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Florian Thauvin synthétise la faillite actuelle de l'Olympique de Marseille: il a perdu confiance, ses statistiques sont inquiétantes, et sa valeur est en baisse à l'argus de la L1, alors que sa vente potentielle représente une partie des dizaines de millions d'euros qui manquent dans les caisses.
S'il reste une chance mathématique de qualification pour la Ligue des champions, l'objectif affiché, qui passe par une victoire impérative contre Nîmes, samedi (17h00) au Vélodrome pour la 32e journée de Ligue 1, "Flotov" n'y crois plus: "Le podium, c'est fini", avait-t-il lâché après le four à Bordeaux (2-0) vendredi dernier.
"Le premier qui baisse la tête, il aura affaire à moi", avait pourtant averti Garcia quelques minutes avant la sortie polémique de l'attaquant de l'équipe de France, dans le vestiaire bordelais, dans un discours visible dans le reportage Objectif Match sur le site du club om.net.
Thauvin n'avait apparemment pas entendu le message: "On a été nuls", avait-il ajouté, avant d'enfoncer le clou: "C'est toujours la même chose, chaque année. On lâche les saisons pour rien".
L'instant vérité a déplu. "C'est une réaction à chaud, et à chaud parfois on manque de lucidité, et on peut dire des bêtises, les mots dépassent la pensée", a asséné Rudi Garcia, le manager marseillais, jeudi, en conférence de presse à la Commanderie.
Les faits semblent pourtant donner raison à Thauvin. Quatrième l'an dernier, l'OM avait raté la C1 d'un souffle. Cette année encore le podium semble inaccessible, à 8 points désormais.
"Il y a 21 points à prendre, et il faut les prendre", a encore rappelé Rudi Garcia jeudi. Il en faut déjà trois contre Nîmes, samedi. Nîmes, là où le calvaire de l'OM avait commencé, dès la deuxième journée du championnat, en août. Battu 3-1 aux Costières, Marseille subissait la première de ses 17 défaites de la saison (plus 1 nul avec élimination aux tirs au but en Coupe de la Ligue).
- La "spéciale Thauvin" déjouée -
Ce jour-là, tous les symptômes de la saison difficile à venir étaient apparus. Adil Rami et Duje Caleta-Car, de retour trop tôt après le Mondial, avaient coulé en charnière. L'OM avait manqué d'envie. Et la VAR lui jouait déjà des tours, avec cette possible faute dans la surface sur Valère Germain que l'arbitre n'avait pas voulu voir à la vidéo...
Thauvin, lui, avait marqué le seul but marseillais, signant un excellent début de saison. "Il portait l'équipe sur ses épaules, avec Dimitri Payet", a récemment rappelé Rudi Garcia.
Mais les choses ont changé. Payet ne joue plus et "Flotov", qui reconnaît accorder beaucoup d'importance aux statistiques, ne brille plus. Il reste le meilleur buteur (15 buts toutes compétitions confondues) et le meilleur passeur (7 passes décisives) de l'OM, mais loin de ses chiffres de la saison passée (26 buts et 18 "assists"). Et il s'est éteint en 2019, avec 2 buts et 3 passes seulement.
Thauvin n'est plus décisif. Il s'enferme dans un jeu trop personnel. Ses dribbles s'empalent sur les défenses. Sa fameuse "spéciale", son tir enveloppé en repiquant vers l'intérieur, ne passe plus. Et sa confiance s'est effilochée, fidèle reflet de l'humeur du groupe.
Interrogé en conférence de presse jeudi, Bouna Sarr, le latéral droit de l'OM, reconnaît que le nouveau positionnement de Thauvin sur le terrain a pu jouer, à droite du milieu dans un 4-4-2, pour laisser la surface de réparation à Mario Balotelli: "De là à dire qu'il est moins bien, c'est un grand mot. Peut-être qu'à un moment donné il a manqué de réussite. Mais je suis persuadé que Flo pourra très bien faire sur ces 7 derniers matches".
La renaissance de "Flotov" serait une bonne nouvelle pour le club phocéen, sa valeur marchande représentant aussi une façon de combler une partie du déficit de 78 millions d'euros.
Faute de Ligue des champions, l'OM serait contraint de vendre. Et Thauvin reste un de ses actifs les plus rentables. L'Italie aurait un oeil sur lui, et le nom du Bayern Munich, qui aime les joueurs français, a souvent été prononcé.
"Flo" serait alors jusqu'au bout le parfait symbole de l'OM, un club qui ne peut pas conserver ses meilleurs joueurs.