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JO-2022: Clarey la quarantaine rugissante, 2e de la descente derrière Feuz

"Un cri du fond des tripes": euphorique et exténué, Johan Clarey a laissé éclater sa joie lundi après avoir décroché à 41 ans l'argent de la descente des JO de Pékin, à seulement 10 centièmes du Suisse Beat Feuz, déjouant les pièges d'une piste inédite pour offrir un deuxième podium à la France.

"Crevé" au réveil, le vétéran du circuit a basculé "à cinq minutes du départ", "super bien et concentré", pour plonger sous un ciel éclatant dans "The Rock", ruban blanc serpentant dans un massif aride, épargné par les rafales qui avaient entraîné la veille le report de la course.

Et le colosse d'1,91 m, parti après les favoris, a pris tous les risques sur ce tracé sinueux et varié pour chiper la deuxième place à l'Autrichien Matthias Mayer, champion olympique de la descente en 2014 et du super-G en 2018.

Vice-champion du monde du super-G en 2019, auteur de neuf podiums en Coupe du monde dont une 2e place à Kitzbühel en janvier, il ne lui a manqué que 10 centièmes pour devenir l'héritier des Bleus Antoine Dénériaz (2006), Jean-Luc Crétier (1998), Jean-Claude Killy (1968), Jean Vuarnet (1960) et Henri Oreiller (1948), tous sacrés sur la descente olympique.

- Troisième médaille pour Feuz -

"C'est juste incroyable, l'apothéose de ma carrière", a-t-il savouré en zone mixte, un large sourire aux lèvres. "C'était mon objectif et ça s'est déroulé comme dans un rêve.

"J'ai réussi à mettre tout ce qu'il fallait. Je me suis dit: +c'est tes derniers Jeux, attaque la piste+. Pendant la course je sentais que je faisais une belle course. Quand je vois 2 en bas, c'est fantastique. Je suis à 10 centièmes de l'or mais je prends l’argent!"

Comme en 2021 à Kitzbühel, il a buté sur le Suisse Beat Feuz, le meilleur descendeur des quatre dernières années, pour la première fois titré aux JO après le bronze de la descente et l'argent du super-G en 2018 à Pyeongchang.

Avec ce titre sur la scène la plus prestigieuse du monde sportif, Feuz (34 ans) a atteint le but d'une vie et gravé son nom dans les mémoires. L'histoire le retiendra aussi comme le premier champion olympique d'une montagne sans neige, transformée pour l'occasion par un pays qui n'avait jamais accueilli de compétition internationale de ski alpin.

- Kilde et Odermatt déçus -

Sur cette piste de 3 km, que seuls deux entraînements avaient permis d'apprivoiser, le Bernois a de nouveau usé de ses talents d'ensorceleur. Le skieur au physique potelé, un peu serré dans son dossard taille standard, avait encore assez de force pour faire voler son ski droit directement du pied à la main à l'arrivée.

"Je ne peux rien imaginer de plus merveilleux que rentrer à la maison avec l'or autour du cou", s'est réjoui Feuz, qui sera de nouveau engagé mardi sur le super-G mais a "hâte de rentrer serrer (sa) famille dans (ses) bras", lui qui vient d'avoir une deuxième petite fille.

L'Autrichien Matthias Mayer, auteur d'une manche impressionnante d'engagement où il a frôlé plusieurs portes, a cueilli le bronze à 16 centièmes du Suisse.

"Beat est un skieur tellement grandiose, il mérite largement d'être champion olympique", a-t-il salué.

Le N°1 mondial de la descente, le Norvégien Aleksander Aamodt Kilde, n'a fini que cinquième après quelques fautes, mais pourra viser une première médaille olympique dès le super-G, dont il domine également le classement en Coupe du monde.

Très abattu à l'arrivée, le prodige suisse Marco Odermatt, qui caracole en tête de la course au gros globe, a fini septième à 71/100e de Beat Feuz.

Le début de course a encore rappelé la dangerosité de l'exercice, avec la lourde chute de l'Allemand Dominik Schwaiger, dossard N.2, évacué sur une barquette après une interruption d'une quinzaine de minutes.

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