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Conducteur de train sur mesure. Un métier méconnu et encore majoritairement masculin. Pas question ici de transporter des voyageurs, dans ce cas, le train sert à contrôler l'état du réseau ferroviaire. Nous avons rencontré Nathalie, une des rares femmes à exercer ce métier.
C'est dans un bruit assourdissant que Nathalie Colleaux commence sa journée. Au pied de son train, elle inspecte le moteur, les roues, les freins. Pas question de lancer la machine avant de s'être assurée de son bon fonctionnement.
"Il y a une responsabilité. Et pour notre sécurité, et pour la sécurité des autres autour de nous et du trafic. Il y a ça en priorité, mais c'est vrai qu'à force de vérifier comme ça tous les jours, c'est un peu comme si on prenait soin presque de sa propre voiture", explique-t-elle.
Une voiture atypique, constituée d'un seul wagon, anguleuse et munie de drôles de capteurs: il s'agit d'un train de mesure.
"Je suis conductrice de train, un peu comme les trains voyageurs, mais en même temps différents, puisque moi je ne transporte pas de gens, pas de public en tout cas. Je prépare les trains, je fais des parcours en train, des parcours qui visent à utiliser des systèmes de mesure, qui vérifient un petit peu la sécurité du réseau", précise notre interlocutrice.
Au lieu des voyageurs, la conductrice transporte une sorte de bureau mobile. Ses ordinateurs recueillent les données enregistrées à chaque trajet.
Sur ces derniers, on peut voir l'usure des rails et une partie de la position des voies. Johan Vekemans, chef d'équipe des trains de mesures donne plus de précisions: "Mais on mesure bien d'autres choses avec ce train. Par exemple, on prend des vidéos des rails pour que nos collègues spécialistes puissent analyser ça d'une façon visuelle."
"C'est comme si je partais en vacances tous les jours"
Infrabel possède quatre trains de mesure comme celui-ci. Des laboratoires ambulants qui parcourent chaque année les 6.500 kilomètres de voie principale du rail et s'assurent de leur bon état.
De mesure en mesure, Nathalie explore ainsi toute la Belgique aux manettes de sa locomotive: "On va jusqu'à la mer, à Ostende, à Blankenberge. Dans l'autre sens, on va jusque dans les Ardennes. Il y a certains parcours où c'est un peu comme si je partais en vacances tous les jours."
Une vocation de cheminot, arrivée sur le tard. Il y a encore trois ans, Nathalie était psychothérapeute, mais le confinement l'a privée de ses clients et obligée à envisager une reconversion.
"Mon fil rouge, la chose qui a toujours été importante pour moi dans toutes les activités professionnelles que j'ai eues, c'est que j'aime bien aller chercher ce qui coince pour pouvoir le décoincer et qu'après le mouvement soit fluide à nouveau", analyse-t-elle.
Un métier de mouvement qui manque encore de machinistes. Cette année, 30 postes de conducteurs de trains de travaux sont à pourvoir chez Infrabel.