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Comme Marco Pantani vingt-cinq ans plus tôt, Tadej Pogacar a connu un problème mécanique au pied de la montée vers le sanctuaire d'Oropa, avant de s'imposer en solitaire dans la 2e étape du Tour d'Italie et de revêtir le maillot rose de leader.
Pour ses débuts dans le Tour d'Italie, Pogacar ne perd pas de temps: 3e de la première étape la veille, le Slovène a remporté comme largement anticipé une étape au profil qui lui convenait parfaitement avec sa montée finale longue de 11,8 km, avec des portions à 14%.
Mais la journée du grand favori de cette 107e édition du Tour d'Italie n'a pas pour autant été une promenade de santé.
Il a d'abord fallu à son équipe UAE revenir sur le groupe de cinq échappés partis dès les premiers des 161 kilomètres qui a compté jusqu'à 4 min 30 sec d'avance.
Le dernier rescapé de cette échappée 100% italienne, Andrea Piccolo, a donné aux favoris du fil à retordre et n'a été repris qu'à six kilomètres de l'arrivée.
Mais avant d'en arriver là, UAE a dû gérer un contretemps pour son leader. Victime d'une crevaison au pied de la montée finale, Pogacar a vu sa roue avant se dérober à l'entrée d'un virage et a chuté, au ralenti et sans gravité.
- "Je n'ai pas eu peur" -
"Je n'ai pas eu peur (après la chute), il y a eu un peu de confusion avec la voiture, je voulais m'arrêter avant le virage, pas après, mais tout va bien", a-t-il expliqué après coup.
Rejoint par une voiture de son équipe et attendu par deux coéquipiers, le double vainqueur du Tour de France s'est retrouvé distancé à une vingtaine de secondes des autres favoris, avant de revenir sans paniquer, en tête du peloton.
Sa déconvenue puis son retour ne sont pas sans rappeler le coup d'éclat de Marco Pantani, vainqueur à Oropa il y a tout juste 25 ans malgré un saut de chaîne, lui aussi au pied de la montée, lors de la 15e étape du Tour d'Italie 1999, avant d'être exclu du Giro quelques jours plus tard pour un taux d'hématocrite trop élevé.
Comme Pantani qui avait fondu à l'époque sur le Français Laurent Jalabert, Pogacar a décroché un à un ses rivaux pour signer sa première victoire d'étape dans le Giro et compléter un impressionnant triptyque avec au moins une victoire d'étape dans chacun des trois Grands Tours.
"C'était l'un des mes rêves de réussir ce triplé, peu de coureurs y sont parvenus", a expliqué le Slovène qui a réalisé la deuxième montée d'Oropa la plus rapide de l'histoire à 27 secondes du record de Pantani.
- Dégâts au général -
Sur la ligne d'arrivée, "Pogi", qui rêve d'imiter Pantani, dernier à avoir réalisé le doublé Tour d'Italie/Tour de France la même année, en 1998, a devancé le Colombien Daniel Martinez, 2e, et le Gallois Geraint Thomas, 3e, de 27 sec.
"L'objectif de gagner une étape et prendre le maillot rose est atteint", s'est félicité le Slovène qui a remporté cette année Liège-Bastogne-Liège, son sixième Monument.
"On va pouvoir rester à l'abri lors des prochaines étapes qui seront favorables aux sprinteurs. Pas grave si on perd le maillot rose, le but est de l'avoir quand on arrive à Rome" le 26 mai, a-t-il insisté.
Après seulement deux étapes, Pogacar a déjà fait des dégâts conséquents au classement général.
Martinez et Thomas affichent un retard de 45 secondes tandis que l'Australien Ben O'Connor est relégué à 1 min 24 sec. Le Français Romain Bardet, à 2 min 31 sec, ou encore le Colombien Nairo Quintana, à plus de six minutes, auront du mal à être sur le podium final à Rome.