Partager:
Le parquet fédéral a débuté mardi son réquisitoire à l'encontre d'Emmanuel Nkunduwimye devant la cour d'assises de Bruxelles. L'accusé, un Belgo-Rwandais de 65 ans, doit répondre de sa participation au génocide des Tutsis au Rwanda en 1994.
Pour introduire son réquisitoire, le procureur fédéral Arnaud d'Oultremont a rappelé les mots prononcés par d'Emmanuel Nkunduwimye au deuxième jour de son interrogatoire, affirmant qu'il avait été un simple "aide de camp" durant le génocide. Ces propos "contiennent déjà les éléments même de sa culpabilité", a souligné d'entrée de jeu le procureur.
M. Nkunduwimye, issu d'une famille de commerçants, faisait partie de la haute société rwandaise, selon le ministère public. "Il faisait donc partie de la catégorie des chefs, et passait au-dessus des petits exécutants Interawahmwe", a ainsi observé le procureur. "Il a parfois été l'auteur d'actes décisifs, mais a aussi incité d'autres personnes à commettre de tels actes. Qu'il ait tiré ou ordonné à d'autres Interahawme de tirer, c'est la même chose", a-t-il poursuivi.
S'appuyant sur la jurisprudence belge, M. d'Oultremont a en effet précisé que la simple présence aux côtés des auteurs d'un crime, sans opposition, contribue à "un effet de groupe qui renforce les auteurs dans leur détermination". "Cela a souvent été retrouvé dans l'attitude d'Emmanuel Nkunduwimye", a-t-il noté.
Le procureur fédéral est également revenu sur la personnalité de l'accusé, le dépeignant comme un homme de pouvoir, qui aimait cette position et n'hésitait pas à en faire usage. "Ce statut était doublé d'une amitié sans faille avec Georges Rutaganda", le second vice-président du Comité national des Interahamwe, a également pointé Arnaud d'Oultremont.
Emmanuel Nkunduwimye est accusé d'avoir commis un nombre indéterminé de meurtres, un viol et une tentative de meurtre dans l'enceinte du complexe immobilier Amgar à Kigali au Rwanda, durant le génocide des Tutsis en 1994.