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Pour sa première finale de Top 14, Bordeaux-Bègles se présentera vendredi à Marseille en outsider mais Jalibert et Tameifuna finalement alignés et quelques arguments à faire valoir pour devenir la première équipe à dominer Toulouse dans le match décisif pour le titre depuis 2006.
Depuis la démonstration de Biarritz qui avait laminé les Haut-Garonnais (40-13) au Stade de France il y a 18 ans, Clermont (2008, 2019), Montpellier (2011), Toulon (2012) et La Rochelle (2021, 2023) ont tous subi la loi des Rouge et Noir en finale.
"On ne sera pas favoris, je ne vous l'apprends pas, mais des fois, on peut renverser la table et déjouer les pronostics quand on est dans une année un peu spéciale, un peu originale et un peu folle. On va se raccrocher à cet espoir-là", expliquait samedi Yannick Bru, manager de l'UBB.
Eau bénite, prières, transcendance, plein de stratagèmes pullulent dans l'histoire du rugby pour contrecarrer les évidences et créer l'inattendu. Sans parler du bluff, spécialité de l'ancien entraîneur Guy Novès dont Bru est un apôtre.
Blessés et annoncés forfait depuis plusieurs jours, voire plusieurs semaines, le pilier droit Ben Tameifuna (luxation épaule) et l'ouvreur Matthieu Jalibert (déchirure ischios) tiendront finalement leur place.
Un coup de boost psychologique à même de troubler l'hégémonie des hommes d'Ugo Mola, comme lors de la visite de ces derniers au Matmut Atlantique fin mars ?
- Soigner la conquête -
Avec quasiment tous leurs cadres présents -à l'exception de Romain Ntamack et Peato Mauvaka- et un Antoine Dupont entré en jeu au poste d'ouvreur dès la 3e minute, les Toulousains s'étaient inclinés d'une courte tête (31-28), mais beaucoup gardent en mémoire le premier acte aussi efficace que fulgurant des Girondins avec quatre essais inscrits.
"Toulouse, c'est un style de rugby qui nous convient un peu mieux que le Stade français, estimait d'ailleurs le pilier Jefferson Poirot, samedi, après l'âpre combat livré en demi-finale. On les a battus sur un gros match avec une intensité folle".
Si le jeu s'emballe et que sa +Patrouille de France+ est bien connectée, l'UBB peut faire des dégâts dans n'importe quelle défense avec ses lancements variés qui ont souvent débouché sur des essais en première main. A condition d'avoir une bonne conquête directe.
Sur ce plan, elle n'a pas tenu la distance contre Paris avec des lancers en touche égarés ou contrés, et sa mêlée a plié sans son droitier fétiche Tameifuna.
Avec le retour du Tongien, et l'absence côté stadiste de son vis-à-vis Cyril Baille, l'UBB aura surement plus de répondant et +Big+ Ben, réputé pour ses charges dévastatrices et sa prééminence dans les zones de rucks, peut peser dans un secteur où Toulouse a été étonnamment sanctionné face à La Rochelle dans l'autre demi-finale.
- Limiter Dupont -
Pour Poirot, la recette du succès est simple: "il faut s'engager, s'engager et s'engager". Le pilier appelle aussi les siens à être "un peu plus vicieux par moments car, des fois, on est pris sur des trucs, c'est trop facile".
Pour décrocher son premier Brennus, l'UBB devra aussi limiter l'influence de Dupont, affûté comme jamais par son expérience à 7 qui semble lui avoir ouvert davantage encore le champ des possibles en terme de vision et d'espaces.
Quand il est associé à Ntamack, la charnière toulousaine a peu d'égale, elle "produit du jeu et vous amène dans des hautes intensités qui sont immenses", prévient, admiratif, Maxime Lucu, capitaine bordelais dont le face-à-face avec Dupont sera scruté.
Même avec Jalibert de retour à ses côtés, Lucu reste la clé du jeu unioniste. "Il se comporte comme un coach sur le terrain", c'est l'assurance "d'une longueur et d'une précision du jeu au pied", "d'un leadership dont on a besoin", rappelle ainsi Bru.
Restent enfin les stats auxquelles certains se raccrochent: Toulouse a perdu ses trois finales disputées contre des clubs girondins: le Stade Bordelais en 1909, Bègles en 1969 et 1991. Alors pourquoi pas une autre face à l'UBB, née en 2006 de la fusion de ces deux équipes?