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La coupole d’Helfaut a servi de base de lancement au missile V2, l’arme ultime d’Hitler, durant la Seconde Guerre mondiale. Entre ombre et lumière, voici l'histoire méconnue et secrète des bunkers nazis français…
"On est au pied du dôme en béton qui mesure 71 mètres de large et qui pèse 55 mille tonnes de béton armé. Il protégeait la salle de préparation au tir, les 50 fusées qui devaient être envoyées chaque jour en direction de l’Angleterre", explique Philippe Queste, historien et directeur du site de la Coupole d’Helfaut. Ce dôme de béton moulé sur le sommet d’une carrière de craie protège la première base souterraine allemande de fusées V2.
Le chantier débute en septembre 1943. Deux catégories d’hommes se croisent : les ouvriers allemands surpayés et les travailleurs forcés. "Ici, on est dans la carrière. On voit bien le coup et les traits d’outils faits par les mineurs allemands. C’étaient eux qui étaient recrutés en Allemagne pour creuser. Avec eux, il y avait d’autres travailleurs, des prisonniers de guerre qui étaient chargés d’évacuer les matériaux", montre Philippe Queste.
Boue et humidité
Les ouvriers travaillent sous terre, là où l’obscurité et l’humidité saturent les tunnels : "C’est un travail dans la boue, dans la craie, dans l’eau et dans l’humidité qui tombe sur le peu de vêtements qu’avaient les travailleurs. C’est toujours assez émouvant de revenir sur ces lieux". Dans ces sous-sols, le danger d’effondrement est constant.
Quarante mètres plus haut se trouve la coupole, un véritable bouclier protecteur. "On a, à peu près, 5,50 mètres de béton armé, ce qui va permettre de résister à n’importe quelle bombe, y compris les Tallboy qui font 6 tonnes", confirme l’historien. La coupole d’Helfaut abritait la zone de développement du missile V2, l’arme ultime d’Hitler.
C'est complètement inarrêtable
"C’est la première fusée dans l’histoire", affirme Philippe Queste. "C’est le premier missile balistique qui sort de l’atmosphère et qui est composé d’une charge 740kg dans la tête. Elle décolle avec 25 tonnes de poussée, c’est un moteur qui est très puissant qui monte à 90 km d’altitude. Les moteurs fonctionnent pendant une minute, puis redescendent vers sa cible à la vitesse de 3.500 km/heure. C’est complètement inarrêtable".
Repérée par des photos aériennes, la coupole d’Helfaut subit des bombardements intensifs. Détruit, le site n’est plus opérationnel… Mais les essais ne s’arrêtent pas là.
Éperlecques et son administration belge
Le bunker d’Éperlecques, à quelques kilomètres de là, complète ce dispositif destiné à changer le cours de la guerre. Les Allemands déportent ici des condamnés, anciens résistants ou réfractaires, dont de nombreux Belges. L’administration militaire de la région se trouvait à Bruxelles.
Le bunker d’Éperlecques est détruit le 27 août 1943. Winston Churchill ordonne un bombardement massif de l’infrastructure. "C’était quelque chose d’apocalyptique. 366 bombes vont être larguées en moins d’une heure", dit Hubert de Mégille, propriétaire et gérant du Blockhaus d’Éperlecques.
Pourtant, la construction de l’infrastructure nazie se poursuit malgré tout, mais le débarquement de Normandie met à mal les plans du régime Nazi. "Aucun des deux V2 ne partira de France, ils partiront des Pays-Bas sur des bases mobiles", ajoute Hubert de Mégille.
Objectif Lune
L’histoire du missile balistique V2 ne s’arrête pas là. Son inventeur, l’ingénieur nazi Werner von Braun se vend en 1945 aux Américains.
Son arme de destruction sert alors de prototype pour développer le programme spatial des États-Unis. Les missiles V2 sont à l’origine de la fusée Saturne V qui emmène Neil Armstrong sur la Lune !