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Une résidence pour personnes vulnérables a été fermée dans le Tournaisis mercredi dernier, après plusieurs plaintes pour maltraitance. Il s'agissait d'une résidence non agréée. Suite à ces révélations, nous avons recueilli le témoignage d'une femme qui a travaillé quelques mois dans cette structure. Et ce qu'elle a vu et vécu dépasse l'entendement...
Le centre "Les Aquarelles" à Hertain, dans l'entité de Tournai, a été fermé mercredi dernier après des plaintes pour maltraitance. Il s'agit d'une résidence qui accueillait des adultes souffrant de troubles psychiatriques, mais elle ne disposait d'aucun agrément pour exercer.
Suite à ces révélations, les langues se délient... Et nous avons recueilli le témoignage anonyme d'une femme qui a travaillé durant quelques mois dans cette structure. Elle fait état de maltraitance d'un point de vue alimentaire. "Il n'y avait pas assez de nourriture, en termes de quantité, pour le nombre de résidents et leur besoin. Et les aliments choisis n'étaient pas nutritifs du tout", confie-t-elle.
Elle explique aussi avoir été témoin de maltraitance qu'elle estime verbale. "C'est quelqu'un qui n'hésitait pas à dénigrer le patient volontairement et à le traiter d'animal, de bête... Comme si c'était les derniers des idiots et qu'ils n'étaient pas en mesure de comprendre ce qu'on leur adressait comme jugement."
Elle dénonce aussi "l'utilisation des patients pour la réalisation de différents travaux techniques de la résidence" alors que ces personnes souffraient psychologiquement. Selon cette témoin, les résidents devaient donner "un coup de main pour nettoyer les sanitaires et les douches. S'il fallait solutionner un problème dans la fosse septique, ce qui est quand même assez toxique, on n'hésitait pas à les y envoyer. Je crois qu'il a confondu autonome avec un service d'homme à tout faire pas cher."
Il exerce une certaine pression psychologique, du harcèlement
Notre interlocutrice et ses collègues font bloc. Elle dénonce les manquements au directeur, mais il ne veut rien entendre, tout comme son père, propriétaire des lieux. "Il a des comportements où il exerce une certaine pression psychologique, du harcèlement. Vous perdez peu à peu l'appétit parce que ce n'est pas évident d'aller travailler dans des conditions pareilles. Mais vous y allez parce que vous savez que les patients ont besoin de vous et ça reste une motivation", glisse-t-elle.
La même famille exploitait autrefois une maison de repos qui avait dû fermer en 2021, déjà pour des faits de maltraitance. L'enseigne employée espère cette fois une sanction définitive. "Il ne faut pas laisser des gens comme eux se réinsérer dans un secteur social, dans l'accompagnement, dans l'aide aux personnes fragilisées. Il faut trouver une solution pour que ces personnes aient vraiment une déchéance d'exercer, je pense."
En raison d'un flou juridique, les maisons d'accueil pour adultes souffrant de troubles psychiatriques exercent durant quelques temps illégalement avant d'être pleinement reconnues. Profondément marquée par son expérience, notre témoin appelle de ses vœux un changement du décret wallon qui encadre le secteur.