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Une personne sur trois parmi les étudiants et les professeurs confie avoir déjà été victime de harcèlement moral dans l’enseignement supérieur, à l’université ou en Haute École.
On parle souvent du harcèlement dans le milieu scolaire, il touche aussi visiblement l'enseignement supérieur. Une enquête scientifique révèle aujourd'hui qu'une personne sur trois parmi les étudiants et les professeurs avoue avoir déjà été victime de harcèlement moral. Aucune enquête scientifique de cette ampleur n'avait encore été réalisée.
Une personne sur trois, victime de harcèlement moral à l'université ou en haute école, Un chiffre qui vous surprend beaucoup. "C'est perturbant de se dire que dans notre groupe aujourd'hui on est cinq, ça veut dire qu'il y en aura au moins un sur nous qui est victime de ça", réagit un étudiant.
"Le chiffre est assez choquant, on ne s'imagine pas que ça peut prendre une telle proportion", lance une étudiante.
Cette grande enquête scientifique a été commandée par l’ancienne ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny. Alors, de quoi parle-t-on exactement ? Dans la plupart des cas, de harcèlement moral mais aussi de violence sexuelle ou encore de sexisme, c'est le cas d'une personne sur quatre.
Parmi les 13.000 répondants: étudiants, doctorants et membres du personnel de l'enseignement supérieur
- 33,8 % rapportent avoir été victimes de harcèlement moral de la part d'une autre personne de leur établissement
- 8,4 % se disent victimes de violences ou de cyberviolences
- 29,7 % de violences sexistes et sexuelles
- 27 % de harcèlement sexiste
- 14,9 % d'un comportement sexuel non voulu
- 1,8 % de chantage sexuel en retour d'avancements professionnels ou académiques
- 1,3 % de viol.
"J'ai souvent vu pendant les cours des moqueries ou alors des mises à l'écart", se remémore une étudiante. D’autres jeunes pointent : "Des profs qui auraient été plus gentils avec des garçons que des filles" ou "dans des groupes étudiants, certaines agressions envers des filles".
Du harcèlement entre étudiants mais aussi entre élèves et professeurs. Selon l'étude, quatre étudiants sur dix précisent que l'auteur de harcèlement moral était un enseignant. L'inverse existe aussi.
"Au niveau prof-étudiant, on s'attend à ce que ce soit surtout des professeurs qui harcèlent des étudiants. Et en fait, dans mes chiffres, à moi en tout cas, c'est quasiment égalitaire", explique Magali Thonon, psychologue au service "affaires étudiantes" de l’ULiège.
Magali reçoit dans son service d'écoute des étudiants victimes. Ils sont encore très peu nombreux à venir se confier: "Il y a plein de phénomènes pour expliquer cela. Je pense qu'il y a des personnes qui ne se reconnaissent pas victimes. Ce n'est pas toujours facile de reconnaître qu'on est victime de quelque chose. Il y a des personnes qui ont peur des représailles. Il y a des personnes qui n'ont pas confiance dans le système", détaille-t-elle.
Du harcèlement et des violences avec parfois des conséquences directes sur le parcours académique. "On remarque aussi des comportements d'évitement. Des personnes qui vont moins aux cours ou ne vont pas à certains cours parce que ce sont des cours dans lesquels ils sont confrontés à la personne qui les ennuie, etc."
Premier réflexe à avoir dans ces cas-là : en parler. Et pour les établissements: agir sur la prévention. Des mesures peuvent aussi être prises, comme éviter les examens oraux entre étudiants et professeurs, voire imposer un éloignement.