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Confinée dans sa maison de campagne près de Troyes, l'internationale française Gaëtane Thiney a remplacé l'adrénaline des matches par de "nouveaux objectifs": "gagner en tonicité, travailler mon cardio, revenir encore plus affûtée". Mais, concède-t-elle à l'AFP, "rien ne remplace le foot".
Depuis le début du confinement, la capitaine du Paris FC (34 ans) a "pris du recul" physiquement, depuis son village "de 150 habitants au milieu des champs", et spirituellement: "J'adore le football, je vis pour ça tous les jours, mais c'est tellement secondaire face à la situation".
Certes, la compétition lui manque, mais il suffit "d'être patiente", quand d'autres vivent "des situations de douleur, de souffrance, de tristesse" face au coronavirus, compare-t-elle, consciente de sa "chance" d'être à l'air libre, en bonne santé.
Les journées restent chargées entre ses séances d'entraînement quotidiennes, ses activités au sein de la Direction technique nationale (DTN) de la Fédération française, qu'elle gère à distance, ses cours d'anglais et ses loisirs: "Jardiner, tondre la pelouse, lasurer le bois".
En attendant la reprise du Championnat, suspendu mi-mars, Thiney s'est mise "en mode +machine de sport+". "D'habitude, l'objectif des entraînements, c'est le match. Là il n'y en a pas. Il m'a fallu une semaine pour me fixer de nouveaux objectifs: gagner en tonicité, travailler mon cardio, revenir encore plus affûtée", énumère la milieu aux 163 sélections.
Comme ses partenaires, elle se conforme au programme d'entraînement concocté par le préparateur physique du Paris FC, lequel comprend des modules individualisés et un tronc commun.
- Inégalités -
Les séances d'environ deux heures minimum alternent aérobie, renforcement musculaire, gainage ou encore proprioception (des exercices axés sur la posture et la coordination), parfois à l'aide de tutoriels vidéo montés par le staff.
Il s'agit aussi de travailler les changements d'appuis, fréquents balle au pied mais plus difficiles à reproduire en solo.
"L'idée c'est de garder une base solide pour pouvoir reprendre dans des conditions optimales", résume Thiney. Mais, ajoute-t-elle, il y aura forcément des pertes au niveau cardio: "Il manque la répétition des efforts à haute intensité. Rien ne remplace le foot".
Pour contourner en partie cet écueil, la native de Troyes court autour de chez elle, fait du vélo sur son home-trainer et multiplie les exercices dans son jardin.
"Entre celles qui sont enfermées dans un appartement et celles qui comme moi ont un jardin, la charge psychologique n'est pas la même. La possibilité de se dépenser physiquement et de garder le rythme n'est pas la même non plus. Finalement il y a beaucoup d'inégalités", pointe-t-elle.
- "Période de régénération" -
Si la reprise apparaît encore lointaine et incertaine, le moral et la motivation restent intacts chez l'internationale, non sélectionnée lors du dernier rassemblement des Bleues.
"Je n'ai pas la sensation d'en avoir marre ou d'être en vacances. Tous les jours je m'entraîne et j'ai envie d'en faire plus. Pourquoi ? Parce qu'un jour ça reprendra et parce que mon corps en a besoin".
Elle espère même pouvoir "faire fructifier" ce qu'elle perçoit comme une "période de regénération", en s'infligeant une charge de travail impensable en temps de compétition.
"Toute l'année, on a du mal à développer certaines choses musculairement, il y a une certaine gestion de la fatigue et de la charge pour être en forme le week-end", développe la joueuse, codétentrice avec Eugénie Le Sommer du record français de matches joués en Coupe du monde féminine.
L'absence d'entraînements collectifs et de matches permet donc d'élever le niveau. "J'en profite pour sortir de cette période encore plus affûtée, encore plus puissante. Je me dis qu'il faut prendre du positif dans toute situation".