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Coronavirus en Belgique et déconfinement: comment relâcher les vannes... tout en gardant le contrôle sur l'épidémie?

Le mot déconfinement est sur toutes les lèvres depuis plusieurs jours. Et ce vendredi, le conseil national de sécurité devra annoncer plusieurs mesures à ce propos. Catherine Linard, géographe de la santé à l’université de Namur, était invitée dans le RTL INFO 13H pour en parler.

Pour que la vie normale reprenne, il faudrait qu'il y ait 60% des personnes qui soient immunisées contre le virus. Comment va-t-on y arriver selon vous ?

"On est effectivement encore assez loin de ce taux, mais ce n'est pas l'unique moyen de reprendre une vie normale. On va pouvoir reprendre une vie normale soit quand on aura atteint ce taux, soit quand on aura un vaccin. C'est sûr que cela va prendre plusieurs mois, on ne va pas pouvoir reprendre une vie tout à fait normale dans les quelques semaines qui viennent. Ça suppose aussi qu'on acquiert une immunité à long terme, donc qu'il n'y ait pas de réinfection, ce dont on n'est pas tout à fait certain. Au niveau des mesures, ce que l'on va faire, c'est relâcher un petit peu les vannes, tout en gardant le contrôle sur l'épidémie, puisque ce qu'il faut bien comprendre, c'est que le virus ne va pas disparaître du jour au lendemain. Il va falloir apprendre à vivre avec."

Comment fait-on pour relâcher les vannes sans laisser le robinet complètement ouvert ? C'est quand même compliqué à appréhender pour la population, sachant que derrière il y a toujours un impératif scientifique...

"Il va falloir garder le contrôle, c’est-à-dire continuer à limiter la distanciation sociale et surveiller l'impact que les mesures de déconfinement vont avoir sur l'évolution de l'épidémie. Il va falloir suivre de très près le nombre d'hospitalisations mais également de nouveaux cas grâce à un testing plus poussé".

Quand la Première ministre disait, on a pouvoir entamer un déconfinement, mais on pourrait toujours revenir en arrière, c'est sur la base de ces nouveaux cas ? On va se dire, la courbe pourrait remonter, on redonne un coup de frein, c'est comme ça que vous voyez les choses ?

"Effectivement, il va falloir continuer à surveiller les chiffres de près, et on pourrait revenir en arrière si on voit que certaines mesures de déconfinement ont un impact trop fort sur le taux de contact et sur le nombre de nouveaux cas".

Si on regarde en Suède, il n'y a pas eu de confinement en tant que tel, mais des interdictions de rassemblement et la fermeture des écoles. Et ça semble fonctionner. Pourquoi pas chez nous?

"En Suède, effectivement, il y a eu des mesures de confinement, mais sur base volontaire, donc on compte beaucoup plus sur la responsabilité de la population. Je ne dirais pas que ça a fonctionné beaucoup mieux que chez nous, parce que si on compare à d'autres pays scandinaves, à la Norvège ou au Danemark, le taux de décès est quand même très élevé en Suède, et il est en plus fortement concentré à Stockholm. Si on comparait le taux de décès juste sur la région de Stockholm et sur la Belgique, on serait à des taux assez proches. Ce dont il faut bien se rendre compte, c'est que la Suède a la taille de l'Espagne mais la population de la Belgique. Ils sont beaucoup plus dispersés sur le territoire et il y a des régions qui ont été épargnées par l'épidémie".

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