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Alors que chaque citoyen espagnol est invité à se faire vacciner sur base volontaire, le gouvernement a annoncé son intention de dresser un registre des citoyens qui ne désirent pas bénéficier du vaccin contre le coronavirus. Ce registre ne sera pas public et respectera les règles de protection des données, toutefois celles-ci seront disponibles pour les partenaires européens, a précisé le ministre de la Santé, Salvador Illa, lundi.
La Russie, de son côté, prévoit d'émettre des passeports spéciaux pour les citoyens ayant été vaccinés contre le coronavirus. De tels passeports pourront être utilisés notamment pour prouver à son employeur ou aux services officiels étrangers que l'on est immunisé contre le Covid-19, a fait savoir le ministère de la Santé mardi.
"Ce système existe déjà en Flandre"
Qu'en est-il chez nous? Les autorités belges veulent faire l'opposé de ce que va faire l'Espagne. Nous aurons ainsi non pas une liste de personnes ayant refusé le vaccin mais bien une liste de vaccinés contre le Covid-19. Concrètement, chaque citoyen pourra avoir accès via un site web à son attestation de vaccin. L'outil en question s'appellera "vaccin-net +" et sera accessible sur masante.be. "Ce système existe déjà en Flandre et sera disponible à Bruxelles et en Wallonie dans quelques semaines. Il est en cours d'élaboration", a indiqué Caroline Leys, porte-parole du commissariat corona du gouvernement fédéral, à la DH. L'outil sera personnel et individualisé, et les données personnelles seront protégées. "La plateforme web permettra d'avoir accès à une petite carte digitale de ses vaccins, à titre personnel, et ensuite imprimer son attestation de vaccination si nécessaire. Tout sera enregistré dans ce système, avec tous les autres vaccins. Ainsi, cela permettra d'avoir un aperçu direct de la situation vaccinale d'une personne", a encore détaillé Caroline Leys.
Si besoin, la Belgique va donc donner l'opportunité à la population d'obtenir une preuve de vaccination. "Mais il ne sera pas réclamé pour accéder à des lieux publics ou événements publics, à ce stade en tout cas. Dans la sphère privée, par contre, des compagnies aériennes et des organisateurs d'événements privés pourront le demander à chaque participant. Les protocoles sont en cours de discussion chez nous, mais en tout cas, le grand principe de la vaccination est bénévole en Belgique et non obligatoire. Donc, nous sommes contre cet esprit de blacklist (liste noire, ndlr) comme en Espagne", a conclu Caroline Leys.
Ce sont des mesures plutôt incitatives
Cette preuve de vaccination est-elle une manière détournée d'imposer le vaccin contre le coronavirus? "Chaque pays a ses pratiques", avait réagi Florence Caeymaex, présidente du comité consultatif de bioéthique de Belgique, dans le RTLinfo 19h mardi. "Effectivement, dans certains cas, il peut s'avérer nécessaire de passer à des mesures un peu plus contraignantes pour faire réussir une campagne vaccinale. Les spécialistes savent que quand une campagne vaccinale est lancée, elle n'est pas nécessairement linéaire et n'atteint pas nécessairement le but qu'on s'était fixé. En tout cas, pas dans les délais qu'on attend. Cela peut arriver. Et dans cette perspective, il arrive que dans certains pays, les autorités publiques décident que pour des raisons de santé publique, on doive passer à des formes d'obligation ou à des formes d'incitation un peu plus forte. Alors, ça, c'est l’option qui est en train d'être choisie par l'Espagne, mais aussi, c'est quelque chose qui nous est très familier en Belgique puisque l'accès à des structures collectives, notamment les crèches pour les petits enfants, est conditionné à la vaccination. Ce sont des mesures qui existent, ce sont des mesures plutôt incitatives, mais dont la base reste la vaccination volontaire".
Si, en Belgique, on n'arrive pas à 70% de la population vaccinée, est-ce qu'on pourrait étudier sérieusement l'obligation de vacciner? "Les autorités publiques ne se sont pas encore prononcées sur la question. On sait que c'est quelque chose qui peut arriver dans une trajectoire vaccinale et donc ce que le comité consultatif de bioéthique de Belgique a dit et écrit dans son avis n°75, paru le 11 décembre dernier, c'est que dans l'hypothèse où on devrait arriver à des scénarios de ce type, c'est-à-dire de contraindre certains groupes ou sur certains aspects particuliers, ce scénario mérite d'avoir un débat public", avait conclu Florence Caeymaex.