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Dans son dernier livre, le psychopédagogue et professeur à l’université de Mons, Bruno Humbeeck, explore l’art de redécouvrir l’émerveillement. Un antidote, selon lui, à la morosité ambiante et une clé pour cultiver un équilibre émotionnel face à un monde souvent perçu comme oppressant.
L’émerveillement, un art souvent oublié à l’âge adulte, est au cœur de la réflexion de Bruno Humbeeck. À travers son livre, "Eduquer à l'émerveillement", il invite à ralentir, contempler et cultiver la sensibilité pour renouer avec cette capacité essentielle. Mais l’auteur reste lucide : le monde n’est pas toujours propice à cette quête.
Conscient des critiques qui pourraient lui être adressées, il répond avec franchise à ceux qui le taxeraient d’idéaliste ou de "bisounours".
"Ceux qui me disent ça, je les renvoie au livre que j'ai écrit juste avant, consacré aux violences du monde. Je ne suis pas dupe de la qualité du monde actuel, qui est un monde qui pousse à la morosité ", affirme-t-il.
Comprendre le mécanisme de l’anxiété
Bruno Humbeeck explique que notre cerveau joue un rôle clé dans la manière dont nous percevons et digérons les informations négatives. Il met en lumière le fonctionnement du gyrus frontal, une partie du cerveau qui sélectionne et filtre les informations pour éviter qu’elles ne deviennent trop envahissantes. "Si je vous dis qu'on est tous mortels, qu'on va mourir on ne sait pas quand et que nos proches vont mourir aussi, je plombe l'ambiance", illustre-t-il.
Cependant, face à un bombardement continu d’informations anxiogènes – notamment via les réseaux sociaux et le scrolling incessant –, cette barrière naturelle s’effondre, laissant place à une vision morose et anxieuse du monde.
Nourrir l’émerveillement pour rééquilibrer
Plutôt que de nier la réalité, Bruno Humbeeck propose une autre voie : nourrir activement l’émerveillement. "Plutôt que dire 'ne soyez pas anxieux, le monde est merveilleux', ce qui serait une posture de bisounours, nourrissons aussi l'autre partie, celle qui nous permet de nous émerveiller", explique-t-il.
Loin d’un simple optimisme naïf, il prône un rééquilibrage émotionnel. "L’anxiété est déjà trop nourrie, et chez un être humain, tout ce que vous nourrissez grossit", ajoute-t-il. Pour Humbeeck, cultiver l’émerveillement, c’est donc offrir à notre esprit une bouffée d’air face à la saturation des pensées négatives.
Bruno Humbeeck invite ainsi chacun à faire une place à la contemplation et à ralentir pour reconnecter avec la beauté du quotidien. Une démarche accessible, mais qui demande un effort conscient dans un monde où la surinformation et l’urgence prédominent.