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Un habitant de Soignies s'estime victime d'une arnaque, car il a reçu un smartphone "de très mauvaise qualité", alors que Test-Achats lui avait promis une tablette s'il s'abonnait. L'organisation de protection des consommateurs parle d'une rupture de stock liée au succès de son offre. L'occasion pour RTL info de se pencher sur ces "gadgets" offerts. D'où viennent-ils, que valent-ils ?
Test-Achats est, selon ses propres dires, "une organisation indépendante qui poursuit la défense de l’intérêt des consommateurs en Belgique depuis 1957". Parmi les valeurs véhiculées par l'organisation sur sa
Philippe, dès lors, a voulu dénoncer les pratiques commerciales de Test-Achats lorsqu'il s'agit des abonnements. "Ils promettent une tablette si on s'abonne et trois mois plus tard on reçoit un smartphone, la dernière des m***", nous a confié cet habitant de Soignies, après avoir contacté la rédaction de RTL info via le
Il parle de "publicité mensongère" alors que Test-Achats s'excuse mais évoque "une rupture de stock" liée "au succès de son offre".
"Une offre intéressante"
Tout a commencé il y a quelques mois. Philippe et quelques connaissances "voient passer une offre intéressante" de Test-Achats. "Si on s'abonnait, on payait 2 euros par mois les premiers mois, et on recevait une tablette".
"J'ai reçu immédiatement de nombreux emails, et les papiers pour la domiciliation". Philippe est officiellement abonné à Test-Achats et reçoit ses premiers exemplaires du magazine, tandis qu'il a également accès au contenu du site. On lui prélève effectivement deux euros par mois.
Le cadeau tarde à arriver
Mais alors qu'il s'attendait à recevoir rapidement son cadeau (sur le site, on parle d'un délai de 6 semaines), Philippe ne reçoit que des emails.
"D'abord on nous a dit qu'il y avait du retard dans la livraison de la tablette, puis on a reçu un email comme quoi la tablette était envoyée".
Quelle ne fut pas la surprise de Philippe lorsqu'il a constaté que le cadeau envoyé par Test-Achats était finalement un smartphone, et non une tablette.
"La dernière des mer***"
Philippe n'est pas content. "J'ai déjà une tablette à la maison, de bonne qualité. Et on en voulait une en plus pour pouvoir aller sur internet ou envoyer un email quand on est devant la télé, par exemple".
Dans le courrier d'excuse envoyé par Test-Achats (voir ci-dessus), l'organisation s'excuse et présente le cadeau de remplacement comme "un smartphone Android 4 pouces, tendance et doté de 7 fonctions multimédias". Philippe, qui voulait une tablette, se sent "arnaqué: je me suis fait avoir".
D'autant plus que le smartphone qu'il a reçu est, selon ses dires, "la dernière des mer***: j'ai ouvert la boite, je l'ai allumé puis je l'ai vite rangé".
L'appareil est de piètre qualité, selon Philippe. "Il suffit de l'allumer, dès qu'on tourne l'écran, on ne voit plus rien, c'est n'importe quoi. Tout est en plastique même les boutons, il n'y a rien qui tient", estime-t-il.
Un produit blanc chinois
Les photos de l'appareil que Philippe nous a envoyées en disent un peu plus. Le smartphone est ce qu'on appelle un produit blanc, sans marque apposée. Sur l'emballage (blanc, lui aussi), on aperçoit les noms de plusieurs associations de consommateur européennes dont Test-Achats, Altroconsumo (Italie), Proteste (Portugal).
On peut imaginer que ces associations se sont rassemblées pour commander en grande quantité les smartphones les moins chers du marché, afin de les offrir aux nouveaux abonnés.
Quelques dizaines d'euros
D'où vient ce genre de smartphone 'produit blanc' ? Plus que probablement de Chine, où il existe de nombreuse usines d'électronique qui ont un catalogue très large de smartphones.
Et on trouve de tout. L'immense fabricant taïwanais Foxconn, par exemple, a une partie de ses infrastructures dédiées à l'assemblage des iPhone d'Apple. Si le géant californien intègre des composants de grande qualité et est très exigeant sur la finition de ses appareils produits dans les usines chinoises de Foxconn, ce n'est pas le cas d'un regroupement d'associations de protection de consommateurs, qui veut offrir des gadgets à ses abonnés.
On imagine que Test-Achats et ses quelques homologues européens ont puisé dans les bas-fonds du catalogue d'un autre fabricant, nettement moins regardant envers la qualité et la durabilité du produit fini. Le prix d'achat du smartphone offert par Test-Achats à Philippe doit s'élever, selon nos estimations, à quelques dizaines d'euros (en dessous de 50€, vraisemblablement).
