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Une centaine d'agriculteurs wallons et flamands ont manifesté ce mercredi matin devant le cabinet du ministre wallon de l'agriculture. Ils ont été rejoints par les exploitants forestiers, et l'association Inter-environnement.
Tout ce petit monde réclame une réduction drastique de la population de sangliers, des animaux porteurs pour certains de la peste porcine, mais surtout qui détruisent les cultures. En 20 ans, la population de sangliers a en effet quadruplé. Une situation intenable pour les agriculteurs wallons confrontés à d’importants dégâts.
"C’est une perte très importante"
Jérôme Feller est agriculteur à Arlon, en province de Luxembourg. Il voit régulièrement 30 à 50% de ses parcelles détruites. "Les sangliers viennent chercher les vers de terre pour pouvoir digérer les glands qu’ils mangent en forêt. Du coup, ils retournent la terre et il faudra semer à nouveau au printemps. C’est une perte très importante. Pour une ferme comme la mienne, c’est au moins 10.000 euros de dégâts cette année", déplore l'agriculteur.
L'aide de l'armée ?
Concrètement, les agriculteurs réclament l’éradication de l’espèce au nord du sillon Sambre-et-Meuse et la destruction de 80% des sangliers au sud. "Il faut les moyens c’est sûr. Et si les chasseurs se trouvent un peu dépourvus de moyens, il y a d’autres possibilités, comme l’armée", souligne Jospeh Ponthier, vice-président de la fédération wallonne de l’agriculture.
Pour la première fois, les défenseurs de l’environnement se joignent aux revendications du monde agricole. Selon eux, les sangliers nuisent à la biodiversité. "Par exemple, assez régulièrement des réserves naturelles qui sont gérées par les agriculteurs sont complètement ravagées par les sangleirs parce qu’ils apprécient les bulbes d’orchidées ou d’autres plantes que l’on retrouve dans ces prairies-là", indique Lionel Delvaux, chargé de mission biodiversité inter-environnement Wallonie.
La proposition du ministre insuffisante ?
Le ministre René Collin semble avoir entendu les agriculteurs avant même qu'ils ne viennent protester. Ils proposent une diminution de moitié de la population de sangliers en Wallonie d'ici deux ans. René Collin souhaite prendre toutes les dispositions afin "qu'il n'y ait plus de sanglier au nord du sillon Sambre-et-Meuse". Il souhaite aussi permettre le tir de nuit en plaine "afin que les chasseurs atteignent leur quota", écrit l'Avenir.
Mais est-ce suffisant? "Non, on demandait 80%. Mais c'est toujours la même chose depuis que cette problématique existe, depuis 15 ans. Il faut voir les moyens qui seront mis en place pour obtenir ces résultats. Car bien souvent les mesures proposées ne sont pas contraignantes, ou pas appliquées. Donc ce n'est pas assez", selon Yvan Hayez, président de la fédération wallonne de l'agriculture.