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L'ancien ministre des Affaires étrangères réfute tout lien avec ses mandats politiques.
Visé par une enquête judiciaire, l'ancien commissaire européen belge Didier Reynders a rejeté vendredi la qualification pénale de blanchiment portée à son encontre.
Par la voix de son avocat André Renette, M. Reynders promet de fournir au magistrat en charge de l'enquête "les explications utiles et relatives à la gestion de son patrimoine privé".
Selon son conseil, les mandats politiques qu'il a exercés ne sont en rien concernés par l'affaire. "La qualification pénale donnée aux faits telle qu'elle est présentée dans la presse est donc formellement contestée, tant en fait qu'en droit", indique Me Renette dans un communiqué où il rappelle également le principe de la présomption d'innocence.
L'avocat précise par ailleurs que M. Reynders ne s'exprimera pas publiquement sur le contenu du dossier "à ce stade", dans le respect des règles de la procédure et de l'exercice de ses droits de la défense, conclut le communiqué.
Rappel des faits
Didier Reynders, visé par une enquête pour blanchiment d'argent, devrait, d'après les informations récoltées par la RTBF, s'expliquer face aux enquêteurs sur l'origine d'un montant suspect d'environ 1 million d'euros.
L'ancien ministre et commissaire européen à la Justice est soupçonné d'avoir acheté des "e-tickets", soit des bons de 1 à 100 euros, achetables dans tous les points de vente et transférables sur un compte de jeu logé à la Loterie nationale.
Selon l'enquête préliminaire, il semble que les achats de tickets de loterie aient été effectués en partie en cash. Les gains auraient été versés sur le compte numérique de l'ancien ministre à la Loterie nationale, et ensuite transférés sur son compte à vue.
Didier Reynders aurait dépensé environ 200.000 euros en tickets de loterie, payés exclusivement en espèces, sur une période de cinq ans. Cela représente une somme importante et inhabituelle pour ce type d'achat, ce qui a éveillé des soupçons.
En parallèle, environ 800.000 euros en e-tickets de loterie et en espèces auraient été déposés sur des comptes bancaires par petites sommes étalées sur une période d’environ 15 ans, ce qui n'est pas passé inaperçu non plus. La Loterie Nationale a dès lors effectué un signalement auprès des autorités compétentes pour des suspicions de blanchiment d'argent, a indiqué l'organisme public de jeux de hasard. Ce signalement a débouché sur l'enquête concernant l'ancien commissaire européen.
Actuellement, Didier Reynders est toujours présumé innocent et n'a pas été inculpé. Comme l'enquête porte sur une période où le libéral était ministre fédéral puis commissaire européen, Didier Reynders jouit d'une immunité, même s'il n'est plus aujourd'hui chargé d'aucun mandat, explique Le Soir. Cette immunité n'empêche pas l'ouverture de l'enquête et la tenue des perquisitions, mais elle exclut à ce stade toute privation de liberté.