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Du haut de ses 26 ans, Cassidy Hutchinson, ex-collaboratrice de la Maison Blanche, n'a pas déçu la commission d'enquête sur l'attaque contre le Congrès en dégainant ses accusations contre Donald Trump et en détaillant les responsabilités du président lors de la journée du 6 janvier 2021.
A l'époque, elle était l'adjointe de Mark Meadows, le chef de cabinet du président américain, et son bureau était à quelques mètres du Bureau ovale.
Mardi, la jeune femme a dévoilé les faits et gestes précis de l'ancien président lors de ce jour où la démocratie américaine a tremblé. Les opposants au milliardaire espèrent désormais que ce témoignage débouchera sur des poursuites pénales.
"C'est une preuve irréfutable" qui établit "une accusation fondée de sa culpabilité dans des poursuites pour sédition", a indiqué dans le New York Times Sol Wisenberg, un ancien collaborateur du procureur Kenneth Starr lors du procès en destitution de Bill Clinton.
Devant les élus, Cassidy Hutchinson a dépeint un président incapable d'accepter sa défaite et prêt à tout pour rester au pouvoir. Elle a aussi offert ce qui manquait à la commission jusqu'ici: un témoignage direct que Donald Trump savait que ses accusations de fraudes électorales étaient fausses et que, conscient des potentielles violences de la part de ses partisans, il les a encouragés à marcher sur le Congrès.
- Vaisselle cassée -
Le 6 janvier, il aurait ainsi essayé sans succès de prendre le volant de la voiture présidentielle à un agent de son service de protection pour se rendre au Capitole.
Pour David Greenberg, professeur de journalisme à l'université Rutgers-New Brunswick, les déclarations de la jeune femme sont "fascinantes et révélatrices".
L'Histoire retiendra "sa description frappante du ketchup coulant sur le mur et de la vaisselle cassée, conséquence d'un accès de colère de M. Trump", dit-il à l'AFP.
Elle a aussi, selon lui, montré que M. Trump "était prêt à lâcher des manifestants armés sur le Capitole".
Cassidy Hutchinson a expliqué que l'ex-président savait que ses partisans étaient armés quand il les a appelés à marcher sur le Congrès et à "se battre comme des diables" pour empêcher les élus de certifier la victoire de Joe Biden.
Son témoignage est "crédible, effrayant et très préjudiciable pour l'ex-président et ses alliés", a estimé Mike Hernandez, analyste politique pour la chaîne de télévision Telemundo 51.
"Même si cela ne va pas changer l'opinion des républicains, cela pourrait convaincre certains de ne pas faire de M. Trump le candidat du parti pour 2024", a-t-il ajouté à l'AFP.
L'assaut contre le Capitole a été qualifié de spontané, mais la jeune femme a souligné que les projets de Donald Trump de rejoindre ses partisans était prémédités.
Le conseiller juridique de la Maison Blanche Pat Cipollone lui aurait dit de s'assurer que le convoi présidentiel ne quitterait pas la présidence, car sinon ils seraient "poursuivis pour tous les crimes possibles".
Certains médias américains ont rapporté que les agents de protection du président présents dans la voiture pourraient démentir son récit devant la commission.
- "Elle a tout vu" -
Avant son apparition devant la commission, Cassidy Hutchinson était inconnue du grand public.
Sa loyauté envers l'ex-président républicain ne semble pas remise en question. Donald Trump a lui-même affirmé qu'elle était "une grande fan de Trump bien après le 6 janvier".
Née dans le New Jersey, elle a suivi des études de sciences politiques en Virginie avant de travailler comme assistante parlementaire auprès d'élus républicains.
Elle a intégrée le service des affaires parlementaires de la Maison Blanche puis, en mars 2020, a rallié l'équipe de Mark Meadows.
Grâce à ses rapports quotidiens avec les élus et les responsables de la Maison Blanche, elle était "en position de connaître beaucoup de choses au sein" de la présidence, a expliqué Liz Cheney, élue républicaine membre de la commission.
Alyssa Farah Griffin, ancienne directrice de la communication de la Maison Blanche, a expliqué sur CNN qu'elle connaissait personnellement la plupart des responsables du parti républicain au Congrès.
"Elle leur envoyait des textos, donc elle a tout vu", a-t-elle dit.
Donald Trump, au contraire, a dénoncé mardi sur son réseau social Truth Social le témoignage "complètement bidon" d'une collaboratrice "de rang inférieur".