La crise du coronavirus a dégradé la situation. Contraints d'être confinés avec leur famille, des jeunes ont subi la situation avant de se retrouver seuls, face à eux-mêmes. Des associations telles que le Refuge sont là pour leur tendre la main.
Depuis le premier confinement, les associations qui viennent en aide aux victimes d'homophobie sont de plus en plus sollicitées. De manière générale et selon les derniers chiffres, un tiers des personnes homosexuelles se sentent discriminées quand elles sortent manger ou boire un verre. Et près de 20% estiment être discriminées au travail. Des jeunes sont également mis à la porte de chez eux. À Bruxelles ou à Liège, certains sont accueillis dans des refuges.
Une maison anonyme quelque part dans Bruxelles. Un lieu tenu secret pour des raisons de sécurité et par peur de représailles. C'est ici que nous rencontrons Selim, 20 ans. Il y a trouvé refuge il y a 6 mois. Ses parents n’ont pas accepté son homosexualité. "Ma famille n'a plus voulu de moi et elle m'a jeté dehors et mis à la porte", souffle le jeune homme.
Ses parents considèrent que l’homosexualité est une maladie. Pour eux, c'est "comme une maladie qui n'était pas là quand je suis né. Mais avec le temps et à cause des gens et amis, je suis devenu comme ça", raconte-t-il.
J'ai attendu dans le parc jusqu'au matin pour pouvoir aller au CPAS
Selim n’a pas été jeté de chez lui du jour au lendemain. Entre son coming-out (fait de révéler son homosexualité) et son départ, quatre années se sont écoulées. Quatre années durant lesquelles se sont succédé coups et disputes. "Pendant les disputes, mon père m'a reproché plusieurs fois d'être une 'tapette'. Généralement, dans toutes les disputes, il essayait de me frapper. De me donner des coups", témoigne-t-il.
C’est lors d’une dernière scène violente avec son père que Selim a quitté sa famille. "Il a voulu me frapper donc à ce moment-là, je suis sorti dehors. Puis ma mère n'a pas voulu que je rentre. J'ai pris mes affaires, je suis ressorti. J'ai attendu dans le parc jusqu'au matin pour pouvoir aller au CPAS et demander de l'aide", explique le jeune homme.
Cette histoire n’a pas un cas isolé. Depuis 2 ans, le Refuge bruxellois a hébergé une cinquantaine de jeunes. "Il y a souvent un sentiment d'abandon et on a souvent besoin de leur redonner confiance en eux, d'essayer de leur faire rencontrer d'autres jeunes qui ont le même vécu qu'eux afin qu'ils puissent, petit à petit, se sentir bien et reprendre confiance en l'avenir", éclaire Jeremy Gobin, bénévole au Refuge Bruxelles.
Chaque année, 175 plaintes pour discrimination envers des homosexuels
À ce jour, sur la seule commune de Bruxelles, 19 jeunes attendent une place au Refuge. La crise sanitaire a dégradé la situation. "Une des hypothèses, c'est que ce sont des jeunes qui, pendant le confinement, ont été contraints à rester avec leur famille dans un environnement fermé 24/24h. Quand la situation est déjà délicate, qu'ils n'arrivent pas à dire à leurs parents qu'ils sont homosexuels ou transgenres, ils n'arrivent plus à vivre dans cet environnement. Ils décident soit de partir, soit les parents les mettent à la porte", explique Jeremy Gobin.
De son côté, Selim, tente de se reconstruire. "Ça me fait mal au cœur car je ne suis plus avec mes parents. J'aimerais bien être avec ma mère et mon père et vivre avec eux. Mais ce n'est pas possible", déplore le jeune homme.
Chaque année, en moyenne, la police enregistre 175 plaintes pour discrimination envers des personnes homosexuelles.
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