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Voici une belle illustration de l'utilité de la vigilance des citoyens conjuguée au travail des journalistes. Une dame s'est adressée à la rédaction de RTL INFO après avoir observé une grande quantité de bidons de Roundup, le fameux herbicide au glyphosate, vendus à moitié prix au Carrefour de Mouscron. Soumettant des photos en guise de preuve, elle s'interrogeait sur la légalité de cette vente du produit controversé de Monsanto (firme américaine rachetée par le géant allemand Bayer), car il lui semblait que celle-ci était désormais interdite.
Une personne a retrouvé un stock de produits Roundup et les a mis en vente
L'alerteuse ne se trompait pas. La vente d'une centaine d'herbicides, dont le glyphosate et donc le Roundup qui en contient, est proscrite depuis le début de l'année en Belgique, nous a confirmé le cabinet du ministre Denis Ducarme, tout en nous invitant à la prudence car un Roundup sans glyphosate est désormais commercialisé. La vente en grande quantité à prix bradé (-50%) pouvait laisser penser qu'il ne s'agissait pas de ce nouveau produit dans ce cas-ci.
Contacté par nos soins, le groupe Carrefour a rapidement réagi et a confirmé les soupçons après une rapide enquête en interne. "Il s'agit d'une erreur humaine, une personne a retrouvé un stock de produits Roundup et les a mis en vente. Dès que l'erreur a été repérée, tous les produits ont été retirés des rayons. Cela ne concerne que le magasin dans lequel l’erreur a été commise. Aucun autre commerce n’est concerné", a expliqué le porte-parole de l'enseigne, ajoutant que Carrefour suivait "de façon très stricte l'interdiction de vendre des produits qui contiennent du glyphosate".
"Il n'a pas encore été possible d'effectuer un décompte du nombre d'échantillons vendus suite à cette maladresse, mais la quantité du stock écoulée est très faible", a rassuré le groupe Carrefour.
Suspectée d'être cancérigène, la molécule glyphosate, au pouvoir herbicide total, a été retirée de la vente aux particuliers en Belgique et dans d'autres pays comme nos voisins français. Il pourrait être interdit aussi dans l'agriculture à l'échelle européenne d'ici quelques années.
Récemment, un Américain a gagné son procès contre Monsanto. Le jury a estimé que le Roundup avait effectivement contribué au cancer de ce septuagénaire.
L'amende et les peines prévues sont dissuasives
Cette erreur aurait cependant pu coûter cher à l'enseigne. Un arrêté du gouvernement wallon interdit en effet la vente libre de produits contenant du glyphosate depuis 2017. "En cas d'infraction, les contrevenants s'exposent à une peine d'emprisonnement de huit jours à trois ans et à une amende comprise entre 100 et un million d'euros si un agent constate l'infraction sur place", explique Nicolas Yernaux, porte-parole du SPW. Toutefois, si le produit n'est plus en rayon au moment du contrôle, "nous ne pouvons émettre qu'un procès-verbal d'information, qui n'a pas de force probante", poursuit M. Yernaux.
Le parquet mène alors son enquête et décide de se saisir ou non du dossier. S'il ne l'a pas fait au bout de 60 jours, le magasin encourt une amende administrative plafonnée à 100.000 euros. Le Service public de Wallonie (SPW) conseille dès lors aux personnes qui constateraient une infraction de ce genre de prendre directement contact avec ses services via le numéro 1718, afin qu'un constat soit dressé.