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Si le coronavirus rend beaucoup de gens malades, sature les services hospitaliers et perturbe notre vie sociale, il a également un impact très lourd sur le portefeuille de nombreux Belges.
Les activités les touchées, et c'est logique, sont celles dont le business est de rassembler (beaucoup) de personnes, qui plus est si c'est pour faire la fête tard dans la nuit. On pense donc aux gérants de discothèque ou de bars festifs, dont l'activité est soit interdite, soit tellement restreinte qu'impossible à gérer.
Olivier a contacté la rédaction de RTL info car sa discothèque à Ciney, le Trébuchet, est un des dommages collatéraux de l'épidémie de coronavirus. "Nous sommes fermés depuis 7 mois, la situation est vraiment difficile", nous a-t-il expliqué en contactant la rédaction de RTL info via le bouton orange Alertez-nous. Comme si sa situation financière compromise ne suffisait pas, notre témoin a eu une très désagréable surprise dernièrement: le refus de la commune de lui octroyer une aide financière, acceptée dans un premier temps.
En 21 ans, "on n'avait jamais dû fermer"
Olivier et sa femme Angélique gèrent le Trébuchet depuis 21 ans. C'est une discothèque installée dans une belle bâtisse le long de la Nationale 4, entre Ciney et Marche-en-Famenne. L'épidémie de coronavirus, au mois mars, a provoqué la fermeture de cet établissement "pour la première fois".
Et ça dure depuis 7 mois. "Au début c’était un peu des vacances, mais ça commence à devenir de longues vacances", nous confie-t-il. Le Trébuchet a pu rouvrir les week-end des 2 et 3 octobre et le 8 exceptionnellement avant l’arrivée des nouvelles mesures qui limitent les tables à 4 personnes. "On avait fait des transformations pour accueillir le public en mode 'bar': banquette, tabourets, tables hautes et espaces séparés jusqu'à 10 personnes", mais ça ne suffit plus. "D'autant plus que la fermeture à 23h, c'est beaucoup trop tôt pour nous", le Trébuchet ouvrant traditionnellement ses portes… à 22h30.
Ajoutez à cela la surveillance des comportements (restez assis à table, ne pas aller au bar), et vous comprenez la grande difficulté de maintenir l'établissement, qui accueillait avant jusqu'à 400 personnes, ouvert et rentable. "S'il faut faire la police tout le temps, les gens risquent de passer une mauvaise soirée, et ce n'est clairement pas notre but".
Le personnel reste donc en chômage temporaire. "Actuellement, on est tous les deux à la maison, on fait des travaux et on vient aussi à la discothèque pour gérer ce qui doit être géré".
La commune dit oui, puis non
Mais si Olivier se plaint, c'est surtout parce que la commune avait accepté son dossier, avant de le refuser. "C'est une prime de 1.500 euros pour les commerçants". Dans un premier temps, "au mois d'août", Olivier avait reçu une réponse favorable de la Ville de Ciney, précisant tout de même qu'il y avait "un temps de recours pour toute décision administrative" :
"Malheureusement, je viens de recevoir un courrier m'informant que mon aide est finalement refusée. C'est vraiment difficile à comprendre alors qu'on est quasiment les plus impactés. C'est frustrant", conclut-il :
La Ville de Ciney a multiplié les initiatives
Depuis le début de l'épidémie, afin d'éviter les faillites et la précarité de millions de Belges, les autorités politiques ont multiplié les aides financières. Celles-ci sont innombrables, à des échelons nationaux ou régionaux (primes directes ou sous conditions, report des cotisations, etc) ; et même au niveau des banques, qui ont octroyé une pause dans les remboursements des crédits hypothécaires.
Au niveau des communes, il n'y aucune règle, il n'y a que d'initiatives locales. "A Ciney, assez rapidement pendant le confinement, on a travaillé sur plusieurs mesures pour aider les commerçants qui se trouvaient dans des situations catastrophiques. On a voté un règlement qui est passé le 22 juin", nous a expliqué Anne Pirson, échevine du commerce.
Parmi les nombreuses mesures, il y a une "carte digitale chargée de 30 euros pour tous les chefs de ménage (5.700 chefs de ménage sont venus la chercher), à dépenser dans les commerces du centre-ville". Et surtout, "un budget de 200.000 euros a été débloqué, sur fonds propres, pour donner une aide financière directe aux commerçants".
Un travail inédit et conséquent pour la commune. Tous les commerçants ont été contactés, mais il a fallu improviser des catégories. "On a exclu le secteur des banques et institutions financières, l'immobilier, les pharmacies, les supermarchés et les commerces qui exercent exclusivement de la vente en ligne".
Malgré cela, il a fallu ajouter des critères pour affiner ces aides et les destiner aux bonnes personnes. "Ce n'était vraiment pas facile de faire la distinction, ou de demander les extraits de rôle pour voir s'il s'agissait d'une activité principale ou accessoire, donc on a ajouté une condition: avoir pu bénéficier d'une des indemnités de la Région wallonne", qui elles se basaient sur l'impact financier réel de la crise.
Une ultime condition qui ne convient pas au Trébuchet
Mais ce n'est pas tout, d'autres conditions ont été ajoutée: "Les commerces devaient aussi avoir d'office une vitrine ou un comptoir physique, et être ouvert au minimum 4 jours par semaine. On visait vraiment les commerçants et pas les indépendants comme par exemple un électricien ou un chauffagiste. On s'est vraiment concentré sur le commerce comme activité principale".
C'est à ce niveau-là que Le Trébuchet d'Olivier a fini par être recalé, car il n'est ouvert que le week-end, soit 2 jours par semaine. "Malheureusement, on n'avait pas nécessairement pensé à la seule discothèque qu'on a sur la commune de Ciney, qui se trouve, c'est vrai, dans une situation très compliquée. Mais notre service financier est intransigeant sur le règlement qui a été décidé, et il n'est pas question d'être un peu plus souple, malgré les circonstances".