Partager:
Des incidents ont éclaté dans le quartier bruxellois de Matonge, dimanche en fin d'après-midi, au terme de la manifestation qui a réuni pacifiquement quelque 10.000 personnes sur la Place Poelaert, contre les violences policières envers les personnes de couleur et le racisme en général.
Des voitures de police ont notamment été prises à partie par des individus armés de bouteilles et de pavés. Sur le passage de la centaine de casseurs impliqués, des poubelles ont été incendiées, des barricades dressées et des magasins pillés, notamment dans la Chaussée d'Ixelles et le long du boulevard de Waterloo.
"Après le rassemblement, des fauteurs de troubles et des délinquants ont délibérément provoqué les forces de l'ordre et dégradé le mobilier urbain. Ils s'en sont ensuite pris à des magasins pour les dévaliser comme de vulgaires voleurs. J'ai immédiatement demandé aux forces de l'ordre de disperser les fauteurs de trouble et de procéder à leur arrestation", a expliqué le bourgmestre.
Nous ne tolérons et ne tolérerons jamais l'impunité dans notre capitale
Il y a eu 239 arrestations, la majorité administratives, des personnes arrêtées hier soir mais déjà relâchées et une seule arrestation judiciaire.
"C’est un homme né en 1996 qui en l’occurrence ici est en aveux d’avoir pénétré dans un magasin pour dérober toute une série de vêtements et qui n’a pas d’antécédents judiciaires. C’est aussi interpellant de se dire qu’il y a des personnes qui à priori étaient sans histoire mais qui finalement mêlées à cette foule et à ces personnes qui commettent des infractions finissent pas profiter de l’occasion pour également commettre des vols, etc...", explique Denis Goeman, le substitut du procureur du roi de Bruxelles.
Le jeune sera entendu aujourd’hui et fera l’objet d’une procédure accéléree. Pour les autres, les images seront analysées par des experts mais identifier les auteurs ne sera pas simple. "Il faut pouvoir prouver une infraction dans le chef d’une personne et il faut être très précis parce qu’on a la charge de la preuve au niveau du ministère public, donc il faut bien pouvoir déterminer qui a commis l’infraction et pas dire tout le monde est dans le même sac, ils étaient tous là plus ou moins au même moment", précise encore Denis Goeman. Une difficulté supplémentaire tient au fait que la plupart des émeutiers étaient masqués.
"J'espère que les images caméras nous permettront encore d'en arrêter d'autres. Je souhaite aussi que la justice puisse les condamner sévèrement", a déclaré Philippe Close. Selon ce dernier, la Ville se portera partie civile et poursuivra via le mécanisme des sanctions administratives. "Je recevrai également dès ce lundi les commerçants qui ont subi des dégâts pour les indemniser au plus vite. Nous ne tolérons et ne tolérerons jamais l'impunité dans notre capitale", a-t-il ajouté.
La Chaussée d'Ixelles a été entièrement bouclée hier à hauteur de la Porte de Namur, la police repoussant les fauteurs de trouble plus loin dans le quartier à l'aide de canons à eau. Le bourgmestre d'Ixelles Christos Doukeridis était sur les lieux et a tenté de calmer les esprits, selon notre journaliste sur place.
Il s'agit de quelques groupes anarchistes qui ont mené des actions de vandalisme pour casser
Les organisateurs de la mobilisation place Poelaert se "distancient" de ces faits, comme l'a expliqué l'un d'eux, Tayino Cherubin, au micro de Corentin Simon en direct dans le RTLINFO 19H. "Nous sommes tristes et désolés. Ca n'a rien avoir avec l'évènement que nous avons organisé. Là on est presque 3 heures après l'évènement donc il s'agit de quelques groupes anarchistes qui ont mené des actions de vandalisme pour casser." Une interview à retrouver dans la vidéo ci-dessous.
Peu après 20h00, le jeu du chat et de la souris se poursuivait entre les casseurs et la police dans le quartier et dans les rues avoisinantes. Un petit groupe de casseurs se trouvait encore à hauteur de l'Hôtel des Monnaies, où ils sont repoussés vers la gare du Midi.
Fallait-il accepter cette manifestation ?
Par ailleurs mis en cause, notamment par le président du MR, pour l'affluence à la manifestation de l'après-midi alors que les autorités continuent à prôner la distanciation physique pour lutter contre le coronavirus, Philippe Close a souligné "l'équilibre extrêmement délicat entre l'ordre public, la liberté d'expression et la problématique de la santé publique". "A l'instar des plus grandes capitales européennes comme Paris, Londres, Madrid, Rome, ... Bruxelles, capitale de 400 millions d'Européens, ne pouvait rester sourde à l'émotion mondiale suscitée par la mort de George Floyd. Les 10.000 personnes présentes, qui pour la quasi totalité portaient un masque, ont démontré qu'elles pouvaient s'exprimer dans le calme et en respectant autant que possible les règles sanitaires", s'est-il défendu.