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Xavier Noël, professeur de psychopathologies à l’ULB et membre du FNRS était l’invite de Fabrice Grosfilley ce matin à 7h15 sur Bel RTL. Il lui a demandé s’il était normal qu’on ait tous le moral en berne en ce moment.
Pour lui, c’est évident : "Je pense que la situation est incertaine. On a tous les ingrédients pour faire baisser notre moral : l'incertitude, l'inquiétude, des pouvoirs publics qui tâtonnent entre dire la vérité, protéger les populations, redémarrer l'économie à tout prix, des couacs importants sur le plan organisationnel, une inquiétude pour soi-même et pour les autres qui grandit chez nos citoyens, pas de délai de fin d'épidémie, donc tous les ingrédients pour solliciter de l'inquiétude et de l'angoisse".
Ce climat incertain et cette absence de visibilité renforcent notre stress au quotidien.
"Je travaille sur la manière dont le cerveau traite l'incertitude et dès lors que l'on injecte un peu d'incertitude dans des petites expériences, on voit directement que le cerveau se met en ébullition et provoque une myriade d'émotions négatives. Le tout est de réduire ce sentiment d'incertitude quand on peut le faire. Et quand on ne peut pas le faire, d'agir sur certains leviers pour permettre à ce stress d'être gérable pour la population."
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Peut-on craindre, si le confinement se poursuit, que certaines personnes développent des pathologies mentales plus sérieuses ?
"Les choses ne sont même pas hypothétiques à ce stade. Nous avons un retour d'expériences de confinements, liés notamment aux épidémies SARS ou Ebola ou grippe équine, enfin toute une série d'expériences asiatiques ou africaines. Nous avons aussi l'expérience italienne où on voit de grandes difficultés au niveau des couples, au niveau des violences intrafamiliales. Par exemple, le nombre de divorces en Chine est très important. Le Japon se prépare aussi à la possibilité que quand la situation devient trop difficile à la maison, on puisse permettre à l'un des deux parents de se retrouver seul quelques jours. Donc c'est un phénomène mondial et le risque de stress post-traumatique et d'anxiété durable, de dépression, de troubles du sommeil est très important. Si on souhaite une relance économique, il va falloir tenir davantage compte de la santé mentale de nos concitoyens."