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"Dans un État de droit digne de ce nom, même le pire des criminels a des droits", a écrit Me Emmanuel Plasschaert au sujet du transfert de Salah Abdeslam vers la France, dans une lettre adressée à ses consœurs et confrères, comme le relate Le Soir dimanche. Le bâtonnier de l'Ordre francophone du barreau de Bruxelles est pour le moins interpellé par cette décision des autorités belges de transférer le terroriste vers la France, bien qu'un arrêt de la cour d'appel de Bruxelles ordonne, provisoirement, qu'il soit maintenu en détention en Belgique.
"En sommes-nous revenus au temps où, lorsque le prince n'est pas satisfait d'une décision de justice, il s'en affranchit au lieu d'exercer une voie de recours?", a écrit le bâtonnier. "Après la déplorable désinvolture dont l'État fait preuve depuis des années dans la publication des places vacantes au sein de la magistrature et des services administratifs, après la scandaleuse non-exécution de milliers de décisions de condamnation prononcées par les cours et tribunaux dans le cadre de la crise de l'asile, il faut désormais constater que lorsqu'une cour d'appel prononce, à l'issue d'un débat contradictoire, une interdiction à charge de l'État, il n'en tient pas compte."
Ce constat d'étonnement, à tout le moins, du bâtonnier Plasschaert, est partagé par l'Association syndicale des magistrats (ASM).
Mercredi, Salah Abdeslam a quitté la prison de Haren et a été remis aux autorités françaises à la frontière, après quoi il a été incarcéré dans une prison en région parisienne. Le terroriste avait été prêté par la France à la Belgique afin de comparaître au procès des attentats du 22 mars 2016, sous la condition d'être ensuite ramené en France. Mais en octobre, la cour d'appel de Bruxelles a "suspendu temporairement" le retour d'Abdeslam dans l'Hexagone, à la suite d'un recours de ses avocats.