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Les jeunes de MolenGeek chez Facebook dans la Silicon Valley: "Sky is the limit"

 
 

Ils ont craint un moment ne jamais pouvoir accompagner la mission économique bruxelloise dans la capitale mondiale d'internet et des nouvelles technologies. Ils n'en savourent que davantage les moments passés là-bas. Notamment chez Facebook et au salon TechCrunch. Les aventures de MolenGeek en Amérique, source d'énergie positive pour de futurs entrepreneurs qui peut-être demain changeront Bruxelles.

Le voyage avait mal commencé. À la veille de leur départ dans le cadre d'une mission économique bruxelloise, sept jeunes de MolenGeek, un incubateur de Molenbeek qui aide les jeunes entrepreneurs et forme au codage informatique, avaient appris par email que les États-Unis refusaient leur entrée sur le sol américain. Le lendemain, ils avaient quand même tenté leur chance à l'aéroport de Bruxelles mais en vain. L'histoire s'était bien terminée puisque grâce à l'intervention des autorités belges, ils avaient finalement pu partir le jour d'après et rejoindre la délégation bruxelloise. Une nouvelle histoire, la vraie, celle attendue, a donc commencé.
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Visite chez Facebook: "Il est où Mark?"

Fondée en 2015 par Julie Foulon et Ibrahim Ouassari, MolenGeek voulait faire découvrir à un groupe de jeunes, entrepreneurs ou en formation, la fameuse Silicon Valley, cette région de Californie où se concentrent géants et start-ups (jeunes firmes innovantes) d'internet et des nouvelles technologies. Lorsque nous avons appelé le fondateur, il était jeudi matin sur la côte ouest américaine et le groupe s'apprêtait à aller visiter les installations de Google. Lundi, ils s'étaient rendus chez l'autre mastodonte local, Facebook et son gigantesque campus, encore en voie d'agrandissement, où travaillent des milliers d'employés. Un grand nombre n'a qu'une vingtaine d'années et ceux qui sont plus âgés ont gardé une apparence très cool: "Même les quinquagénaire ont des t-shirts de super-héros. Les geeks ne vieillissent jamais, ils gardent toujours leur style, en t-shirts-baskets", remarque Ibrahim Ouassari, 39 ans, qui loue l'accueil qui leur a été offert. "Ils étaient vraiment tristes après avoir appris notre problème à la douane", dit-il. Dès lors, lundi après-midi, la délégation a été reçue de manière à définitivement faire oublier les désagréments qu'avait fait subir l'administration des douanes. "Ils ont mis le logo de Molengeek en grand dans leur cour", raconte son fondateur qui se rappelle en riant la première question posée par les jeunes à leur arrivée: "Il est où Mark?" Mais Mark Zuckerberg, 33 ans, le patron de Facebook, était auprès de son deuxième enfant, né récemment.


Sur un énorme écran, les connexions à Facebook dans le monde entier en temps réel

Deux milliards d'utilisateurs. Facebook est énorme. Un gigantisme qui se matérialise dans la salle de "reporting" où on surveille le monde entier. "On pouvait voir en temps réel combien de gens étaient connectés à Facebook. Ils étaient 5 millions au moment où on regardait", décrit Ibrahim Ouassari qui a pu constater à quel point l'Asie est devenue un marché essentiel. "On s'est rendu compte que c'est là-bas qu'il y a le plus de gens sur Facebook", dit-il.

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Un studio 30 m2 dans la Silicon Valley: 3000 dollars par mois

La Silicon Valley et ses histoires de succès phénoménal (Apple, Google, Facebook, Uber, etc.) attirent des milliers de jeunes audacieux qui veulent eux aussi connaître les joies et fiertés de la réussite en mode nouvelle technologie. "On peut sentir cette énergie entrepreunariale, il y a vraiment beaucoup d'investisseurs", observe Ibrahim Ouassari. Mais le fondateur de MolenGeek n'en est pas aveuglé pour autant. Des mauvais côtés, il en voit aussi, de ceux dont on ne parle jamais dans les médias et qu'il voulait que les jeunes découvrent d'eux-mêmes. S'installer dans la Silicon Valley n'est pas gratuit. "Un studio de 30 m2, c'est 3000 à 3500 dollars par mois. Un appartement de 2 ou 3 chambres, 9000 dollars", dit notre interlocuteur venu une première fois ici il y a 4 ans. Et puis, comme souvent dans le rêve américain, il y a l'envers du côté brillant: "Il y a énormément de SDF", signale le créateur de MolenGeek. Il embraye sur la mission première de son incubateur: Bruxelles. L'objectif du voyage n'est pas que plus tard les participants viennent s'installer ici. Le but est de "prendre le meilleur et y laisser le pire, ramener le positif pour essayer de changer les choses à Bruxelles."

