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"Mercredi noir" dans les écoles de Wallonie et Bruxelles: "L'enseignement, ce n'est pas faire de l'argent"

Les enseignants en colère protestent ce mercredi lors d’un "mercredi noir" marqué par des arrêts de travail et des actions en Wallonie et Bruxelles. Les syndicats dénoncent la fin des nominations au profit de CDI, jugés coûteux et idéologiquement motivés. Une grève massive est prévue le 27 janvier.

Les enseignants protestaient ce mercredi. Alors qu'une grève importante est annoncée le 27 janvier, avec une action dans la rue, les professeurs de la fédération ont profité du traditionnel "jour de comptage" pour exprimer leur colère.

C'est le jour où l'on recense les élèves dans les classes, partout, pour déterminer ensuite le nombre de professeurs financés dans chaque école. 

Ce "mercredi noir", comme l'ont baptisé les syndicats, fut marqué par des arrêts de travail dans de nombreuses écoles de Wallonie et de Bruxelles. Des actions locales étaient aussi programmées par les différentes régionales syndicales.

Ainsi, à Liège, un rassemblement d'une cinquantaine de personnes a eu lieu devant le siège de Engagés, parti de la coalition Azur au pouvoir. Problème : aucun membre des Engagés ne s'est présenté, ce mercredi, au bureau liégeois.

En province de Luxembourg, les enseignants ont été invités à se vêtir de noir en signe de deuil. Des actions ont aussi eu lieu à Charleroi et dans le Brabant wallon. 

Les enseignants louviérois ont mené une action symbolique en front commun sur la Place Maugrétout à La Louvière où un lâcher de ballons noirs a été organisé. Les enseignants ont ainsi montré leur "humeur noire" face aux nombreuses mesures que le gouvernement azur en Fédération Wallonie-Bruxelles a déjà envisagées.

"Ca va bouger dans toute la Fédération sous différentes formes, soit au moyen d'assemblées générales, soit via des rassemblements", commentait Roland Lahaye, le secrétaire-général de la CSC-Enseignement.

Les enseignants pointent notamment les coupes budgétaires à tous les niveaux, la rationalisation de l'enseignement qualifiant, la fin des nominations et l'atteinte aux statuts, le manque de concertation et de considération des différents acteurs, notamment les organisations syndicales, les Fédérations de PO, les Associations de parents. La diminution de l'encadrement dans l'enseignement qualifiant et la disparition de 7e en technique de qualification sont également pointées du doigt par les enseignants qui craignent très nombreuses pertes d'emplois à tous les niveaux. 

L'enseignement ce n'est pas faire du chiffre et faire de l'argent

Une enseignante rencontrée lors de la mobilisation à La Louvière nous explique que, selon elle, son secteur n'est pas reconnu d'utilité publique par le gouvernement: "Des économies, certainement qu'il faut en faire. Maintenant les mesures sont là, mais je pense qu'il faut essayer de venir voir sur le terrain comment ça se passe avant de dire on veut faire des économies. L'enseignement ce n'est pas une entreprise. Je suis prof d'économie, je suis prof de comptabilité, je sais c'est quoi la rentabilité. La rentabilité dans l'enseignement ce n'est pas normal. Tout le monde a droit au même enseignement. Il n'y a pas d'écoute à faire parce qu'on a décidé que certains élèves ont plus le droit d'aller dans l'enseignement correct que d'autres. Pour moi ce n'est pas normal. La rentabilité de l'enseignement ce n'est pas ça qui est prévu. L'enseignement ce n'est pas faire du chiffre et faire de l'argent", réagit-elle.

Certains étudiants impactés par la réforme étaient présents aux côtés de leurs enseignants: "Mon diplôme s'arrêtera là. Je ne pourrai pas faire d'études au-dessus. Si je me dis que là, je vais aller en social pour faire éducateur ou autre chose, je ne pourrai pas. Je devrais garder mon diplôme d'art, sauf que c'est assez flou pour avoir un métier. Je ne sais pas quel débouché je peux avoir en ayant uniquement ce diplôme. Ce sera assez compliqué", s'inquiète l'un d'eux.

Mardi matin, la ministre a d'ailleurs à nouveau rencontré les syndicats pour évoquer les mesures visant le qualifiant mais sans apaiser nullement le climat tendu.

"C'est un dialogue de sourds!", peste Roland Lahaye. "La ministre nous dit qu'il n'y aura pas de pertes d'emplois mais elle ne dit pas toute la vérité. Il est clair qu'il n'y aura pas moyen de retrouver de l'emploi pour tout le monde. Le monde de l'enseignement qualifiant est tellement spécifique. On ne peut pas dire à un prof de menuiserie d'aller demain donner cours en mécanique!".

Outre ce "mercredi noir", les syndicats organiseront à nouveau des arrêts de travail et des assemblées générales dans les écoles la semaine prochaine pour informer leurs affiliés de la fin annoncée de la nomination des enseignants cette fois-ci.

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