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"Je suppose que je ne suis pas le seul à me poser la question. Pourquoi on parle autant du coronavirus alors que la grippe dite saisonnière fait bien plus de décès dans le monde. Je ne comprends pas bien cette différence dans le traitement de l'info", nous a écrit une personne ce matin via le bouton orange Alertez-nous. "Arrêtez de nous les casser avec le coronavirus, 600000 décès dû à la grippe en Europe selon l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé)", s'emportait Michel vendredi dernier, toujours via le bouton orange Alertez-nous. C'est une réflexion qu'on entend souvent ces derniers jours et semaines: les médias s'excitent avec le coronavirus mais la grippe saisonnière est beaucoup plus redoutable et touche beaucoup plus de monde.
Qu'en est-il ? On ne peut évidemment pas donner une réponse définitive vu le manque de recul sur le coronavirus apparu il y a quelques mois seulement et surtout on ignore encore comment va évoluer l'épidémie. Cependant, à l'heure actuelle, les chiffres et données actuels apportent les constats suivants. Ces informations s'appuient sur plusieurs sources: l'OMS, Sciensano (qui en Belgique coordonne un réseau de médecins généralistes et d’hôpitaux pour évaluer l’activité grippale) et un article du journal Libération consacré aux différences entre coronavirus et virus de la grippe saisonnière.
Le nombre de gens infectés par le coronavirus est insignifiant par rapport à celui de la grippe
En Belgique, une épidémie de grippe modérée touche environ 5 % de la population (550 000 sur 11 millions d’habitants) et le double de la population lorsqu'elle est plus intense. C'est, pour le moment, beaucoup plus que le nombre total de personnes touchées par le coronavirus dans le monde entier qui s'élevait ce lundi 2 mars à 87.565 individus répartis dans 64 pays.
Le coronavirus touche peu les enfants au contraire de la grippe saisonnière
Dans un rapport basé sur les chiffres de l'épidémie jusqu'au 11 février, le CDC (Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies) informait que les moins de 10 ans représentaient moins de 1% des personnes contaminées. Par contre, comme ont pu l'expérimenter tous les parents, les enfants sont fortement touchés par la grippe saisonnière, avec cependant de très rares complications, au contraire des personnes âgées.
Le nombre de morts du coronavirus est, pour le moment, insignifiant par rapport à celui de la grippe
Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la grippe saisonnière tue de 290.000 à 650.000 personnes par an dans le monde. Depuis son apparition en décembre dernier, le coronavirus a pour sa part tué 3.000 personnes.
La grippe saisonnière et le coronavirus entraînent des complications qui peuvent mener au décès, essentiellement chez les personnes âgées et les personnes dites à risque, c'est-à-dire ayant déjà une fragilité comme une maladie respiratoire chronique, une maladie cardio-vasculaire ou encore un diabète.
Dans le monde, la grippe entraînerait entre 3 et 5 millions de cas graves selon l'OMS. En Belgique, en moyenne 1 personne sur 1000 cas de grippe, développe des complications nécessitant une hospitalisation et plus de 90% des décès concernent les plus de 65 ans.
Le nombre de décès par rapport au nombre d'infections est plus grand pour le coronavirus mais...
Actuellement, on enregistre 3.000 morts pour environ 87.500 infections au coronavirus dans le monde. On arrive donc à un taux de mortalité de 3,4%. Sur base de ces chiffres, on pourrait donc conclure que le coronavirus est plus létal que la grippe saisonnière dont le taux de mortalité est beaucoup plus faible.
Mais il faut nuancer. La grippe saisonnière touche beaucoup d'enfants mais ceux-ci présentent rarement des complications et en meurent encore moins. Le coronavirus, lui, affecte peu les enfants et donc proportionnellement beaucoup plus les personnes âgées qui sont davantage susceptibles de mourir des suites du virus. Les méthodes de mesure sont différentes. Pour le coronavirus, le nombre de décès est établi directement sur base de diagnostic. Mais pour la grippe saisonnière, on procède par extrapolation. En Belgique, on évalue approximativement le nombre de décès à travers une surmortalité pendant la période hivernale, c'est-à-dire le nombre de morts supplémentaire par rapport au nombre de morts prévu. Ainsi, dans son rapport pour la saison 2016-2017, l'Institut de Santé Public observait que "le premier pic de surmortalité (toutes causes confondues) a été observé juste au début de l’épidémie de grippe, tandis que le deuxième pic coïncidait avec le pic de l‘incidence des syndromes grippaux."