’est-à-dire qu’elles vivent en colonie. Mais il existe aussi des abeilles sauvages, qui ne produisent pas de miel, et qui sont solitaires." Ces abeilles participent tout aussi bien à la pollinisation, bien qu’elles aient un style de vie très différent.
Caractéristiques principales de l’abeille :
• Mesure entre 11 et 13 mm
• Trapue, velue, abdomen rayé de bandes noires et jaunes/brunes foncées
• Peu agressive, sauf si l’on s’approche de son nid
• L’essaim est une boule compacte d’abeilles qui provient d’une ruche
• Le nid est un amalgame de rayons parallèles de cire construit par l’essaim
• En constante régression
"Chez les bourdons, seule la reine passe l’hiver. Tout le reste de la colonie meurt. Donc, les premiers bourdons que l’on voit dans l’année -et qui sont généralement plus gros- sont des reines et doivent être particulièrement protégées, car en tuer une revient à détruire toute une colonie. Chez les abeilles, toute la colonie passe l’hiver et reprend son activité au printemps."
Caractéristiques principales du bourdon :
• Mesure 22 mm environ
• "bourdon" est un nom générique pour désigner plusieurs sortes d’insectes au corps velu et trapu
• De couleurs principalement noire et jaune, on peut y voir également des motifs blancs et orangés
• Vol bruyant
• Colonies de bourdons relativement petites (quelques dizaines d’insectes pas plus)
• Rôle très important dans la fécondation de nombreuses espèces végétales
• Pas agressif. Ne pique que par auto-défense
• En constante régression (il est préférable de ne pas détruire les nids)
"Les guêpes et les frelons sont de la même famille, les vespidés. Ce sont des prédateurs", poursuit le professeur. "Ils vont tuer les abeilles pour nourrir leur progéniture. Les guêpes tuent aussi d’autres insectes qui peuvent, par exemple, être nocifs pour les cultures. Donc les guêpes ont leur utilité." À l’instar des abeilles domestiques et des bourdons, ce sont aussi des insectes sociaux qui vivent en colonie.
Caractéristiques principales de la guêpe :
• Mesure entre 11 et 18 mm
• Pilosité faible
• Abdomen rayé noir et jaune vif avec une taille très marquée entre l’abdomen et le thorax (d’où l'expression "taille de guêpe")
• Le nid de guêpes est fait d’écorce d’arbre mélangée à de la salive et ressemble à un vieux papier grisâtre
Le problème du frelon
Si l’Europe avait déjà son frelon (celui de la photo), elle a vu une nouvelle espèce s’installer ces dernières années : le frelon asiatique. Un peu plus petit que son cousin européen, ce prédateur est un grave danger pour nos abeilles, car il ne s’attaque qu’à elles.
En plus de cela, le taux de prolifération de cette espèce est extrêmement problématique. "Durant l’automne, des dizaines -voir des centaines- de futures reines quittent leur colonie en vue d’en créer de nouvelles au printemps suivant", avertit le professeur Frédéric Francis. Une colonie peut donc en générer des dizaines d’autres, raison pour laquelle il est très important de signaler la présence de cet insecte et de ses nids quand vous en trouvez. "L’important, c’est que la colonie n’arrive pas à terme en automne", résume Frédéric Francis.
Caractéristiques principales du frelon européen :
• C’est une guêpe géante qui peut atteindre 39 mm
• Un peu plus velu qu’une guêpe
• La tête est jaune avec un front orangé
• Peu agressif et assez discret
• Vol bruyant qui est la principale source de peur chez les gens
• Sa piqûre n’est pas plus dangereuse que celle de l’abeille
• En constante régression
Caractéristiques principales du frelon asiatique :
• Il peut atteindre 32 mm
• La tête est orange avec un front noir
• Le thorax est entièrement brun et noir, l'abdomen est composé de segments abdominaux bruns bordés d'une fine bande jaune avec un seul segment jaune orangé
• Les pattes sont jaunes à leur extrémité
• Est peu agressif envers l’homme lorsqu’il est en solitaire mais attaque systématiquement en rafale dès que l’on s’approche trop près du nid qu’il sent menacé et s’acharne tant que l’on reste à proximité
• Il attaque et détruit partiellement les ruches
• Les colonies du Frelon asiatique ne vivent qu’un an
• Il peut projeter son venin en direction de son assaillant, il est donc nécessaire d'avoir une protection oculaire et une protection des voies respiratoires pour procéder à l'extermination d'un nid
• Sa piqûre n’est pas plus dangereuse que celle de l’abeille, mais peut s’avérer dangereuse si la personne est très sensible au venin ou si elle est piquée plusieurs fois simultanément
Amis ou ennemis ?