"Le genre de pratiques que Test-Achats dénonce"
On ne sait pas trop à quoi s'attendait Philippe, mais il est assez critique envers Test-Achats. "Pour une organisation qui protège le consommateur et propose le meilleur qualité-prix, c'est étrange d'offrir des appareils aussi mauvais".
Au-delà de la piètre qualité du produit, ce Sonégien de 52 ans estime que Test-Achats s'est livré à de la "publicité mensongère" en promettant une tablette mais en offrant un smartphone.
"C'est le genre de pratiques commerciales que Test-Achats dénoncent" dans son magazine, sur son site internet et dans les médias, estime-t-il.
Test-Achats "vit grâce à ses abonnés"
Nous avons contacté l'organisation pour avoir une réaction. "Test-Achats n'a aucun subside ni aucune publicité", a immédiatement tenu à rappeler Julie Frère, la porte-parole.
"Nous ne vivons que grâce à nos abonnés", qui sont aujourd'hui au nombre de 350.000 sur l'ensemble de la Belgique. "Certains s'abonnent parce qu'ils adhèrent à notre idéologie", précise Julie Frère. Les autres, il faut les attirer avec quelques offres alléchantes.
"Il y a plusieurs techniques pour convaincre" les gens de s'abonner. A côté des traditionnels 'premiers mois à moins 50%', l'autre technique consistent à offrir "un cadeau, un gadget", car "certaines personnes s'abonnent en effet rien que pour ça".
Test-Achats espère ensuite que celles-ci seront contentes de leur abonnement, et continueront de payer (environ 22€ par mois après la première année).
"On a appris de nos erreurs", a poursuivi la porte-parole de Test-Achats, en référence à une
Test-Achats veille donc à ce que les conditions générales de ces offres d'abonnement promotionnelles soient scrupuleusement respectées, et se contente de qualificatifs génériques quand il parle de ses cadeaux.
Le smartphone (ou la tablette) promis est décrit comme "superbe, magnifique, tendance", selon plusieurs adjectifs retrouvés sur le site de Test-Achats, ou dans le courrier reçu par Philippe. Mais pas comme un smartphone de grande qualité.
D'ailleurs, la fiche technique parle d'elle-même (un système d'exploitation qui date de 2013, beaucoup trop peu d'espace de stockage, etc...), mais qu'évoque-t-elle au grand public ? Pas grand-chose.
Un gadget, pas un Maître-Achat
L'organisation tient à faire une distinction très nette. "Il s'agit bien d'un petit cadeau, d'un gadget qu'on offre au début de l'abonnement, quand les gens ne paient que 2 euros par mois (ils peuvent se rétracter très rapidement et sans condition après avoir reçu le cadeau, NDLR). C'est juste pour donner l'envie de s'abonner".
Le smartphone reçu par Philippe doit être vu comme "un cadeau de bienvenue, un accessoire, un bonus qui accompagne les vastes services offerts par Test-Achats", mais il "n'a pas la prétention d'être Maître-Achats, ou Meilleur du Test", a poursuivi la porte-parole.
Philippe, lui, pense que Test-Achats attend expressément quelques mois avant de livrer le cadeau. Et juste au moment où l'abonnement passe de 2€ à 10€, ils envoient ce qu'ils ont sous la main. "J'ai payé 3 x 2 €, plus une fois 10€... en gros ça paie le smartphone", estime-t-il. "J'ai voulu me faire rembourser car ils m'avaient promis une tablette, mais ils n'ont pas voulu", Test-Achats se retranchant derrière ses conditions générales.
Une certaine contradiction
Contrairement aux conclusions de Philippe, on ne peut pas vraiment parler d'arnaque. Test-Achats lui avait promis une petite tablette s'il s'abonnait mais, "victime du succès de son offre", il lui a finalement envoyé un petit smartphone. Mécontent, Philippe a cessé son abonnement, qu'il n'aura payé que quelques euros par mois durant trois mois. On a connu pire et il est un peu dur de parler de "publicité mensongère" comme le fait cet habitant de Soignies.
Le smartphone que nous a montré Philippe est du made in china à l'ancienne, un appareil à quelques dizaines d'euros fait de 'vieux' composants, qui font à peine 'tourner' l'appareil. "C'est pratiquement inutilisable tellement c'est de mauvaise qualité", a-t-il précisé. Le genre de gadget "qu'on laisse dans un tiroir", comme l'a fait Philippe. Bref, une consommation pas (du tout) responsable de l'électronique. Là aussi, c'est ce que dénonce parfois Test-Achats.