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Alors que dix ans plus tôt, la rédaction satirique de Charlie Hebdo était attaquée par un commando djihadiste, les pratiques de certains caricaturistes se sont adaptées. Le célèbre dessinateur de presse Plantu avoue devoir modifier "un tout petit détail" pour ne pas tomber sous le feu des "attaques de haine" sur les réseaux sociaux.
Dix ans après l'attaque islamiste sur la rédaction de Charlie Hebdo, comment a évolué la pratique des caricaturistes ? Nous avons posé la question à Plantu, dessinateur durant de nombreuses années pour le journal Le Monde. Il estime que la grande différence dans la perception de son travail se trouve dans la croissance des réseaux sociaux.
Il évoque la mort de Kurt Westergaard, dessinateur danois qui avait caricaturé Mahomet : "Je reviens au dessin de 2005, dans le Jyllands-Posten, ce n'est que six mois après, en 2006, qu'il y a eu la polémique, et pourquoi il y a eu la polémique ? Parce qu'il y a eu des fondamentalistes en Égypte, en Jordanie, qui ont fait monter la sauce en disant +Ah oui, mais ils ont fait ça+", explique Plantu. "Nos libertés sont sous le feu des projecteurs des réseaux sociaux."
Plus haineux que positifs
Le dessinateur estime donc que la part jouée par les réseaux sociaux est non négligeable, et en tout cas, négative. "Ils sont quand même plus haineux que positifs. Ce sont des accélérateurs de haine", juge le dessinateur qui a tout de même essayé de s'y inscrire. "J'ai mis un pied dans la porte pour comprendre comment ça se passait, et ça m'apprend beaucoup sur les dérives de la société", apprend-t-il.
À cause de cette omniprésence de plateformes sociales en ligne, les informations, vraies ou fausses, se répandant davantage et plus rapidement. Plantu développe sa méthodologie : "Quand je comprends à quel point il y a parfois un regard mal intentionné, je l'imagine dans ma tête, je me dis "Ah oui, d'accord!". Je change un tout petit détail à mon dessin qui fait que je ne tomberai pas sous une attaque de haine qui peut s'organiser".