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Une école maternelle et primaire fréquentée par 385 élèves. Des conducteurs imprudents voire dangereux. Un passage piéton… mais pas de gardien de la paix pour faire traverser les enfants. Pour Angélique et d'autres parents, les élèves de l'école Saint-Ghislain et Sainte-Barbe d'Haine-Saint-Paul risquent chaque jour de se faire percuter par une voiture. Elle n'en revient pas qu'aucun surveillant ne soit envoyé pour sécuriser les lieux.
Angélique est une maman très inquiète. Sa fille de huit ans fréquente l'école catholique Saint-Ghislain et Sainte-Barbe située à Haine-Saint-Paul (La Louvière). C'est aux heures d'entrée et de sortie de l'établissement que le danger guette. "Depuis le 15 juin, il n'y a plus de surveillant pour faire traverser les enfants sur le passage piéton situé devant l'école. On court à la catastrophe, si on ne fait rien, un enfant sera écrasé", prévient notre témoin. Elle-même a bien failli se faire renverser il y a quelques jours. "Si je n'avais pas fait un pas en arrière, on m'aurait roulé dessus", confie Angélique. En colère, elle nous a contactés
Les parents craignent le pire
Tous les jours, et depuis qu'elle est en maternelle, la fille de huit ans d'Angélique se rend à l'école Saint-Ghislain. Pour atteindre l'établissement, ses parents doivent emprunter le passage piéton situé face à l'école. La rue n'est pas un axe majeur, mais un important carrefour se trouve à cinquante mètres. "Il y a beaucoup d'élèves, aux heures de pointe les voitures se garent sur le bord de la route, certains conducteurs roulent très vite...", décrit la maman. Pour ne rien arranger, Angélique juge la signalisation peu efficace. "Il y a deux panneaux mais ils ne sont pas très visibles", explique-t-elle.
"Jusqu'au 15 juin de l'année scolaire passée, il y avait un surveillant, qui travaillait très bien d'ailleurs. Mais il a dû quitter son poste et personne ne l'a remplacé", déplore Angélique. Elle prend alors contact avec les personnes responsables et attend avec impatience l'arrivée d'un nouveau gardien de la paix. Mais le 17 septembre, un incident rend les craintes d'Angélique beaucoup plus tangibles. "Un taxi a failli me renverser. On avait déposé ma fille, j'avais déjà un pied sur le passage piéton et la voiture est arrivée à toute allure. Si je n'avais pas fait un pas en arrière, on m'aurait roulé dessus!". Sous le choc, Angélique appelle la police pour signaler cette situation dangereuse, mais elle est redirigée vers le pouvoir organisateur de l'école et le service Action Prévention Citoyenneté (APC) de la Ville.
Angélique n'est pas la seule à craindre le pire. "On court à la catastrophe. Si on ne fait rien, un enfant sera écrasé, et là on fera, mais pour cet enfant il sera trop tard", prévient-elle. "J'ai l'impression que les choses traînent du côté de la Ville. Il faut autant de temps pour recruter des gardiens?", s'interroge-t-elle.
Manque de gardiens de la paix
Face au problème, les parents se sont naturellement tournés vers la direction de l'école. "Ils viennent tous vers moi en me disant qu'ils ne sont pas contents, mais je suis bloquée, c'est la Ville qui gère et qui engage", confie Myriam Pietquin, la directrice. "Avec l'ancien gardien de la paix, qui était toujours à l'heure et qui était très bien, je n'avais jamais dû m'occuper de rien. Mais là vu que son remplacement prend beaucoup de temps, j'ai pris contact avec la Ville et j'attends qu'un nouveau gardien soit envoyé", ajoute-t-elle.
La directrice nous explique avoir pris contact avec le service Action Prévention Citoyenneté (APC) de La Louvière. C'est ce service qui est responsable des gardiens de la paix. Cependant, ils font appel à l'agence locale pour l'emploi (ALE), pour former les gardiens. "Une fois qu'ils respectent les conditions de l'ALE, ils ont un contrat avec le service Action Prévention Citoyenneté lorsque nous avons besoin d'eux", explique Sivamba Gangadoo, secrétaire de la cellule Action Prévention Citoyenneté.
Pour le service APC, c'est un contexte plus compliqué que prévu qui est à l'origine du manque de personnel. "Il y a eu beaucoup de départs de gardiens de la paix. Soit ils ont trouvé un travail, soit ils sont partis à la retraite, d'autres encore ont dû arrêter pour raison médicale", confie Sivamba Gangadoo. "L'école catholique d'Haine-Saint-Paul n'est malheureusement pas la seule touchée", précise-t-elle.
Des gardiens de la paix sont en formation: un surveillant devrait bientôt faire son retour
Un recrutement a été lancé il y a environ trois mois. La procédure devrait se terminer dans les jours qui viennent. "On pense pouvoir régulariser la situation à la fin de ce mois de septembre", explique la secrétaire du service Action Prévention Citoyenneté. "Mais le processus est long, on ne peut pas mettre comme ça des gardiens dans les rues. Les candidats sont sélectionnés au cours d'un entretien individuel, ensuite il y a un examen oral et écrit. Ils passent un examen médical. Ils doivent bien connaître le code de la route. Ils sont formés puis accompagnés sur le terrain par la police. En plus nous manquons d'uniformes et nous devons attendre de les recevoir", explique Sivamba Gangadoo. D'après elle, les vacances auraient également ralenti la procédure de recrutement.
Même si cela aura pris beaucoup de temps, une solution semble être proche. Une nouvelle qui ne réjouit Angélique qu'à moitié. Notre témoin aurait préféré qu'une solution temporaire soit trouvée, "comme envoyer des policiers pour sécuriser la zone par exemple", explique-t-elle. D'ici l'arrivée du nouveau gardien de la paix, les parents devront rester vigilants... en espérant qu'aucune catastrophe ne se produise d'ici là.
La directrice déposera une demande pour une meilleure signalisation
Outre l'absence de gardien de la paix, les parents d'élèves ont soulevé le problème de la signalisation, peu visible et inefficace selon eux. La directrice est du même avis. À la fin de notre interview, elle annonce qu'elle compte bien faire le nécessaire pour obtenir un meilleur dispositif de sécurité. "Je vais prendre contact avec la Ville et introduire une demande", décide Myriam Pietquin.
De son côté, l'administration communale se veut réceptive. "Si aucune demande n'est déposée, on peut difficilement être au courant des problèmes. Mais si une école sollicite la Ville, la demande sera étudiée, débattue, et sera budgétée si elle est jugée utile", explique la porte-parole de la Ville de La Louvière. "Et lorsque la sécurité d'enfants est en jeu, nous sommes à l'écoute", ajoute Gael Lecomte.