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Le Premier ministre français Jean Castex, accompagné de plusieurs membres du gouvernement, a promis jeudi à la Tunisie l'assistance de Paris pour "accompagner les réformes" dans ce "pays ami" secoué par des crises multiples et mis à genoux par l'épidémie de coronavirus.
Arrivée mercredi soir à Tunis, la délégation française a cependant été immédiatement rattrapée par l'actualité en France puisque la panne massive des numéros d'urgence a contraint le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, et le secrétaire d'Etat au Numérique, Cédric O, à rentrer précipitamment dans la nuit.
Un impondérable qui n'a modifié qu'à la marge le programme de la journée de jeudi, articulée autour de la tenue du 3e Haut conseil de coopération (HCC) franco-tunisien, qui suit ceux de 2017 et 2019.
Au coeur des discussions les plus sensibles: le retour en Tunisie d'une poignée d'individus sur quelques dizaines fichés en France pour radicalisation.
Interrogé sur le renforcement du partenariat sécuritaire conclu jeudi, M. Castex n'a pas voulu "entrer dans les détails" mais, a-t-il ajouté, "cela concerne aussi bien la question des réadmissions des individus radicalisés et condamnés, la maîtrise des flux migratoires, la sécurité dans les infrastructures aéroportuaires et portuaires et la coopération entre nos services".
"Les cadres juridiques permettent la gestion du dossier du retour des Tunisiens en situation irrégulière en France, un retour dans des conditions qui préservent leur dignité et dans un cadre juridique", a assuré son homologue tunisien Hichem Mechichi, qui a accompagné M. Castex au musée du Bardo, théâtre d'un sanglant attentat en 2015 (22 morts, dont 4 touristes français).
Et à propos des départs --selon l'ONU, 15% des migrants arrivant par la mer en Europe sont tunisiens, soit le plus gros contingent--, M. Mechichi a jugé, dans un entretien au Figaro, que "bloquer les migrants sur les côtes tunisiennes ou d'Afrique du Nord, c'est insuffisant ou impossible."
"La meilleure manière de les retenir chez eux, c'est de renforcer le partenariat avec les pays émetteurs", a-t-il plaidé.
- "Opportunités" -
Ce rendez-vous intervenait dans un contexte tendu par les crises structurelles traversées par la Tunisie à tous les plans --politique, social, économique, migratoire-- et encore aggravées par la pandémie.
Lors d'une rencontre économique, M. Castex s'est engagé à "accompagner les réformes engagées par les autorités tunisiennes qui visent à accroître son attractivité et à améliorer le climat des affaires".
"Ces réformes sont importantes pour la Tunisie, pour le peuple tunisien et pour le partenariat franco-tunisien", a souligné le chef du gouvernement français, insistant sur les liens privilégiés entre les deux pays, la France étant le premier partenaire commercial de Tunis.
"En dix ans, la Tunisie a beaucoup changé. Ce changement s'accompagne de menaces mais aussi d'opportunités", a expliqué de son côté le Premier ministre tunisien Hichem Mechichi.
Dans le cadre du partenariat avec ce "pays ami", et alors qu'un rebond de la pandémie de Covid-19 (12.793 décès au 1er juin depuis le début de l'épidémie) a récemment suscité des craintes de pénurie d'oxygène en Tunisie, le gouvernement français est venu les bras chargés de trois générateurs d'oxygène pour les hôpitaux de Sidi Bouzid, Sfax et Tataouine, 18 respirateurs de réanimation, mais aussi 38.000 tests antigéniques ou encore 240.000 masques FFP2. Un bateau doit également acheminer sous huitaine plus de 4,5 millions de masques FFP2.
- Accélérer les vaccinations -
L'urgence est également économique: lourdement endettée, souffrant d'un modèle de développement à bout de souffle basé sur une main-d'oeuvre bon marché, la Tunisie espère du Fonds monétaire international (FMI) un nouveau prêt sur trois ans en contrepartie d'un programme de réformes.
La France, qui "veut encourager" ce programme, s'est ainsi engagée il y a un an à prêter 350 millions d'euros pour appuyer la transformation du pays jusqu'en 2022.
Pour l'heure, 100 millions d'euros ont été versés et la France attend surtout la mise en oeuvre effective des réformes promises pour poursuivre les décaissements.
Autre sujet de préoccupation pour la Tunisie, la faiblesse annoncée de la saison touristique, officiellement ouverte depuis le 29 avril.
Le secteur du tourisme, un des piliers de l'économie tunisienne qui représente autour de 14% du PIB, est l'un de plus touchés par la pandémie de coronavirus.
"On a discuté de la nécessité d'aider la Tunisie pour accélérer le rythme de la vaccination, ce qui permettrait de rendre la destination tunisienne sûre en ce qui concerne le Covid", a promis le chef du gouvernement tunisien.