Le comportement de ces insectes vis-à-vis des humains varie fortement d'une espèce à l'autre. De manière générale, les abeilles et les bourdons n'en ont qu'après vos fleurs et ne s'intéressent pas à votre assiette si vous mangez en plein air. Si vous ne les embêtez pas (y compris leur marcher dessus à pied nu sans faire exprès), il n'y a pas de risque de se faire piquer. D'autant que piquer un humain est synonyme de mort pour les abeilles. Leur dard reste planté dans notre peau et s'arrache de leur corps, provoquant leur décès.
Si vous avez une ruche sauvage près de votre habitation et que la présence des abeilles ou des bourdons vous dérange, contactez des services compétents afin qu'ils interviennent pour déplacer la ruche.
Les guêpes, elles, seront nettement plus alléchées par les odeurs de votre repas. Contrairement aux abeilles, les guêpes peuvent piquer sans risquer d'y perdre la vie. Prenez donc attention si vous essayez de les chasser. Privilégiez un piège à l'écart qui les attirera plus loin. "Si vous avez un nid de guêpes près de votre habitation, évidemment il convient de l’éliminer. Mais si vous voyez un nid de guêpes dans les bois ou dans la nature, autant les laisser tranquilles, car elles sont utiles", préconise Frédéric Francis.
À la différence des guêpes qui aiment partager nos tablées estivales, le frelon est peureux et n’aime pas la proximité de l’homme. Il s'installe néanmoins dans les toitures ou les greniers pour confectionner son nid, mais de manière générale, on le voit bien moins que ses petites cousines.
Le frelon asiatique, lui, préfère s'installer en haut de la cîme des arbres. Le nid des colonies peut avoir une taille supérieure à celle d'un ballon de basket. Si vous en repérer, contactez les autorités ou un spécialiste afin de faire détruire le nid.
Comment bien les accueillir ?
Que vous viviez en ville ou à la campagne, vous pouvez participer à faciliter la tâche aux pollinisateurs, essentiels au développement de la flore dans nos contrées. Dans le parterre de votre jardin ou dans le bac à fleurs de la fenêtre de votre appartement, le choix des plantes est important. Les abeilles et tous les insectes butineurs ont absolument besoin d’une grande variété de fleurs qui leur fournissent le nectar et le pollen qui sont la base de leur alimentation.
En ce sens, ces conseils peuvent vous être utiles. D'abord, évitez des fleurs qui ont été génétiquement modifiées. Elles vous plaisent peut-être esthétiquement parlant, mais leurs valeurs nutritives pour les insectes sont très faibles. Essayez de privilégier également des espèces qui fleurissent tout au long de l'année.
"Si les gens veulent voir des abeilles domestiques dans leur jardin, ils peuvent mettre des fleurs comme des bourraches, des campanules, des asters, des sédums ou des tournesols, ou s’ils ont l’occasion de planter des arbres (tilleul, châtaignier, robinier faux-acacia) c’est le top, car ils sont très mellifères", conseille Adrien Nelis, apiculteur à Wagnelée, près de Fleurus.
Attention toutefois aux fausses bonnes idées ! Par exemple, mettre une ruche dans le fond de votre jardin peut être un acte plein de bonne volonté, mais "ce n'est pas toujours l'idéal", avertit l'apiculteur. "Il faut surveiller l'aspect sanitaire de la ruche, s'assurer qu'il n'y a pas de maladie ou de parasite. Si ça n'est pas bien fait, le risque est que les abeilles aillent contaminer d'autres abeilles d'autres ruches."
Néanmoins, si vous tenez vraiment à offrir un abri aux abeilles, vous pouvez "mettre des hotels à insectes, ça fonctionne très bien pour les abeilles solitaires", préconise Adrien Nelis.