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Après des années de football champagne, les Diables Rouges ont changé de cap. Ce que l'on a vécu en 2018 est désormais bien loin et ce ne sont pas les Bleus qui nous diront le contraire. Mouillez-vous la nuque, ça pique un peu, mais tout va bien se passer.
C'est la fin du rêve, les enfants. C'est comme ça qu'on peut résumer ce que l'on a vécu hier soir et, plus généralement, ce que l'on connaît depuis la fin de la Coupe du Monde 2022. La fin d'une ère qui n'avait rien de normal. Pendant plus de 10 ans, les supporters belges ont vécu une parenthèse enchantée, bien loin des sombres Belgique-Bulgarie où les tickets étaient offerts à l'achat d'un Big Mac ou d'une barre chocolatée dans les librairies de village.
C'était la douceur du beau football. Un nombre incroyable de grands joueurs, qui se sont réunis, se sont forgés et ont offert aux fans belges les plus belles années de leur histoire. On s'est donc mis à rêver d'une transition douce, avec une perte de niveau inévitable, parce que la génération en question n'avait strictement rien de normal. Rien du tout. On s'est habitués sur la longueur, on est même devenus exigeants, à raison. Et aujourd'hui, on se prend un mur de réalisme à grande vitesse. Sortez le désinfectant, ça pique un peu au front.
La fin des illusions
Il va falloir être patient avec cette nouvelle génération. Elle n'a pas les mêmes qualités, pas la même approche, pas la même grandeur qualitative. Ce match contre la France nous a montré qu'il y avait quelque chose qui s'était définitivement détaché des Diables Rouges. C'est dur, parce que depuis la fin du Mondial 2022 et le début du véritable exode de la génération dorée, tout le monde avait encore un peu d'espoir: sur un malentendu, avec un ou deux gros cadres encore en forme, on peut peut-être faire quelque chose ? Visiblement, pas tout de suite.
Loin de moi l'envie d'accabler les nouveaux Diables Rouges. Il y a dans ce groupe des jeunes ultra-prometteurs et qui vont nous faire bondir de notre siège sous le coup de l'émotion. Duranville, Doku, Bakayoko, Lavia, Onana... Mais il faut leur laisser le temps et accepter une chose: il n'y a pas, dans cette équipe, d'éléments de classe mondiale qui, en se combinant, créent quelque chose de magique. Cela ne veut pas dire que l'on va soudainement se retrouver à une sombre 98ème place mondiale. Juste que la Belgique va, provisoirement du moins, rentrer un peu dans le rang.
Soyons patients. Restons à leur côté. Ne les enfonçons pas plus que nécessaire. Ayons quand même de l'exigence, bien sûr ! Cette équipe vaut tellement mieux que ce que l'on voit, mais elle doit se forger quelque chose, se trouver une cohésion. Je suis un optimiste et je veux croire qu'ils y parviendront d'ici quelques années. Peut-être pourront-ils nous faire rêver d'une autre manière, passant du football champomy au football champagne. Même si, ces derniers mois, on peut quand même sérieusement s'interroger sur le gouffre énorme qui s'est créé entre l'équipe de 2024 et celle de la génération dorée. Je suis persuadé que nous nous sommes bercés de trop d'illusion, il faut redescendre et ces joueurs doivent en être conscients. Mais il faut une âme, quelque chose qui supplante la qualité intrinsèque pour rendre une équipe nationale dangereuse et vivace. Ils doivent trouver le moyen de l'avoir !
En attendant, contre la France, le naufrage et le niveau d'une rare faiblesse ont fait naître en Belgique une épidémie de migraine. Domenico Tedesco doit en avoir une fameuse et va devoir nous trouver une potion pour nous sortir de ce bourbier. Est-ce lui qui fera grandir cette nouvelle génération ? Impossible à dire, mais je comprends que l'on puisse tous en douter quelque peu.
Hier, la Belgique du football a pris une gifle. Les joueurs ont tous fait un 360 dans leur short et devront dès lors retomber sur terre et se construire des fondations nouvelles, loin de celles en béton armé de la génération précédente. Sortez les bétonnières et les truelles et mettez-vous au travail, les gars. Ah au fait. S'il te plaît Kevin, remballe ce "Ik Stop" et aide les à grandir, je t'en supplie.