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Ses espoirs de médailles aux Jeux Olympiques de Tokyo sont très faibles, mais le demi-fond français est tout de même en pleine effervescence cette saison avec une série de performances chronométriques et l'émergence d'une nouvelle génération de coureurs.
Si les Championnats de France, disputés de vendredi à dimanche à Angers, sont avant tout marqués par une cascade de forfaits (Quentin Bigot, Pascal Martinot-Lagarde, Pierre-Ambroise Bosse, Jimmy Vicaut, Christophe Lemaitre), une partie de l'attention va naturellement se déporter vers les longues distances où les candidats se bousculent pour être du voyage aux JO (23 juillet - 8 août).
A quelques jours de la date limite pour réaliser les minima olympiques (le 29 juin), le quota de trois places est déjà atteint chez les hommes sur 800 m, 1.500 m et 3.000 m steeple où l'embouteillage guette avant même le retour attendu dimanche du triple médaillé aux Jeux Mahiedine Mekhissi.
Ils seront au moins 13 à Tokyo en comptant le 5.000 et 10.000 m, après avoir été 5 à Rio en 2016, 8 à Londres en 2012 et 6 à Pékin en 2008.
Côté chronos, une pluie de records personnels ont été battus cette année par les potentiels futurs partants sur 800 m (Gabriel Tual, Benjamin Robert), 1.500 m (Baptiste Mischler, Azeddine Habz), 5.000 m (Hugo Hay, Jimmy Gressier), 10.000 m (Morhad Amdouni), 3.000 m steeple (Mehdi Belhadj, Alexis Phelut, Louis Gilavert).
Cette densité ne se retrouve pas chez les femmes mais 2021 a tout de même vu le retour en grande forme de Rénelle Lamote, qui a signé dimanche à Chorzow (Pologne) le 2e temps de sa carrière sur 800 m (1 min 58 sec 11), à un dixième de seconde de son record de 2016.
"On hérite du début de la maturité d'une super génération, explique à l'AFP Patricia Djaté Tailard, reférente demi-fond à la Fédération française d'athlétisme (FFA). Ce sont des gens qui se bagarrent depuis tout petits, ils sont déjà depuis très longtemps dans cette dynamique de performance. Ils arrivent avec un schéma psychologique différent des anciens. Ils sont capables de se tirer la bourre sur la piste mais aussi de se retrouver en stage pour faire de grosse séances d'entraînement."
- "Super état d'esprit" -
La responsable ne nie pas l'effet des "chaussures magiques" dont l'arrivée il y a deux ans a provoqué un emballement des chronos en fond et demi-fond. Mais elle souhaite surtout insister sur la "dynamique" enclenchée et l'effondrement d'une "barrière psychologique" chez les athlètes français.
"C'est toujours compliqué de passer des juniors aux seniors et de continuer à s'exprimer, déclare Patricia Djaté Taillard. Avec eux, la transition se fait bien. Ils ont un super état d'esprit, à souligner. Ils ont envie de partager, de faire des grosses +perfs+."
Benjamin Robert, qui a porté sa meilleure marque sur 800 m à 1 min 44 sec 53, reconnaît le rôle joué par l'émulation collective dans le renouveau du demi-fond français.
"Cela met une pression supplémentaire mais ça t'oblige à t'entraîner plus dur, à être sérieux, a-t-il indiqué à l'AFP. Tu n'as pas le droit à l'erreur, si tu ne t'entraînes pas comme un pro tu en as 15 derrière qui arrivent".
Difficile pourtant d'imaginer des demi-fondeurs français sur le podium à Tokyo: seuls Rénelle Lamote (800 m) et Djilali Bedrani (3.000 m steeple) font partie du top-10 mondial de la saison jusque là.
Les JO de Paris en 2024 semblent l'horizon le plus raisonnable pour cette nouvelle génération tricolore.