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Lunettes noires, combinaison courte et grand sourire, la maire de Paris Anne Hidalgo a tenu sa promesse et s'est baignée dans la Seine mercredi en compagnie du président du comité d'organisation (Cojo) Tony Estanguet, une baignade se voulant rassurante à neuf jours des Jeux olympiques.
Grand soleil, eau à 20°C, bactéries et débit en baisse, les planètes se sont alignées pour ce bain historique, plus de cent ans après l'arrêté préfectoral de 1923 interdisant la baignade dans le fleuve.
A deux pas de l'Hôtel de Ville, là où le bras Marie décrit une courbe entre rive droite et île Saint-Louis, la maire de la ville-hôte, le président du Cojo et le préfet d'Ile-de-France Marc Guillaume se sont immergés dans l'eau verte opaque à 10H00 avant 100 mètres de crawl. Sous les regards de centaines de spectateurs, venus sur les quais et le pont de Sully assister à l'événement.
L'eau était "très douce et assez claire, fraîche mais pas froide du tout. C'était très agréable", a commenté Mme Hidalgo.
Plongeant après les élus de la mairie et des nageurs invités, un journaliste de l'AFP a fait l'expérience d'une eau sans déchets visibles, opaque mais agréable, avec un fort courant, entre les quais et ponts pluriséculaires du vieux Paris.
Ces 100 mètres sont tout sauf anecdotiques. La Seine est la star des Jeux 2024, sa dépollution l'un des piliers de la candidature parisienne.
C'est un "jour de rêve", a réagi Mme Hidalgo après quelques minutes de nage. Pour la maire, "la promesse a été tenue" grâce aux Jeux qui ont été "un accélérateur".
"Ca y est, la Seine est baignable et effectivement, les compétitions de triathlon et de natation-marathon vont pouvoir se dérouler", s'est réjoui en écho M. Estanguet.
Pour le président du Cojo, cette baignade est "symbolique aussi de l'ambition de Paris 2024 d'être à la fois des Jeux spectaculaires mais aussi des Jeux responsables, utiles, qui vont laisser un héritage".
- L'heure de vérité -
Etat et collectivités franciliennes ont injecté 1,4 milliard d'euros depuis 2016 pour rendre baignables la Seine et son principal affluent, la Marne.
Modernisation des stations d'épuration, raccordement des péniches au tout-à-l'égout, ramassage des déchets plastiques... Le plan a aussi accouché de cinq ouvrages majeurs, dont un bassin de rétention des eaux pluviales et usées près de la gare d'Austerlitz, véritable cathédrale souterraine creusée en plein centre de Paris.
Ce bassin a fonctionné deux fois lors d'orages en juin et juillet. Il a évité 40.000 puis 15.000 m3 de déversements dans la Seine "qui auraient été délétères pour la qualité de l'eau pendant plusieurs jours", a salué Samuel Colin-Canivez, responsable des grands travaux du réseau d'assainissement.
L'heure de vérité approche pour les organisateurs: après la cérémonie d'ouverture du 26 juillet, les épreuves de triathlon (30 et 31 juillet, 5 août), natation marathon (8 et 9 août) et paratriathlon (1er et 2 septembre) doivent se tenir dans la Seine.
En cas de précipitations intenses, de l'eau non traitée peut être rejetée dans le fleuve, un phénomène que les ouvrages de rétention inaugurés juste avant les Jeux ont vocation à empêcher.
Le plan B consiste à reporter de quelques jours les épreuves, un plan C vise à déplacer la natation marathon à Vaires-sur-Marne (Seine-et-Marne). "Aujourd'hui, c'est un risque très, très faible", a estimé mercredi M. Estanguet.
"Les eaux un peu polluées, ça nous connaît parce qu'à peu près partout où on nage, on a ce problème-là", a commenté par visio-conférence Dorian Coninx, champion du monde 2023 de triathlon.
"À Rio, à Tokyo, c'était le même problème" et finalement "tout ira bien", a relativisé l'entraîneur Philippe Lucas, interrogé à Vichy pendant le stage de l'équipe de France de natation.
- Derniers résultats positifs -
Ces deux dernières semaines, malgré un débit de la Seine toujours aussi élevé (autour de 400 m3/seconde mardi), ce qui joue en défaveur de la qualité de l'eau, mairie et préfecture de région ont annoncé des résultats bactériologiques globalement positifs.
Selon les deux derniers prélèvements réalisés le 26 juin et 4 juillet par l'ONG Surfrider sur le parcours olympique, la teneur en E.Coli et en entérocoques, les deux bactéries fécales mesurées pour autoriser ou non la baignade, était conforme aux normes des fédérations internationales des sports concernés.
"Les eaux sont propres à la baignade à l'heure actuelle", a commenté pour l'AFP Marc Valmassoni, coordinateur eau et santé chez Surfrider, regrettant toutefois que la teneur en produits chimiques ne soit pas prise en compte par les autorités.
La ministre des Sports Amélie Oudéa-Castera, qui avait devancé l'appel de quelques jours en se baignant dans le fleuve en catimini samedi matin, a indiqué n'avoir eu "aucun effet secondaire". "Je vais très bien, je suis en pleine forme, nous sommes prêts, la Seine sera baignable", a-t-elle assuré au journal L'Union.
Mercredi, Mme Hidalgo a rendu hommage à Jacques Chirac, qui, alors maire de la capitale en 1990, avait promis aux Parisiens que les eaux de la Seine s'ouvriraient à eux.
Ce devrait être chose faite l'été 2025 sur le bras Marie, comme à Bercy et sur le bras de Grenelle, où les Parisiens doivent être autorisés à se baigner.