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Contraints par le gouvernement à se restructurer et réduire leurs coûts, les organismes HLM tiennent de mardi à jeudi leur congrès annuel, lors duquel il essaieront de démontrer l'utilité du logement social tout en s'interrogeant sur la réforme de leur modèle économique.
Du 9 au 11 octobre, l'Union sociale pour l'habitat (USH), qui fédère les quelque 720 organismes du secteur, réunira son 79e congrès, intitulé "Demain les HLM".
Par ce titre, la confédération s'affiche tournée vers l'avenir à l'issue d'"une année qui n'a pas été calme pour les organismes", selon les termes de sa directrice générale, Marianne Louis.
"On est devant des organismes qui sont bousculés", disait-elle en septembre lors d'une présentation du congrès. "Ils ont eu l'impression d'un seul coup qu'ils ne faisaient plus partie du pacte républicain".
Quelques mois après l'élection au printemps 2017 d'Emmanuel Macron, le gouvernement a engagé une réforme des HLM par deux canaux: via des économies prévues par le budget de l'Etat, à hauteur de 1,5 milliard d'euros par an, et via une loi sur le logement, dite "Elan", qui impose une réorganisation dont notamment un regroupement des organismes les plus petits.
Alors que la loi logement est en train de passer sa dernière ligne droite parlementaire, les économies budgétaires sont déjà d'actualité. Le gouvernement a notamment imposé aux bailleurs de réduire de quelque 800 millions l'ensemble de leurs loyers, afin de rendre indolore pour les locataires une baisse de même ampleur des APL dans le logement social.
Cette baisse, dite "réduction du loyer de solidarité" (RLS), est reconduite pour l'an prochain par le nouveau budget et le gouvernement veut la doubler en 2020.
La période "marque un tournant pour les sociétés HLM", reconnaît auprès de l'AFP Daniel Biard, vice-président de la fédération des Entreprises sociales pour l'habitat (ESH), l'une des deux plus grandes familles du secteur avec les offices publics des collectivités.
"C'est ressenti par un certain nombre d'organismes comme la fin d'une époque", ajoute-t-il.
- Un congrès "plus calme" -
La résignation après la colère? Voici un an, l'ambiance était agitée: le budget 2018, confirmant les économies imposées au secteur, était tombé en plein congrès et le secrétaire d'Etat à la Cohésion des Territoires, Julien Denormandie, avait subi des huées lors de son discours de clôture.
"Ca va être beaucoup plus calme, ce sera apaisé", promet Laurent Goyard, directeur général de la fédération des Offices publics de l'habitat (FOPH).
Pour autant, il annonce "tout un travail politique" pour défendre les positions du monde des HLM alors que plusieurs membres du gouvernement seront présents et que le congrès sera cette année clos par Jacques Mézard, ministre de la Cohésion des Territoires.
"On aura beaucoup de débats sur +à quoi sert le logement HLM ?+", souligne M. Goyard.
Le mercredi après-midi s'ouvrira ainsi sur une séance "Les HLM, une chance pour la France" en présence de l'économiste Pierre Madec, grand défenseur du logement social, dont une étude ouvre le rapport préliminaire au congrès.
Si les bailleurs sociaux veulent faire la preuve de leur utilité, plusieurs débats témoignent des interrogations sur leur modèle économique: de l'avis général, la vente de HLM, que l'exécutif veut encourager, ne suffira pas à compenser leurs économies.
"Le point de faiblesse du monde HLM, c'est qu'il a fallu ce gros coup de pied pour le faire bouger", admet auprès de l'AFP Yannick Borde, directeur général de Procivis, qui regroupe une petite famille du secteur, les sociétés anonymes coopératives d'intérêt collectif pour l'accession à la propriété (Sacicap).
Le mercredi matin, un débat, en présence de M. Borde, se demandera comment concilier l"objectif social" de loyers moins cher avec "l'objectif économique" des bailleurs. Le jeudi, une séance sera consacrées aux perspectives des organismes HLM en tant qu'"entreprises".
"Le problème c'est que, si vous regardez l'ensemble du secteur, il n'y a pas beaucoup de réponses et pas beaucoup d'idées", conclut auprès de l'AFP André Yché, président du directoire de CDC Habitat, filiale immobilière de la Caisse des dépôts, l'institution publique qui finance le logement social par l'argent du livret A. "Il y a une sorte d'attitude qui consiste à dire +attendons un an, deux ans, trois ans, on verra bien+".