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"On parle beaucoup du vaccin, du covid safe ticket, etc. Mais on ne nous dit pas combien de temps est efficace ce vaccin. C'est bien de mettre en place des mesures et des sanctions mais combien de temps sommes-nous protégés ? Je pense qu'un éclaircissement serait nécessaire", nous a demandé Marie, une habitante de Rochefort, via le bouton orange Alertez-nous. Alors, quelle est la durée d'efficacité du vaccin contre le coronavirus ?
Il ne faut pas penser qu'il y a une réponse toute faite et unique. Ce virus n'existait pas il y a deux ans et le vaccin est en circulation depuis un an (après un développement en un temps record grâce à une collaboration mondiale inédite entre des géants pharmaceutiques), la science ne dispose donc pas du recul nécessaire qu'elle peut avoir avec d'autres virus comme celui de la grippe par exemple. Mais à l'inverse de nombreuses autres maladies, les études Covid effectuées sur de vastes ensembles de populations ont déjà été très nombreuses et la science progresse vite dans les connaissances sur le coronavirus et les vaccins qui le combattent.
Nous nous sommes adressé à Sophie Lucas, spécialiste en immunologie et professeur à l'UCLouvain pour résumer ce que l'on sait actuellement de l'efficacité des vaccins contre le Covid.
Mais commençons par le début. 1. Comment mesure-t-on l'efficacité du vaccin ?
Avant que le vaccin soit utilisé à grande échelle parmi la population, ses concepteurs évaluent son efficacité avec qu'on appelle des études cliniques. Vous prenez un groupe de personnes non vaccinées (on l'appelle le groupe placebo) et un groupe de personnes vaccinées. Vous soumettez les deux groupes aux coronavirus. Vous comparez ensuite le nombre de personnes qui a attrapé le Covid dans chaque groupe.
Imaginons que le concepteur du vaccin annonce une efficacité de 80% à l'issue de l'étude clinique. Cela signifie qu'il y a eu 80% en moins de gens du groupe des vaccinés qui ont eu la maladie par rapport aux gens du groupe placebo (non-vaccinés).
Ensuite, quand le vaccin est sur le marché et que des millions de gens le reçoivent, on procède à de nouvelles évaluations de l'efficacité, mais cette fois sur un nombre beaucoup plus grand de personnes, jusqu'à plusieurs millions.
Ce schéma ci-dessous issu d'une page de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) résume ce nous venons d'écrire:
2. L'efficacité du vaccin contre une infection Covid baisse mais pas son efficacité contre les formes graves
Des études dans les populations qui ont été menées jusqu'à présent, il ressort que l'efficacité en termes de protection contre l’infection a baissé dans les mois qui suivent l'injection, alors que de nouveaux variants (dont le variant delta) devenaient dominants.
Toutefois, malgré cette baisse (limitée), la protection reste élevée et suffisante en ce qui concerne la protection contre les formes sévères (hospitalisations) et les décès, et en comparaison de l'efficacité de nombreux autres vaccins (par exemple contre la grippe). En France, une vaste étude a comparé les données de 11 millions de personnes vaccinées de plus de 50 ans avec celles de 11 millions de personnes non-vaccinées dans la même tranche d'âge, sur une période allant du 27 décembre 2020 (début de la vaccination en France) au 20 juillet dernier. Elle montre que l'efficacité sur les formes graves de la maladie "ne semble pas diminuer sur la période de suivi disponible, qui allait jusqu'à 5 mois".
Le variant Delta a commencé à se répandre en France fin juin. Cette étude n'a donc pu mesurer l'efficacité contre ce variant que sur une période de 1 mois. Mais les premiers éléments montrent que l'efficacité est restée élevée. "Cette période reste très courte pour évaluer l'impact réel de la vaccination sur ce variant", ont prévenu les chercheurs, qui poursuivent leur étude pour en savoir plus.
Il y a une incertitude qu'il faut accepter
3. L'efficacité à long terme ?
On ne vaccine les populations que depuis moins d'un an. Il est donc évidemment impossible de connaître son efficacité à long terme et il faudra attendre que le temps passe pour pouvoir continuer à mesurer la protection contre l’infection dans les populations.
Il est vrai que les premiers essais cliniques (et donc les premiers milliers de personnes vaccinées dans ces essais) remontent à plus d'un an, mais la plupart des gens (les populations plus large, sur lesquelles on peut mesurer l’efficacité de protection par rapport aux variants qui ont émergé depuis le début des essais cliniques) n’ont reçu ces vaccins qu’à partir du printemps 2021. Dans la durée de la protection du vaccin intervient l'émergence de nouveaux variants qui peuvent changer la donne.
La conclusion du professeur Lucas, et, derrière elle, de la communauté scientifique est qu'on peut difficilement prédire avec exactitude combien de temps le vaccin reste efficace. Il n'est par exemple évidemment pas possible d'établir "une prédiction de la futur efficacité contre des variants qui n’existent pas encore, par exemple", dit-elle. "On peut observer en continu, et alerter quand on a l’impression que la protection baisse avec le temps qui passe, en fonction des observations. C’est une 'incertitude' qu’il faut accepter avec cette maladie qu’on ne connaissait pas il y a 2 ans, et ces vaccins développés depuis un an et demi à peine", prévient-elle.
4. On ne peut pas relier précisément une certaine quantité d'anticorps à un degré d'efficacité du vaccin
On entend souvent des personnes qui craignent de ne plus être suffisamment protégées par le vaccin parce qu'une analyse de sang montre qu'elles ont une faible quantité d'anticorps. Ce n'est pas parce que le taux d'anticorps diminue qu'on n'est plus du tout protégé. Des cellules spéciales appelées cellules-mémoire peuvent réactiver la production des anticorps en cas de nouvelle infection par le virus. Ce qui compte, c’est surtout la protection contre les formes graves de l’infection. Pour en savoir plus sur la question des anticorps, nous vous conseillons cet article Une faible quantité d'anticorps Covid dans le sang permet-elle de prouver que le vaccin n'a pas marché ?