Partager:
Un cortège de quelque 5.500 militants, d'après la police, s'est élancé lundi matin à travers Bruxelles, pour exprimer sa solidarité avec les travailleurs et sous-traitants d'Audi Brussels, dont le futur reste incertain depuis l'annonce d'une restructuration début juillet.
Partis du siège de la Confédération européenne des syndicats peu avant 10h30, sous un ciel gris et dans un concert de pétards, les manifestants se dirigent actuellement vers la place du Luxembourg, où plusieurs prises de parole sont prévues. "Après des années de profits records, on veut nous faire payer la crise, mais nous ne l'accepterons jamais !", s'est indigné Sor Hillal, secrétaire général des Métallos FGTB, devant une foule brandissant des banderoles "L'industrie est à nous" ou "Nous ne sommes pas à vendre".
Le syndicaliste a également critiqué le "silence politique, belge mais aussi européen", le qualifiant d'"attaque" contre la classe ouvrière. "Préserver l'emploi industriel, c'est préserver des vies, préserver des droits ainsi qu'une vision plus égalitaire de notre société. La désindustrialisation et les fermetures d'usines ne sont pas simplement des pertes pour les travailleurs d'usines et leurs sous-traitants, elles sont des pertes de capacités de se projeter vers l'avenir, une perte de capacité à se partager de la richesse mais aussi un terreau pour la montée de l'extrême droite", a clamé M. Hillal.
"Quand une usine ferme, ce sont des milliers d'emplois directs et indirects qui sont menacés, c'est une descente aux enfers pour des familles qui perdent leur moyen de subsistance. Nous ne sommes pas des numéros dans un bilan comptable mais des producteurs de richesse avec des compétences et une ambition pour notre avenir. Il faut être clair: l'avenir se fera avec les travailleurs où il n'y aura pas avenir", a-t-il poursuivi. "Face à la logique des actionnaires et du profit à court terme, notre réponse doit être un cri de résistance: l'industrie est à nous ! Aujourd'hui cette manifestation constitue un premier signal vers les responsables politiques, si nous ne sommes pas entendus, nous reviendrons", a prévenu M. Hillal avant que le cortège ne se mette en branle.
Au-delà du cas spécifique d'Audi, le front commun syndical entend alerter sur la situation de l'industrie européenne, confrontée à une concurrence internationale de plus en plus féroce. "On est pris en étau entre les Etats-Unis avec ses mesures et autres primes visant à attirer les emplois sur le continent et la Chine qui produit à plus bas coût. L'Europe, de son côté, laisse le marché s'auto-réguler, ce qui ne fonctionne pas", a analysé Grégory Dascotte, délégué FGTB, appelant à une "véritable politique industrielle pour préserver les emplois".