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Bertand, un habitant d'Herstal (province de Liège), âgé de 30 ans, s'est retrouvé dans une situation "délicate" en ce début du mois d'avril. Assistant social dans une maison d'accueil à Chênée, il s'est rendu compte qu'un pneu de son véhicule était "complètement déformé".
J’ai alors téléphoné à un garage qui m’a averti que pour le changement de pneus, ce serait 500 euros plus une taxe suite aux mesures de confinement
Son réflexe a été d'appeler sa compagnie d'assurance. "Malgré le confinement, je suis à un poste qui nécessite ma présence sur mon lieu de travail qui se situe à 30 kilomètres de chez moi. J’ai besoin de mon véhicule pour pouvoir me déplacer. J’avais un problème avec mon véhicule, donc j’ai fait appel à mon assistance qui m’a confirmé un problème de pneu et que je devais les remplacer en urgence", raconte-t-il.
Et de poursuivre: "Ma compagnie d'assistance m’a dirigé vers deux garages ouverts dans la région de Liège. Le premier garage m’a répondu qu’il ne pouvait strictement rien faire si je n’étais pas médecin, infirmier ou employé dans un supermarché... Je me suis retrouvé bloqué. J’ai expliqué ma situation, mais ça n’a rien changé. J’ai alors téléphoné à un deuxième garage qui m’a averti que pour le changement de pneus, ce sera une histoire de 500 euros (TVA comprise), plus une taxe suite aux mesures de confinement. J'ai laissé tomber cette solution", prétend-il. "Je trouve ça affolant."
Si Bertrand explique avoir finalement trouvé une solution chez un garagiste indépendant pour remplacer son pneu défectueux, il se demande ce qu'il doit faire si un nouveau problème mécanique "plus important" devait intervenir. "Je me demande ce qu’on doit faire dans cette situation. J’ai trouvé une première solution, mais s’il m’arrive à nouveau un problème dans les prochains jours, et si on en vient à se rendre compte que ce n’était pas mes pneus le problème mais autre chose… Que dois-je faire? Qui dois-je contacter pour pouvoir être aidé?"
Seules les réparations urgentes sont encore autorisées
Ces questions nous les avons soumises à Filip Rylant, le porte-parole de Traxio, la fédération des métiers de l'automobile.
Ce dernier explique ainsi premièrement que dans les concessions, les réparations "urgentes" sont autorisées. "Dans les règles de confinement, il est défini que certaines activités sont nécessaires pour le pays, et il y a une liste définie (police, armée, nucléaire, énergie, pharmacie,…). Deuxièmement, le gouvernement dit que tout le monde doit continuer à travailler dans la mesure du possible, en privilégiant le télétravail. Si ce n’est pas possible, vous pouvez vous rendre au travail", rappelle-t-il. "Troisièmement, les gens doivent pouvoir continuer à survivre et les déplacements pour aller chez le médecin, à la pharmacie, au supermarché, sont autorisés… Donc, si une réparation de votre véhicule ou un entretien urgent est à faire, on peut considérer que vous avez le droit de le demander. Il faut partir de ce raisonnement."
Le citoyen qui se retrouve dans cette situation doit ainsi pouvoir justifier que ses déplacements "nécessaires" se font "pour aller au travail, dans un des secteurs de première nécessité pour le pays ou s'il n’a pas d’autres solutions pour se rendre au supermarché ou chez le médecin." Dans les autres cas, il faudra attendre la fin du confinement.
Qui contacter?
Qu'entend-on par réparation urgente? "Quand on regarde le tableau de bord et qu'il dit qu’il faut faire un entretien dans 2.000 kilomètres, il ne faut pas se faire de soucis par exemple. Si par contre, c’est un témoin clignotant qui indique que vous avez un problème de niveau d’huile, il faut se rendre au plus vite au garage. Pour autant que vous ayez vraiment besoin de la voiture et qu’il n’y a pas d’alternative...", indique Filip Rylant. "La sécurité routière est primordiale. Les gens qui ont besoin de leur voiture doivent pouvoir se déplacer d’une manière sûre et sans mettre leur vie en danger ou celle des autres."
Si vous vous retrouvez face à un problème mécanique avec votre véhicule, Filip Rylant conseille de directement contacter son concessionnaire. "Certains groupes qui possèdent plusieurs garages organisent une permanence dans un seul siège de leur groupe et concentrent leurs activités. Mais il y a quand même pas mal d’autres garagistes ou concessionnaires qui ont une permanence téléphonique. Quand on les appelle pour des cas d’urgence, ils peuvent vous aider. Je ne peux pas garantir que tous les garagistes sont ouverts et disponibles, mais la plupart se sont organisés de manière à aider les gens qui ont besoin d’entretiens ou de réparations urgentes et nécessaires", précise-t-il. Ceux-ci vous indiqueront alors s'il est possible de réaliser la réparation.
Quant à l'éventuelle existence d'une nouvelle taxation suite aux mesures de confinement, évoquée par Bertrand, notre alerteur, le porte-parole de la fédération des métiers de l'automobile répond: "C’est la première fois que j’entends ça. Il n'est pas question de nouvelles taxations", assure-t-il.
Les concessionnaires et le secteur de la réparation sont parfaitement en mesure de garantir les règles d'hygiène et de distanciation sociale
Le secteur de la mobilité veut pouvoir reprendre ses activités sûres
Les importateurs, garagistes et loueurs de véhicules demandent au gouvernement d'assouplir les mesures restrictives en vigueur pour leur secteur. "Les concessionnaires et le secteur de la réparation sont parfaitement en mesure de garantir les règles d'hygiène et de distanciation sociale et sont par ailleurs essentiels à la relance économique", plaidaient dans un communiqué commun Febiac, Traxio et Renta, le 3 avril dernier.
"Depuis la fermeture obligatoire des commerces, le commerce automobile et les services connexes de l'après-vente sont pratiquement à l'arrêt complet", rapportent-elles. "Les statistiques d'immatriculation des voitures, motos, camionnettes et utilitaires lourds sont actuellement quasiment réduites à zéro" puisque "la réception de véhicules est interdite, même si ceux-ci sont prêts dans nos ports, chez l'importateur ou le vendeur, en attente de leur nouveau propriétaire", que "le contrôle technique d'occasion des véhicules à immatriculer n'est plus possible" et que "les sociétés de leasing ne peuvent procéder ni à la livraison de véhicules neufs ni à la reprise des véhicules arrivés en fin de contrat".
Seuls les dépannages et réparations urgents restent possibles, pourtant le secteur affirme pouvoir maintenir ses activités principales dans le respect strict des mesures de précautions prises par le gouvernement. Il demande leur reprise au plus vite "afin de pérenniser les chances de survie de nos entreprises sectorielles". "Tout travail différé au cours des dernières semaines s'ajoutera à la charge de travail usuelle, ce qui ne serait bénéfique ni au client, ni à la qualité du service", relèvent-elles.