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"Ils vont rentrer à Bruxelles et ils n'auront plus de limite dans leur vision entrepreneuriale"

Et pour Ibrahim Ouassari, le but est déjà atteint alors que le trip n'est pas encore achevé. La devise de la Silicon Valley pourrait être "The sky is the limit". Et c'est cela que les jeunes de MolenGeek ont intégré: "Ils sont capables de tout maintenant. Ils ont vu des choses, parler à des gens, entendus des histoires, ils vont rentrer à Bruxelles et ils n'auront plus de limite dans leur vision entrepreneuriale. Ils vont se donner un maximum pour faire en sorte que ça fonctionne. Ça ils l'ont retenu. Ils ont cette énergie positive en eux. Ils vont penser global, mondial", décrit-il. Et la barrière de la langue? "Certains parlent très bien l'anglais, d'autres... n'ont pas froid aux yeux, ce qui nous a procuré des fous-rires", se souvient Ibrahim.

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QuickLyric: 500.000 téléchargements en 4 mois

"Ce voyage était vraiment positif. Ils ont franchi des étapes dans leur conscientisation de ce qu'est l'entreprenariat", poursuit Ibrahim qui précise sa pensée: "Penser grand. Ne pas paniquer quand ça ne va pas, trouver des solutions." Des personnes à la telle attitude formait des rivières de foule qui s'écoulaient dans les travées du TechCrunch, l'un des salons hi-tech les plus importants au monde auquel MolenGeek a participé au sein du stand de la mission économique bruxelloise. À côté de MolenGeek, QuickLyric ou la concrétisation de cet esprit prôné par Ibrahim Ouassari. Cette jeune start-up a créé une application qui fait apparaître les paroles d'une chanson qu'on écoute. "Il y avait énormément de partenaires, d'investisseurs qui ont manifesté leur intérêt pour cette app. Il faudra faire maintenant tout le suivi de ça", annonce-t-il.


Donner une chance à des jeunes qui ne sont pas adaptés à l'enseignement classique

Avant de retourner au quotidien de son Molenbeek, MolenGeek passera par New York et les prestigieuses Nations-Unies en compagnie du ministre Alexander De Croo en charge de l'Agenda numérique. Les créateurs présenteront leur projet devant une centaine d'invités parmi lesquels des patrons d'entreprises et des responsables de gouvernement avec pour but "d'essayer de convaincre de répliquer cette initiative dans leurs pays respectif et donner une chance à des jeunes qui ne sont pas adaptés aux cursus scolaires classiques pour qu'ils puissent développer leur potentiel dans le domaine du hi-tech". Pour rappel, MolenGeek, en parallèle à son rôle d'assistance de jeunes entrepreneurs dans la mise au point d'un produit, prodigue à des jeunes des formations en codage informatique.

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"On mise sur des jeunes qui n'ont pas l'habitude qu'on mise sur eux"

Deux ans à peine se sont écoulés entre la naissance de MolenGeek dans une commune de Molenbeek en pleine tourmente des attentats et un passage à l'ONU de l'autre côté de l'Atlantique. Nous demandons à Ibrahim Ouassari son sentiment. "On est fiers, on a travaillé très dur. On a un projet qui a du sens, on mise sur des jeunes qui n'ont pas l'habitude qu'on mise sur eux, on fait en sorte d'en faire des plus-values pour la société belge. Il y a du sens, ce n'est pas juste une occupation, il y de réelles perspectives", dont les mots au téléphone ont ce souffle si positif, si énergisant et qui, on l'espère, viendra peu à peu contrecarrer le souffle, violent comme celui d'une bombe, que subit Molenbeek depuis de nombreuses années. "Il faut évoluer ensemble et ne pas laisser des jeunes derrière en chemin", conclut Ibrahim Ouassari avant de rejoindre le groupe de MolenGeek en route pour Google.


 

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