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Il y a vingt ans exactement ce jeudi, la France décrochait sa première étoile mondiale, quelques jours après avoir éliminé la Croatie en demi-finale: les Bleus retrouvent cet adversaire dimanche en finale de Coupe du monde, Didier Deschamps est toujours là, mais la nouvelle génération veut écrire sa propre histoire.
"Moi, je n'ai pas d'étoile, elle est sur le maillot mais je ne l'ai pas gagnée, et j'ai envie d'aller la chercher": Paul Pogba, qui avait cinq ans en 1998, résume bien l'état d'esprit de la jeune équipe de France, respectueuse de ses aînés, mais ambitieuse, désireuse de laisser une empreinte à son tour.
Même s'ils étaient jeunes, ou pas encore nés comme Kylian Mbappé, tous les Bleus connaissent le passé. La photo avait fait le tour du monde: Lilian Thuram à genoux, le doigt sur la bouche, comme hébété après avoir inscrit un doublé, les deux seuls buts en Bleu de sa longue carrière (142 sélections, record national). La Croatie était éliminé 2 à 1 en demi-finale du Mondial-1998.
"Thuram... Ç'a été le sujet de discussion des 20 dernières années!", confie Zlatko Dalic, actuel sélectionneur de la Croatie.
Les points communs entre 1998 et 2018 pullulent. Le latéral Benjamin Pavard a fait son "Tutu" en marquant une volée canon contre l'Argentine (4-3) qui rappelle l'improbable doublé de son lointain aîné. "Jamais je n'aurais rêvé marquer un but comme Pavard ! Moi, je n'étais pas conscient de ce qui se passait", avait avoué Thuram auprès de l'AFP.
- "Ils seront là" -
Des points communs comme autant de signes du destin ? Les Bleus retrouveront en plus un arbitre qu'ils connaissent: l'Argentin Nestor Pitana, qui avait supervisé leur victoire contre l'Uruguay en quarts (2-0) et a été annoncé dans la soirée par la Fifa.
Mais ce directeur de jeu est aussi celui qui avait officié lors de leur défaite contre l'Allemagne en 2014 en quarts (1-0), un mauvais souvenir celui-là...
Pour Pogba, qui a endossé l'habit de leader, pas question de se reposer sur les lauriers des comparaisons glorieuses et de la nostalgie de la victoire. Le joueur martèle un discours de combat, pour prévenir tout relâchement: "C'est sûr, les Croates n'ont pas d'étoile, ils en veulent une. Ils ont fait un très beau parcours, ils veulent la victoire. Comme nous".
En Croatie aussi, les comparaisons fleurissent sur les deux équipes à damier, à vingt ans d'intervalle.
Avant le tournoi, l'ex-international croate et ancien attaquant de Marseille Alen Boksic mettait en exergue, auprès de l'AFP, "un milieu de terrain fantastique, avec en particulier Modric, un joueur fabuleux, le meilleur joueur croate de tous les temps". Mais redoutait "peut-être un banc pas assez long ni assez profond par rapport aux autres grandes équipes: nous avons 13, 14 joueurs, pas 20".
En effet, l'équipe 2018 n'a pas beaucoup tourné, mais ses cadres l'ont portée, comme le capitaine Modric mais aussi Ivan Rakitic ou Mario Mandzukic, auteur du but victorieux contre l'Angleterre (2-1 a.p.) en demie.
Les Croates restent d'ailleurs sur trois prolongations en trois tours à élimination directe, ce qui fait donc un match de plus en dix jours, alors que les Français ont bénéficié d'un jour de repos supplémentaire mercredi.
"Quand on joue une finale, la fatigue passe après. On n'y pense pas trop sur un match, on se dit qu'on peut être champion du monde, même avec la fatigue. Ils seront là, ils seront présents, ils vont continuer à courir comme sur tous leurs matches", a relativisé Samuel Umtiti.
- La défaite de 2016 comme levier -
Mais ce parcours croate à rallonge pourrait compter. Encore la chance à "DD", après le forfait de l'Uruguayen Edinson Cavani en quart? "Il a une bonne étoile, mais il faut lui rendre le mérite" parce que "c'est lui qui a façonné cette équipe", nuance Alain Giresse auprès de l'AFP.
La chance avait toutefois abandonné Deschamps en finale de l'Euro-2016, lorsqu'André-Pierre Gignac avait trouvé le poteau et Eder la faille pour donner le titre au Portugal (1-0 a.p.).
C'est un justement un levier pour Pogba, qui connaît "le goût de la défaite en finale", "vraiment pas bon, très amer..."
Le milieu admet qu'avec la victoire 2-0 contre les champions du monde allemands en demi-finale, "on pensait que c'était ça la finale. Contre les Portugais, avec leur parcours, on s'est dit que c'était gagné d'avance, c'était ça notre erreur. Maintenant, ce n'est pas pareil, on est tous conscients, concentrés. On ne veut pas faire la même erreur".
Autre ressort dévoilé, garder en tête les critiques du premier tour: "Nous, on reste comme on est, comme au début de la compétition: +l'équipe où on a des doutes, l'équipe qui ne joue pas ensemble+... On garde ces messages qu'on a reçus au début de la compétition, ce sera notre force pendant la finale. On n'est pas le favori, on n'a rien fait". Toute ressemblance avec un été 1998 suivant un printemps de critiques sur l'équipe de d'Aimé Jacquet...